Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » A part David Lisnard, la droite française ne recommande guère les auteurs libéraux

A part David Lisnard, la droite française ne recommande guère les auteurs libéraux

par
846 vues

Alors que se tenait la seconde session de l’académie Georges Mandel, l’école de formation des Républicains (LR), le média numérique de ces derniers, « Une Certaine Idée », a demandé à des élus du même parti quels sont les livres dont ils recommanderaient la lecture. On soulignera tout d’abord l’intérêt de cette question : ce sont en effet les idées (vraies ou fausses) qui tendent à façonner les représentations des politiques, d’où découlent les décisions qu’ils prennent et les actions qu’ils engagent lorsqu’ils sont au pouvoir. La découverte des écrits de Frédéric Bastiat par Ronald Reagan ne devait-elle pas se révéler capitale dans la maturation des idées politiques et économiques du futur président des États-Unis, ouvrant ainsi la voie à la libéralisation et la déréglementation que ce pays devait connaître au cours de la décennie 1980-1990, voire au-delà ? Et nombre d’élus républicains proches de la mouvance du Tea Party, entre 2008 et 2010 environ, ne déclaraient-ils pas volontiers que La Grève d’Ayn Rand (l’un des penseurs libéraux ayant défendu le plus vigoureusement le capitalisme de laissez-faire au XXe siècle) était leur livre de chevet ?

Quant aux élus de droite en France, quels livres plébiscitent-ils aujourd’hui ? Il faut bien reconnaître que les références véritablement libérales mentionnées par eux sont assez peu nombreuses, exceptions faites de la députée des Alpes-Maritimes et vice-présidente du groupe LR à l’Assemblée Michèle Tabarot (L’Opium des intellectuels de Raymond Aron, De l’esprit des lois de Montesquieu) et du maire de Cannes et président de l’association des maires de France David Lisnard (outre l’ouvrage précité d’Ayn Rand, La Ferme des animaux d’Orwell, De la démocratie en Amérique de Tocqueville et Big Mother de Michel Schneider – les libéraux conséquents et dignes de ce nom ne peuvent en effet qu’être hostiles au maternage étatique déresponsabilisant qui prévaut désormais dans nos démocraties). Si quelqu’un comme David Lisnard nous redonne l’espoir de voir arriver un jour un authentique libéral à la tête de notre pays, d’autres élus LR nous confirment, par les lectures qu’ils conseillent, que la droite française est encore largement gaulliste et étatiste : ainsi Rachida Dati recommande-t-elle Éloge des frontières… un livre signé Régis Debray (lequel, rappelons-le, a pu se décrire comme un « gaulliste d’extrême gauche »). Quant à Éric Ciotti, ce ne sont pas les Souvenirs de Tocqueville ni les Mémoires de François Guizot qu’il cite, mais les Mémoires d’espoir de de Gaulle. Où sont les références à Turgot, à Jean-Baptiste Say, à Bastiat, à Jacques Rueff, à Jean-François Revel ? Nulle part hélas d’après ce sondage. Il serait grand temps pour la droite française de (re)découvrir notre riche héritage libéral, ce qui lui inspirerait peut-être d’autres idées que celles de l’étatisme gaullien, système aussi suranné qu’inefficace.

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire