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Trump à la recherche d’une crise constitutionnelle

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Donald Trump
« Crise constitutionnelle », les médias de l’establishment, qui ont tout fait pendant 4 ans pour empêcher Donald Trump de se présenter à un second mandat, n’ont plus que ce mot à la bouche. Le terme définit les conflits qui sous peu vont inéluctablement opposer la Maison- Blanche à la Cour suprême. Cette dernière a par définition le dernier mot dans l’interprétation de la Constitution des États-Unis.

L’hyperactivité politique de Donald Trump depuis le 20 janvier a ouvert de multiples contentieux entre l’exécutif d’une part, les dirigeants d’agences indépendantes et  fonctionnaires de nombreux départements fédéraux d’autre part. Ces derniers, aidés par les syndicats et les activistes démocrates, ont choisi les juridictions les plus favorables, dans des États « bleus » où, au moins en première instance, les juges sont proches de leurs vues politiques. L’objectif : bloquer la révolution libertarienne et populiste lancée, de manière brutale et brouillonne, par Donald Trump.

Procédures tous azimuts en vue

Quelques exemples de contentieux à trancher : Elon Musk, conseiller du Président, non rémunéré, extérieur au cabinet présidentiel, dirige de facto une officine dont le rôle est de recommander des réductions dans les effectifs de fonctionnaires, de fermer des agences jugées inutiles ou dispendieuses. Est-ce conforme à la Constitution ? Les milliers de postes éliminés du jour au lendemain, sans vote du Congrès, portent sur des ministères financés par le budget fédéral. L’exécutif a-t-il le droit de ne pas dépenser des milliards de dollars de crédits votés par le Congrès pour financer le fonctionnement d’agences et départements qu’il a créés ?

Autre exemple : Donald Trump a-t-il le pouvoir propre de renvoyer, pour de simples raisons politiques, les membres de commissions fédérales bipartites et indépendantes ? S’il a le droit de le faire aujourd’hui pour la Federal Trade Commission (FTC, un des organes de réglementation de la concurrence), pourrait-il le faire demain pour la Réserve fédérale ?

D’autres sujets brûlants ont de bonnes chances de remonter jusqu’à la Cour suprême : le Président peut-il de lui-même décider que le droit du sol ne s’applique plus aux enfants d’immigrés sans papiers ? Peut-il interdire aux hommes devenus femmes de concourir dans des manifestations sportives ? Peut-il interdire à des transgenres de servir sous les drapeaux ? Peut-il invoquer une loi de 1798 conçue pour expulser les sympathisants de la France (qui était proche de la guerre avec les États-Unis pour le contrôle du commerce dans les Caraïbes), afin d’expulser aujourd’hui sans procès et de manière expéditive des immigrants soupçonnés d’être criminels ?

Les MAGA  dans une euphorie relative, les démocrates en embuscade

La liste de tels différends est aussi longue que la liste des décrets présidentiels qui ne cessent de sortir de la Maison-Blanche. Tous ces litiges ont un point commun : la gauche veut utiliser, souvent par la voie de procédures d’urgence d’injonction, le pouvoir des juges pour bloquer des décisions politiquement incorrectes, constitutionnellement douteuses, mais néanmoins dans la lignée parfaite des promesses électorales explicites de Donald Trump. Et ce dernier d’arguer : qui sont ces juges, non élus, qui veulent bloquer la volonté populaire ?

Même les milieux conservateurs non-trumpistes s’inquiètent de l’activisme de Donald Trump. Ils redoutent que, accompli dans la hâte, le travail nécessaire, par exemple pour la réduction des effectifs de fonctionnaires ou la mise aux oubliettes de bureaucraties parasitiques et nuisibles pour les libertés, soit mal fait. Il semble effectivement que tout soit décrété trop vite, sans que soient assez examinés les possibles effets secondaires.

Manier la tronçonneuse devant les caméras pour tailler dans « l’État profond » ravit certes les MAGA et quelques libertariens. Mais dès que le public commence à déplorer une détérioration de certains services publics, comme ceux des hôpitaux pour anciens combattants, ou l’administration qui régit le programme fédéral de retraite dont dépendent 67 millions d’Américains, les démocrates sont en embuscade. Sans compter que, si les fondements juridiques de l’offensive de l’administration Trump 2 ne sont pas solides, tout finira par être invalidé.

