Donald Trump s’est lancé mardi soir dans une diatribe à l’encontre de Kiev truffée d’éléments de langage du Kremlin et de « fake news », ce qui interroge sur les informations atterrissant sur le bureau ovale et le contact avec la réalité du nouveau président américain. Il a ainsi affirmé que Kiev « n’aurait jamais dû démarrer cette guerre », oublieux visiblement du fait que c’est la Russie qui a envahi le pays ; que l’Ukraine était responsable du conflit par sa candidature à l’OTAN, alors qu’elle était encalminée depuis 2008 (opposition de Merkel et de Sarkozy lors du Sommet de Bucarest, alors que les Etats-Unis étaient pour…) et que Vladimir Poutine avait officiellement déclaré en 2003 que cette candidature ne le gênait pas particulièrement ; que la moitié de l’aide militaire américaine avait été détournée, alors que des enquêtes indépendantes chiffrent le détournement à moins de 10 M$ en raison de la surveillance attentive d’employés du Pentagone sur l’utilisation des fonds.
Donald Trump a aussi mis en doute la légitimité du président Volodymyr Zélenski, du fait que son mandat avait expiré en mai dernier, l’organisation d’un scrutin s’avérant en effet impossible dans un pays sous loi martiale, comme c’est constaté classiquement dans la plupart des pays en guerre (Londres n’avait pas organisé d’élections entre 1937 et 1946). Une accusation que ne manquerait pas d’utiliser le Kremlin pour se dédire de tout accord de cessez-le-feu ultérieurement. Le président ukrainien a accusé son homologue américain de vivre dans « un monde de désinformation russe ».
Plus grave, Donald Trump semble, en multipliant ainsi les cadeaux au Kremlin, espérer détacher Moscou de Pékin, avec une chance de succès à peu près nulle pour quiconque connaît un peu la Russie et la Chine, deux pays aux régimes politiques siamois et très complémentaires sur le plan économique. La Russie n’a, en revanche, pas grand-chose à offrir sur le plan économique aux Etats-Unis, puisque ces derniers sont exportateurs nets d’hydrocarbures. Donald Trump semble aussi prêt à lever les sanctions envers la Russie, ce qui permettrait notamment de débloquer des fonds de la banque centrale gelés aux Etats-Unis depuis le début de la guerre. Le président américain caresse aussi le projet de réintégrer la Russie au sein du G7, ce qui requiert toutefois un consensus des autres membres, Londres, Berlin, Tokyo, Montréal, Rome, fort improbable. Enfin, Donald Trump lorgne sur les gisements de métaux ukrainiens, d’une valeur évaluée à 500 milliards, cruciaux pour les industries électroniques, mais uniquement pour rembourser l’aide militaire, d’environ 64 milliards de dollars, déjà fournie par Washington. Kiev a opposé une fin de non-recevoir.
Les pays occidentaux ont mis quarante ans pour gagner la guerre froide en 1989 avec notamment pour leader Ronald Reagan, président républicain remarquable. Et Donald Trump, autre président républicain, semble bien parti pour offrir au Kremlin la victoire dans guerre froide 2.0 en moins d’un mois. Et tout ça en échange de… rien. Strictement rien, hormis une perspective totalement illusoire de détacher Moscou de Pékin et des plans sur la comète d’exploration pétrolière en Arctique.
5 commentaires
Excellent article.
Trump est un clown incompétent, qui ne saurait pas trouver l’Ukraine sur une carte du monde.
Il ne fera pas une grande Amérique, mais une Amérique seule, et affaiblie.
Il a même réussi à rendre furieux les canadiens, pour une absurdité.
Son projet grotesque pour la bande de Gaza révulse tous les pays arabes, même modérés.
Et il croit amadouer Poutine, qui en profite pour exiger que neuf pays de l’est européens sortent de l’OTAN !
Mais la capitale du Canada, c’est Ottawa, pas Montréal.
Je suis sans voix. J’en conclus qu’il lâche totalement l’Ukraine. Si les Européens veulent s’en mêler, c’est leur problème.
En résumé, Trump lâche l’Ukraine aussi lâchement que Biden a lâché l’Afghanistan.
Oui, Biden a lâché l’Afghanistan de façon déplorable en faisant semblant de croire que les Talibans s’étaient un peu humanisés. Cela dit, c’était déjà l’intention de Trump avant Biden et, par ailleurs, cela faisait plus de 20 ans que les tribus afghanes se chamaillaient sans vraiment vouloir nommer un président et mettre sur pied un gouvernement digne de ce nom et qui aurait pu faire évoluer le pays vers la modernité. Alors, que devaient faire les Américains ? Jouer les éternels milices de maintien de l’ordre pendant que les Afghans continuaient de jouer aux cons? Mais, effectivement, le résultat pour le commun des Afghans et surtout pour les femmes est absolument dramatique.
Toutes ces billevesées de Donald (Groenland, Gaza, Ukraine, what next…) sont parfaitement cohérentes pour un businessman limité à son obsession prédatrice. Son adhésion à l’amicale internationale des voyous (Putin, Ben Salman, Kim Jong-un …) n’est qu’un instrument favorisant ses objectifs, il est même le plus malotru du club.
Seul le business intéresse TRUMP ! Il se comporte comme un butor mais il ne sera pas éternellement Président des Etats Unis. Pas la peine de hurler au loup car Il utilise nos faiblesses. Nous avons les dirigeants que nous méritons !
Concernant la défense il n ‘a pas tort. Voilà des décennies que les pays d’Europe négligent leur défense. Quand ils investissent, ils privilégient le matériel made in USA !
Nous rapatrions enfin nos soldate qui seront bien utiles CHEZ NOUS. Dans la foulée, il serait temps de mettre fin à l’aide au développement généreusement distribuée à des pays qui n’en ont même pas besoin ! Exemple l’Algérie qui dispose de pétrole et pourrait développer du tourisme, cultiver des fruits etc. si la chienlit n’y régnait pas.
Il y a de quoi se poser de questions en apprenant que -entre autres- les munitions, uniformes et autres matériels destinés à notre armée sont fabriqués ailleurs ! Idem avec les uniformes dans nos hôpitaux !… sans omettre des médicaments, de pièces destinées à la fabrication de nos automobile etc. etc…
Si ce brave Donald permettait enfin aux états d’Europe de réagir et mettre fin aux gabegies, ce serait chouette !