A part voter contre Trump, existe-t-il une raison de voter pour Biden ? Apparemment aucune, si l’on en croit les sondages. Selon le Pew Research Center, seulement 36 % de ceux qui votent pour lui le font par soutien et 63 %, pour faire barrage à Trump. En revanche, 71% des partisans de Trump disent que leur vote est un vote pour Trump. Rien d’étonnant, car même si l’on fait abstraction des révélations pour le moins perturbantes sur les activités (très) suspectes du fils, Biden père et son programme n’offrent pas beaucoup de « garanties » aux Américains.
Joe Biden s’en est sorti plutôt correctement lors des deux débats présidentiels. Ses partisans ont été soulagés : on va pouvoir oublier les nombreuses « gaffes » du candidat que les medias avaient fait semblant de ne pas remarquer ! Le confinement lui a été très propice. Il est resté chez lui dans le Delaware, il a pu éviter les déplacements et surtout les grands discours devant la foule. Il a, quand même, accordé des interviews pendant cette période. Des interviews tellement bien huilées qu’un observateur venu d’une autre planète aurait pu croire qu’il était en pleines répétitions, avec son équipe de campagne, pour s’entraîner à affronter les medias… Mais non, il s’agissait de « vrais » journalistes, probablement représentatifs d’une presse qui lui est acquise à 90%. Pourquoi, dès lors l’aurait-on cuisiné et lui aurait-on posé des questions inopinées ? Il aurait d’ailleurs peut-être été dangereux de trop le fatiguer, il a parfois ce que l’on appelle des trous de mémoire : un jour il ne s’est plus rappelé le prénom d’Obama, un autre jour celui de Mitt Romney. Un jour il a parlé d’ « Arizona City », un autre jour il ne savait plus le nom de l’Etat dans lequel il se trouvait. Il lui est arrivé de mentionner « le premier ministre britannique, Margaret Thatcher qu’il a hâte de rencontrer. » Et il a affirmé, lors d’un meeting, qu’il était candidat aux élections… sénatoriales.
Il a 78 ans. S’il était élu, il serait le président le plus âgé des Etats-Unis lors de sa prise de fonction.
«Sortir l’Amérique des ténèbres» et la plonger dans le gouffre économique ?
Autre lapsus amusant, ou inquiétant selon la manière dont on considère les choses, il s’est dit « le mari de Joe Biden » alors que sa femme s’appelle Jill… C’était lors de la Convention démocrate. Son discours, sinon, était bien préparé et cohérent, construit – comme la plupart de ses autres discours – autour d’attaques contre le président Trump. Il affiche de très émouvantes ambitions, comme de vouloir «sortir son pays des ténèbres» et le porter «vers la lumière». Les Français connaissent cela : en 1981, Mitterrand avait fait passer notre pays «de l’ombre à la lumière», selon la formule de Jack Lang. Si Joe Biden gagne les élections, l’économie américaine pourrait bien être aveuglée du même genre de lumière que celle qui a fait sombrer la France socialiste. Qui a vraiment lu les 110 pages de son Manifeste socio-économique directement inspiré des idées propagées par le socialiste Bernie Sanders, l’autre candidat à l’investiture démocrate ? Biden n’a pas oublié : il a gagné de justesse face au sénateur du Vermont. Il a donc besoin de son électorat.
C’est pourquoi il choisit de reprendre ses propositions qui, de l’éducation à la santé, en passant par les impôts et les taxes, sont plus à gauche que pratiquement tout ce qu’avait fait Obama ou tout ce que Hillary Clinton avait proposé en 2016.
Il est d’abord question – pouvait-il en être autrement ? – de «sauver la planète». Pour cela, les énergies renouvelables devront à terme remplacer les énergies fossiles. Coût : environ 2 000 milliards de dollars ! Tout n’est évidemment pas négatif et certains points particuliers emporteront l’adhésion de beaucoup. D’autres en revanche paraîtront aberrants à toute personne sensée, et ils sont nombreux. Surtout, répétons-le, l’ensemble est liberticide, économiquement dangereux, et ruineux. Aucun pays n’a jamais prospéré avec ce genre de programme. Obama voulait, lui aussi, créer des millions de «green jobs» (emplois verts) en 2008.
Ce sont les industries du gaz et du pétrole de schiste qui les ont finalement créés !
