Le pape François est mort le lundi de Pâques. Né Jorge Mario Bergoglio, il y a 88 ans, c’était le premier souverain pontife non européen depuis le pape syrien Grégoire III au VIIIe siècle, et le premier Jésuite à occuper la fonction de chef de l’Eglise catholique.
Il avait succédé en mars 2013 à Benoit XVI, un pape considéré comme traditionaliste, circonspect envers l’immigration et qui avait tenu à l’université de Ratisbonne, en 2006, un discours controversé sur l’islamisme, qui avait démissionné, fait sans précédent depuis six siècles, épuisé par les crises internes dans l’institution.
François incarnait une doctrine antagoniste : en tant qu’Argentin, il était marqué par la théologie de la libération, proche de la gauche latino-américaine et animée d’une critique virulente du capitalisme et de la finance dont il avait fait une des signatures de son pontificat. Il mettait surtout en avant la « justice sociale », en clair réduire en priorité les inégalités de revenus et de patrimoine. Il défendait aussi le droit des migrants à s’installer peu ou prou là où ils voulaient, à rebours de deux mille ans de doctrine catholique prônant, certes, l’accueil et la compassion pour les personnes en difficulté, mais reconnaissant aussi le droit des nations à défendre leurs frontières. François, au franc parler parfois abrupt, était aussi très sensible aux questions environnementales, comme l’illustrait son « Laudato si’ » en 2015, conformément à sa dénonciation de la finance « prédatrice » et prête à faire griller la planète. Une analyse qui l’amenait à se montrer très critique de l’économie de marché et des entreprises, à rebours d’une interprétation libérale classique du message du Christ qui défend la prise de risque et les bénéfices.
Si ses positions se montraient donc assez clivantes, reflet des lignes de fracture de l’époque, elles ont été saluées par les dirigeants du monde entier, à l’exception de la Chine, tandis que Donald Trump faisait un service minimum, déclarant laconiquement « qu’il repose en paix ». Les hommages des chefs d’Etat et de gouvernement, ou de dirigeant suprême de l’Eglise orthodoxe, anglicane, ou musulmane sunnite, mettaient généralement en avant sa « compassion sans limites », son « attention au sort des plus vulnérables », ou au rapprochement entre les religions, notamment la lutte contre l’islamophobie, quitte à rogner la liberté d’expression.
C’est dans deux à trois semaines que devrait s’ouvrir, selon la Constitution du Vatican, le conclave chargé de lui trouver un successeur, probablement sur la même ligne doctrinale que lui, puisqu’il avait nommé lui-même les deux tiers des quelque 130 cardinaux dotés d’un droit de vote. Le nouveau pape dirigera une institution s’adressant aux 1,4 milliards de catholiques, si on additionne les croyants et ceux qui sont issus de cette « culture », ou baptisés sans forcément être croyants par la suite. Une Eglise aux effectifs en plein rebond récemment qui s’avère être aussi l’organisation la plus efficace de tous les temps ; fondée il y a deux mille ans et ayant exercé, ou exerçant encore une influence intellectuelle et morale cruciale sur les peuples des pays les plus puissants de la terre…
10 commentaires
Ce qui m’a le plus interpelle, lors de son “” bain de foule “” la veille de sa mort, c’est le nombre démesuré de bonshommes entourant la papamobile ;
aurait-on eu peur qu’on la lui vole ?
Non, on craignait qu’un euthanasiste abrège ses souffances.
Non, on craignait qu’un euthanasiste n’abrège ses souffances.
« En signe de respect pour la mémoire de Sa Sainteté le Pape François, par l’autorité qui m’est conférée en tant que Président des États-Unis par la Constitution et les lois des États-Unis d’Amérique, j’ordonne par la présente que le drapeau des États-Unis soit hissé en berne à la Maison Blanche et sur tous les bâtiments et terrains publics, à tous les postes militaires et stations navales, et à tous les navires de guerre du gouvernement fédéral dans le district de Columbia et dans tous les États-Unis et ses territoires et possessions jusqu’au coucher du soleil, le jour de l’inhumation », a déclaré le président Trump.
Et pourtant les Etats unis ne sont pas considérés comme “la fille ainée de l’Eglise”.
E. Macron et nos courageuses élites ont-ils peur d’une réaction insurrectionnelle des TPR?
(Territoires perdus de la République)
Comme beaucoup de gauchistes, il était un réac qui s’ignore….Pas grand chose n’a changé au sein de sa boutique sous son pontificat.
Bonjour,
Votre titre est un peu simple.
Saint Pierre était il de droite ou de gauche ?
L’Amour est,je crois, de droite et de gauche. Partout.
Pas simple mais passionnant,
Son “laudate si” de 2015 est une tentative ridicule et désespérée de reconquérir des fidèles partis vers le nouvel animisme qu’est l’écologisme. Ce fut piteux et ce sera démenti par les faits quand la “bulle” du climatisme se dégonflera dans peu de temps. Par ce clientélisme de bas étage, il n’a pas élevé sa religion, même s’il a tenté de la “compatibiliser” avec le nouvel animisme adorateur de Gaïa, avec la probable conquête de tous les branleurs qui occupent les postes de “RSE” dans les entreprises, nouveaux commissaires politiques du dogme écolo.
Entièrement d’accord, la “conversion” de l’Eglise à l’écologisme “décroissant” fut un ralliement démagogique et un coup de pouce donné à la décadence de notre civilisation.
“….réduire en priorité les inégalités de revenus et de patrimoine”.
Comme ces réductions ne sont jamais suffisantes aux yeux des partisans de cette idéologie, la paupérisation générale et la barbarie en résultent comme l’ont bien démontré tous les régimes socialo communistes, y compris le nôtre, certes plus doucereux dans l’étranglement des populations actives mais qui tend au même résultat. Qu’un pape puisse soutenir une telle idéologie et se rendre finalement complice des barbaries passées dont il a connaissance est renversant et à l’évidence bien peu charitable. Dieu, dans sa grande sagesse, nous en a débarrassé.