Dans les années 1980, l’arrivée au pouvoir successivement de Mrs Thatcher (4 mai 1979) et de Ronald Reagan (20 janvier 1981), puis leur réussite pour redresser leur pays, ont bouleversé le paysage politique mondial. Le marxisme et ses succédanés qui avaient dominé la scène intellectuelle et politique depuis la fin de la guerre ont commencé à trembler sur leurs bases, ce qui a favorisé la chute du mur de Berlin. Le libéralisme a retrouvé un droit d’expression et s’est imposé dans les débats comme dans les élections à travers le monde tandis que l’empire soviétique s’écroulait de lui-même et que la Chine de Deng Xiaoping commençait à s’ouvrir.
La liberté n’a eu qu’un temps et le néo-marxisme s’est réintroduit dans les universités et dans les programmes partisans via, notamment, l’écologisme et le wokisme. Les politiques sociales des pays occidentaux ont continué d’enfler et d’assujettir toujours plus les individus assistés et déresponsabilisés. Mais tandis que la collectivisation grandissante appauvrit de nombreux pays, de la France au Nicaragua, de la Russie à la Corée du Nord et au Venezuela…, d’autres nations prouvent les bienfaits de la liberté et d’un Etat limité.
Des pays libéraux et libres
La Suisse est l’un des pays développés où les prélèvements obligatoires sont les plus faibles : 28% du PIB. Le canton de Bâle estime qu’il a perçu plus d’un milliard d’euros en trop par rapport à ses besoins depuis 2012. Il envisage de rembourser les habitants à raison de 2.500 francs suisses par an, soit 2.700 euros, pendant une dizaine d’années.
Le gouvernement irlandais connaît aussi un problème très grave : il a un excédent de ressources fiscales trop important, d’environ 9 milliards d’euros, soit autour de 3 % du produit intérieur brut (PIB). En sus il sera remboursé de 13 milliards d’euros d’arriérés d’impôts que la Cour de justice de l’Union européenne a condamné Apple à lui verser. Pourtant l’Irlande est sans doute le pays développé qui a les plus bas prélèvements obligatoires : 20,93% du PIB selon le FMI en 2023. C’est peut-être la cause de sa richesse. Son Pib par habitant qui était l’un des deux plus bas d’Europe, avec le Portugal, il y a 50 ans, est désormais, avec la Suisse et le Luxembourg, l’un des plus élevés : 115 624€ en 2023.
Aux Etats-Unis, l’arrivée de Trump est plutôt une bonne nouvelle malgré les inquiétudes que suscite son caractère imprévisible et excessif autant que son protectionnisme irrationnel, sauf à l’égard de la Chine éventuellement où il peut se comprendre pour justifier sa lutte contre le communisme. Mais pour le reste sa volonté de combattre le wokisme, de réduire encore fortement les impôts (reconduction des baisses d’impôt sur le revenu ou les successions, suppression de l’impôt sur les pourboires, impôt sur les bénéfices ramenés de 21 à 15%…) ou de couper drastiquement dans les dépenses fédérales, peuvent donner un signe très fort au monde. Elon Musk, chargé d’abaisser les dépenses fédérales de 2 000Mds$ (sur les 6 800 de l’Etat fédéral), qualifie l’idéologie woke de virus mental et il a raison. Ce pays qui est encore le plus puissant du monde malgré, ou plutôt à cause de la modestie de ses prélèvements obligatoires (27,66% en 2022 selon l’OCDE), contribuera peut-être ainsi à une nouvelle révolution libérale.
Un miracle argentin ?
Mais bien entendu, c’est Javier Milei qui s’affronte jusque-là avec succès au plus grand challenge. A l’Argentine minée par des décennies de collectivisme péroniste, il administre un remède de cheval. Personne ne donnait très cher de sa peau quand il a annoncé son programme de réduction drastique des dépenses publiques pour mettre fin à l’inflation et relancer la machine économique alors qu’il n’avait pas de majorité au Parlement. Ses six premiers mois ont été très éprouvants : le PIB a chuté, la pauvreté a augmenté, sa popularité a légèrement flanché. Mais depuis six mois le pays se redresse : l’inflation mensuelle est 10 fois inférieure à celle de l’année dernière, la différence entre le taux de change officiel peso/dollar et le taux parallèle est à son plus bas niveau depuis bien longtemps, les Argentins rapatrient leurs avoirs étrangers. Milei a réduit les dépenses de l’Etat de 30%, dès avril dernier il a dégagé un premier excédent budgétaire, il a engagé des privatisations notamment dans les transports. Il a libéré les loyers et déjà l’immobilier retrouve des couleurs. Il réprime la corruption, remet les gens au travail, supprime les emplois de complaisance et souvent fictifs, s’oppose aux idéologies woke et écologiste. Cette révolution libérale a un coût que supportent les Argentins : augmentation des prix de l’énergie, hausse du chômage en un an de 5,7 à 7,6%, des budgets plus serrés pour les provinces et les universités… Mais sa popularité remonte à 56% d’opinions favorables. Les estimations de croissance économiques sont de 5% pour 2025. S’il confirme sa réussite, il sera un modèle de vertu économique.
La liberté et l’Etat de droit donnent force aux énergies, aux initiatives, au travail et à la croissance qui enrichit le monde. Souhaitons que le succès de la liberté dans de nombreux pays fasse tache d’huile par sa valeur d’exemple autant que par la pression que la réussite met toujours sur l’échec.