Ce que propose Bident serait dur à encaisser pour un pays depuis quelques années énergétiquement indépendant, devenu l’un des premiers producteurs d’énergie grâce au gaz et au pétrole de schiste, industries qui emploient presque 5 millions de personnes dont le revenu moyen annuel est autour de 108.000 dollars, deux fois plus que le revenu moyen annuel dans le privé.
L’ancien colistier d’un président noir voit du racisme partout
Les réglementations sur le marché du travail seront renforcées pour favoriser les syndicats. Les prêts étudiants seront effacés et les collèges deviendront gratuits pour les familles avec des revenus inférieurs à 125 000 dollars par an. Le programme Medicare for All renforcerait l’Obamacare pour couvrir toute personne à partir de 60 ans. Il faut rappeler que dans le cadre d’Obamacare, il restait quand même des possibilités de choisir son assurance santé. Dans le nouveau programme, il n’y en aurait plus aucune.
Les décisions politiques et économiques se prendront au nom de «l’égalité raciale» et de la discrimination positive. Les personnes issues des minorités seront avantagées et obtiendront par exemple plus facilement des prêts bancaires. On créera des comités et des commissions pour instaurer des quotas en fonction de la race et de l’identité sexuelle. Même la Réserve fédérale se verra attribuer une nouvelle mission : réparer les injustices raciales et identitaires grâce à une faible inflation et au plein emploi ! Bizarre et indécent de voir ces propositions défendues par l’ancien vice-président d’un président… noir !
Et dans un pays où le taux de chômage des Noirs est tombé à 5.4 % sous la présidence de Trump, un taux qu’on n’avait pas vu depuis les années 1970. Sous Obama, le taux de chômage des Noirs n’est jamais descendu en dessous de 7.5 %. Durant les trois premières années de la présidence de Trump, le revenu médian de la minorité noire a augmenté de 19 %, à 806 dollars/semaine. Sous Obama, le revenu médian des Noirs n’a augmenté que de 11 % en deux mandats !
Plus de taxes et plus d’assistanat !
Le candidat Biden veut d’abord augmenter la salaire minimum à 15 dollars/l’heure d’ici 2026. Il a aussi promis de «mieux réglementer » le capitalisme actionnarial. Dans un pays où 70 % des actions sont détenues par des comptes de retraite individuels (401(k)s), des régimes de retraite privés ou des assurances individuelles, les conséquences seront catastrophiques pour les familles.
Concernant la fiscalité, plus 4 000 Mds de dollars supplémentaires seront prélevés dans les dix prochaines années. Le taux supérieur d’IR passera de 37 % à 39.6 %. Mais en additionnant les impôts locaux et d’autres taxes comme le Medicare, il dépassera 57 %, voire 60 % dans certains états comme la Californie ou le New Jersey.
Une taxe de 12.4 % appelée Social Security Tax sera appliquée sur les revenus à partir de 400 000 dollars. Les dividendes et autres gains en capitaux seront taxés à 39.6 %, contre 23.8 % actuellement. Ce nouveau taux est pratiquement celui des années 1970 ! Il est aussi question d’augmenter le taux de l’impôt sur les successions de 40 % à 77 % et de supprimer plusieurs niches fiscales.
L’Impôt sur les sociétés (IS) passera de 21 % à 28 %. Le taux d’impôt sur le bénéfice réalisé par les entreprises américaines à l’étranger doublera, de 10.5 % à 21 % ! Les administrations en charge de la collecte fiscale seront renforcées et verront leurs budgets augmenter comme d’ailleurs toutes les administrations gouvernementales sauf… la police.
L’impact de toutes ces mesures a été calculé dans une Note publiée par l’Institut Hoover il y a une dizaine de jours. Selon les auteurs (certains ont travaillé pour l’administration Obama), si le programme de Biden était appliqué à la lettre il réduirait le PIB réel par habitant de 8 %, il y aurait 4.9 millions personnes de plus au chômage, le PIB du pays baisserait de 2600 milliards de dollars et le revenu médian des ménages chuterait de 6500 dollars.
Finalement, y-a-t-il une seule raison sérieuse de voter pour Joe Biden ?
9 commentaires
D'accord!
J'imagine mal qu'il applique ne serait-ce qu'un dixième de son programme avec lequel je suis bien d'accord globalement:"Yes de can", on connaît. La folie des Energies pas si certes, la discrimination positive, et surtout sa senilité, me posent question.
Avez-vous quelque raison d'en vouloir à Joe Biden ?
