Comme celui de Che Guevara, entre autres figures de l’idéologie marxiste et communiste, le mythe de Salvador Allende semble éternel. La gauche – et pas seulement – a fait de ce politique chilien une idole, le symbole de la lutte contre la dictature de Pinochet. Sauf que les réalités sont un peu différentes. Salvador Allende a été élu – de justesse, avec moins de 37 % des voix – à la présidence du Chili en 1970, sur un programme social-démocrate. On sait néanmoins aujourd’hui, grâce aux archives soviétiques (en particulier les archives Mitrokhine) qu’il avait attiré l’attention de Moscou dès les années 1950 lorsqu’il était chef du Parti socialiste chilien. La perspective d’une collaboration avec les leaders du Kremlin l’avait alors séduit, et en effet ils lui ont accordé une aide substantielle pour gagner l’élection de 1970. Ensuite, les « conseillers » de l’URSS, ainsi que ceux de Cuba dirigé par le dictateur Castro, se sont faits de plus en plus présents et insistants dans son entourage jusqu’à lui faire prendre, très tôt, un virage socialiste plutôt radical. Ce n’était pas dans son programme au départ : avec sa coalition, l’Unité populaire, qui rassemblait le Parti communiste et son propre Parti socialiste, il s’était engagé lors de son investiture auprès du Congrès à respecter la Constitution et la séparation des pouvoirs.
On peut dire que ce qu’il a voulu lancer à partir de ce moment, c’est une vraie révolution bolchévique. Il multiplie les nationalisations et les expropriations, ce qui fait fuir les investisseurs nationaux et étrangers. L’inflation dépasse rapidement 200 %, le déficit atteint 14 % du PIB, le revenu moyen chute de 25 % en seulement quelques mois. De graves pénuries s’ensuivent, de nombreux produits alimentaires sont rationnés. La population proteste, organise manifestations sur manifestations : le premier concert de casseroles de femmes de milieux plutôt aisés, en 1971, est resté dans toutes les mémoires. Il y en eut d’autres. Allende s’en prend aussi à la presse libre et aux journaux qui osent le critiquer. Il veut transformer les écoles en centre d’endoctrinement marxiste des élèves. En mai 1973, la Cour suprême accuse le gouvernement de bafouer la justice et de ne pas respecter les lois votées. Le 22 août, la chambre basse du Congrès chilien adopte une résolution qui dénonce les abus de pouvoir du président Allende et appelle l’armée à respecter la Constitution. Finalement, le 11 septembre 1973, en plein chaos économique et durant une crise politique pratiquement sans précédent, Allende est renversé par l’armée. Ce coup d’Etat a engendré, lui aussi, un mythe : celui du rôle joué par les Etats-Unis et la CIA. Or, les faits sont là : les messages de la CIA destinés au président Richard Nixon, déclassifiés récemment, prouvent que l’agence ne savait pas que l’armée allait agir contre Allende. « Même si les officiers militaires sont de plus en plus déterminés à rétablir l’ordre politique et économique, il leur manque encore un plan efficacement coordonné qui capitaliserait sur l’opposition civile généralisée », peut-on lire dans la note adressée à Nixon dans la matinée du 11 septembre. Ensuite, jusqu’en 1990, ce fut la dictature militaire de Pinochet, qui a dû se retirer deux ans après avoir perdu le referendum, puis les élections, qui devaient conforter sa présidence. Depuis, le Chili est un Etat de droit fonctionnant en économie de marché.
5 commentaires
Ceci est votre interprétation. Mais que vous le vouliez ou non, Allende a été élu démocratiquement, et c’est Pinochet qui a fait un coup d’Etat, puis une répression du type fasciste et a instauré une régulation économique dictée par les chicago boys qui a été terrible pour le peuple (même si, à la longue, çà a porté quelques fuits). Et il y a aussi des erreurs factuelles, comme à propos de la CIA. On a vu récemment sur les médias un enregistrement de Kissinger qui dit explicitement qu’il faut renverser Allende, par ce qu’il a été élu avec 37% de voix, et parce que ce sont les intérêts américains. Cher monsieur, un authentique libéral ne peut être pour une dictature et l’argument du 37% de voix est pitoyable. Il y a, malheureusement, un libéalisme qui s’acomode très bien des dictateurs – et même les préfères à la démocratie; c ‘est lui qui suscite les luttes de classe et les révolutions. Je n’en suis pas.
Ce sont des faits, pas mon interprétation ! Et j’ai bien écrit qu’il a été élu démocratiquement mais d ejustesse et avec un programme social-démocrate pas marxiste ! Allende a terrassé son pays en quelques mois avec m’aides Soviétiques et des Cubains..Ce sont des faits historiques largement confirmés par les historiens et les archives
Vous ne me répondez pas. Défendez-vous un libéralisme économique qui viole le libéralisme politique ? Un libéralisme qui soutient, voire, met en place, des dictatures ?
le libéralisme n’a jamais mis en place des dictatures car c’est complètement incompatible avec une dictature ! Si Pinochet a fait qqs réformes économiques intéressantes cela ne veut pas dire qu’il était libéral ! Aucun libéral n’a dit cela. Par ailleurs, il est à noter qu’il a quitté le pouvoir démocratiquement, après avoir perdu un référendum…Ce qui n’est pas vraiment le cas d’autres dictateurs…
Le mythe d’Allendé perdure chez les gauchos de France mais pas au Chili .Qu’on se pose la question ?
J’ai visité le cimetière de Santiago en2012 .