Le déficit devrait atteindre 6 % du PIB contre 5,1% initialement attendus, a déclaré le ministre du Budget Laurent Saint-Martin, d’où on peut déduire, quand on sait parler le Politique sans accent que ce déficit dépassera assurément les 6 %du PIB. Ce déficit est au demeurant traditionnellement exprimé en proportion du revenu national, mais il paraît plus judicieux de le comparer aux dépenses de l’Etat ; il est quasiment équivalent aux recettes fiscales, c’est-à-dire que quand l’Etat français dépense 100 il emprunte 40. Aucune organisation au monde ne peut fonctionner longtemps ainsi. En outre, le ratio déficit public/PIB de la France est un des pires au monde avec ceux du Japon, de l’Italie, du Royaume-Uni, de l’Inde, de l’Australie, de la Chine et d’une vingtaine de pays pauvres d’Afrique, Amérique latine et Asie.
En revanche, signal bienvenu et dont il aurait été judicieux qu’il fut envoyé par le Premier ministre dès son évocation de hausses d’impôts, ce week-end, le rétablissement des comptes publics passera « prioritairement » par une baisse des dépenses, a confirmé M. Saint-Martin.
Par ailleurs, faute de majorité, le gouvernement a échoué sans surprise à faire approuver par les députés réunis en commissions deux projets de loi dits « d’approbation » des budgets 2023 de l’Etat et de la Sécurité sociale, marqués par un net dérapage des déficits – un rejet toutefois dépourvu de conséquence juridique. Ces premiers textes défendus par le gouvernement de Michel Barnier sont les derniers déposés par l’équipe Attal – le 16 juillet, jour même de sa démission avant de gérer les « affaires courantes » durant tout l’été. Simple formalité en temps de majorité absolue, le vote de ces lois de « règlement budgétaire » – qui servent à solder les comptes de l’année écoulée – se heurte depuis 2022 au rejet systématique des oppositions au Parlement. Sans aucune conséquence toutefois pour les finances publiques, ce qui dispense l’exécutif d’utiliser l’arme du 49.3 et donc de s’exposer à la censure. Le cru 2023 s’est achevé sur un déficit public de 5,5% du PIB, soit 15 milliards d’euros de plus que prévu.