Vous n'êtes pas tendre avec lui, ni ,peut être, équitable. Avoir fait d'un bateleur de foire un président des USA n'a sans doute pas été la plus belle réussite de ce pays. Il est vrai que le mode de scrutin est tel que l'on peut gagner en étant minoritaire ce qui a été le cas pour ce qui le concerne.
D. Trump n'a rien fait pour combattre le racisme, il n'a que fort peu de considération pour les classes populaires, il n'apprécie que les riches et en politique étrangère il a brillé par ses à peu près(pour le dire gentiment).C'est un homme plein de mépris pour les femmes (cf certaine déclaration).
Enfin pendant que J. Biden se battait au Vietnam, D. Trump restait bien planqué…
Quant à son dernier exploit : avoir fait élire à la Cour Suprême une juge de son obédience sans attendre le résultat de la prochaine élection c'est une marque de couardise qui tendrait à prouver qu'il n'est pas très à l'aise dans ses baskets…
Re : Avez-vous quelque raison d'en vouloir à Joe Biden ?
Aucune raison ne serait-ce qu’on préfère l’information correcte et l’analyse argumentée à la censure, à la désinformation et à la propagande.
Cordialement,
Nicolas Lecaussin
Et quelle est selon vous l'information correcte ? Rien que la vôtre ? Il m'arrive d'écouter des chroniqueurs qui me semblent dignes de foi.
L'analyse argumentée : D. Trump a effectivement été élu avec moins de voix que sa concurrente H. Clinton qu'il ne s'était pas privé de matraquer.
Qui prétend que J. Biden devrait être en prison ?
Qui est allé au Vietnam quand D. Trump se faisait exempter pour un motif discutable.
Et quant à la propagande il me semble que votre favori n'est pas si mal placé en ce domaine. Un homme qui choisit de mener sa politique avec force tweets me semble quelque peu farfelu. Je le considère comme un m'as-tu-vu, hâbleur et prétentieux qui a viré de son entourage tous les gens qui n'étaient pas d'accord avec lui. Est-ce là la désinformation dont vous parlez ?
Pourquoi refuse-t-il avec obstination de révéler le montant de ses impôts ?
Pourquoi s'est il ingénié à démonter des applications mises en place par son prédécesseur ?
Qu'a-t-il fait pour endiguer l'épidémie de Coronavirus en prétendant tout d'abord que ce n'est qu'un simple rhume ?
Pensez ce que vous voulez mais laissez-moi ma liberté de penser.
Re :
Mais je n’ai jamais voulu interdire votre liberté de penser !
Cordialement,
Nicolas Lecaussin
Vous ne me convaincrez pas pour autant
Il est vraisemblable de penser que s'il est élu J. Biden ne pourra pas appliquer la totalité de son programme.
A trop vouloir encenser D. Trump vous faites l'impasse sur la crise économique de 2008.
Tant mieux s'il a amélioré les revenus des populations noires mais ce n'est certainement pas parce qu'il les aime et en même temps j'ai peine à croire que les plus riches soient devenus moins riches.
Le pétrole et le gaz de schiste enrichissent le peuple américain(et les industriels aussi) mais quel sera le prix à payer pour la planète ? quelles seront les conséquences géologiques ? On peut en faire peu de cas, tout est question de point de vue.
Vous dites que les américains n'auront plus le choix de leur assurance santé, soit mais dans le système actuel tous ont ils les moyens de s'en offrir une ?
Le libéralisme à tout crin n'a pas que des effets positifs, notre administration pèse très lourd dans notre budget mais du moins y a t il une redistribution, pas toujours équitable je vous l'accorde.
Vous dites que 63% des électeurs qui voteront Biden le font par rejet de Trump, vous ne vous demandez pas pourquoi ?
Cordialement.
Re : Vous ne me convaincrez pas pour autant
56 % des Américains considèrent qu’ils sont mieux aujourd’hui qu’il y a 4 ans ! ( 45 % en 2012 lors réélection Obama). Ce n’est sûrement pas un hasard…
63% des électeurs ont l'intention de voter contre Trump, serait-ce là un hasard ?
Il est vraisemblable que si la constitution américaine l'avait autorisé B. Obama aurait pu être réélu pour un 3ème mandat…
Cordialement
Re :
Ce n’est pas vraiment compatible avec les 56 % (Gallup), du jamais vu d’ailleurs ! Ni avec les 65 % (Rasmussen) qui disaient en 2016 que le pays était encore plus divisé qu’au début de la présidence d’Obama !