L’IREF avait déjà fait paraître une « pendule à l’heure » sur l’ascension politique d’un outsider « anarcho-capitaliste » (c’est ainsi qu’il se définit lui-même) en Argentine, l’économiste Javier Milei. Son parti, Libertad Avanza (« En avant, la liberté »), avait enregistré un score de près de 13% au cours des élections primaires de septembre 2021. Selon un article paru dans El PaÃs América (repris dans le dernier numéro de Courrier international), les sondages le créditent aujourd’hui de 17 % des intentions de vote à la présidentielle d’octobre 2023 (la coalition présidentielle de Cristina Kirchner, actuelle vice-présidente de l’Argentine, étant elle créditée de 25 % des intentions de vote.) Son parti, nous apprend encore l’article, pourrait bien ainsi devenir la troisième formation politique au Parlement, derrière les coalitions kirchnérienne et celle de l’ancien président Mauricio Macri.
À l’instar de Trump (mais dans une veine plus libertarienne), son programme consiste en un mélange de libéralisme et de « populisme » anti-élites et anti-politiciens. Il prône ainsi la baisse de la pression fiscale et la limitation au strict minimum de l’intervention étatique. « Je suis partisan du moins d’État, a-t-il déclaré dans une récente interview : je considère que les pouvoirs publics ne doivent intervenir que dans la sécurité et la justice ». Il s’en prend par ailleurs aux politiques, les qualifiant de « parasites qui forment une caste ». Il critique en outre, le keynésianisme, de même qu’il réhabilite l’Argentine des années 1990. Le président Menem avait en effet réussi à mettre fin à l’inflation en appliquant un programme libéral : celle-ci passa en de 5 000 % par an en 1989 à 2 % en 1999 – période au cours de laquelle le PIB progressa de 40 %.
Selon Heritage Foundation, l’Argentine est en 2023 seulement à la 144e des économies libres dans le monde. Le think tank américain déplore notamment « la corruption », « l’ingérence politique » et « le manque d’indépendance judiciaire » du pays. Une situation résultant largement de politiques interventionnistes de gauche : hausse des dépenses publiques, contrôle des prix, dissuasion de l’initiative privée, etc. Par sa mauvaise gestion de l’économie, l’Argentine a même dû faire face à un défaut de paiement en 2020, et se trouve aujourd’hui sous perfusion du FMI. La montée de Javier Milei semble ainsi largement s’expliquer par les excès persistants d’étatisme, l’insuffisance de liberté économique et les carences de l’État de droit en Argentine, autant que par le rejet en bloc d’une classe politique dont les intérêts sont jugés contraires à ceux des individus.