Rappel à l’ordre de la Cour suprême

Dans ce contexte, la colère du président de la Cour suprême, John Roberts, est de mauvais augure pour la Maison-Blanche. Fait rarissime, dans un communiqué, le magistrat a critiqué ceux qui prônent la destitution de tous les juges qui osent bloquer en urgence les initiatives MAGA. Connu pour être plutôt républicain modéré, il défend les prérogatives du pouvoir judiciaire, troisième pilier de la république américaine avec le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Et le juge suprême de rappeler que le processus d’appel, et non pas la destitution des juges, est le seul moyen dans un État de droit de contester une décision de justice.

La prise de position du juge Roberts est probablement le prélude à des décisions de la Cour suprême qui n’iront pas systématiquement dans le sens voulu par la Maison-Blanche d’un élargissement des pouvoirs présidentiels. Le septuagénaire n’apprécie certainement pas d’être défié et pris à partie sur les réseaux sociaux par Donald Trump. Plusieurs collègues de la Cour partagent probablement cette réprobation.

En allant trop loin dans sa provocation pour forcer la main de la Cour, en exigeant notamment le recours à une procédure d’urgence de sa saisine, sans attendre les jugements des cours d’appel, Donald Trump risque de se mettre à dos des juges conservateurs, initialement bien disposés à l’égard de la philosophie libérale (au sens européen du terme) des républicains. Le président toutefois semble faire le pari qu’en cas de défaite devant la Cour, il gardera la sympathie de son électorat pour avoir osé porter leur combat jusqu’au bout. Accuser des juges « gauchisés » de bloquer la volonté du peuple MAGA peut en effet l’aider à gagner des voix lors des élections législatives dans deux ans…

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19 commentaires

Moulin 26 mars 2025 - 8:54 am

Trump, admirateur de la richesse et du pouvoir sans limites de pootine est en train de tenter un coup d’état par rapport à l’équilibre des pouvoirs aux USA.
1/. Mark Milley, ancien chef d’état-major de l’armée américaine sous Trump, l’avait notamment qualifié de « dictateur en puissance ».
2/. Selon son chef de cabinet en 2017 le général John Kelly, : « Trump préfère très certainement l’approche dictatoriale dans la manière de gouverner », et il confirme la fascination de Trump pour Hitler.

La manière dont il s’attaque à tous ceux qui l’ont contesté dans le passé, y compris pour ses fraudes fiscales et sa tentative de blocage du Capitole le 6 juin 2021, est typique du chef mafieux pootine. Pas encore de chutes par la fenêtre.
La cata.

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Virgile 26 mars 2025 - 11:44 am

Ne nous ressortez pas le coup du dictateur des démocrates! Question dictature Biden n’a pas fait mieux dans une Amérique woke. Censure des media et des réseaux sociaux, prohibition de la liberté d’expression garantie par la Constitution et usage de la cancel culture pour licencier les personnes opposées au wokisme! Quand à l’admiration d’Hitler vous êtes carrément grotesque! L’optimisation fiscale n’est pas une fraude et pour le Capitole il n’est pour rien dans le débordement d’une foule dont les mouvements sont bien connus des spécialistes puisque identiques aux troupeaux de moutons!

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Virgile 26 mars 2025 - 12:30 pm

Ne nous ressortez pas le coup de l’accusation de dictature des démocrates. Le wokisme durant le mandat Biden a supprimé la démocratie aux USA avec sa censure des media et des réseaux sociaux, prohibition de la liberté d’expression garantie par la Constitution et usage de la cancel culture pour licencier les gens opposés au wokisme et la DEI. Les attaques suivantes contre la liberté académique ont été enregistrées entre 2014 et 2022 aux États-Unis :
877 tentatives de sanction d’universitaires pour des propos protégés par la Constitution.
114 incidents de censure.
156 licenciements (dont 44 professeurs permanents).
Le nombre de cas non signalés est probablement beaucoup plus élevé depuis cette date.
Ce n’est pas tout car il y a la purge des bibliothèques et la réécriture de certains passages des œuvres littéraires jugées non conformes ou offensantes pour les minorités. C’est une véritable inquisition digne de 1984 d’Orwell et de son Ministère de Vérité, illustré par la manie du fact checking à la mode à gauche pour décréter ce qui est vrai et ce qui est faux !
Quant à son admiration d’Hitler c’est carrément grotesque ! Le terme démocratie vient du grec Demos et Kratos : pouvoir du peuple. Ce n’est pas celui de l’oligarchie des élites !

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jacques lemiere 26 mars 2025 - 9:00 am

Pendant ce temps là les parties allemands venant de perdre les élections ent de changer leur constitution pour tenter de sanctuariser ce qui ressemble fort un programme politique…

en europe on “oblige” constitutinellement de plus en plus nos ENFANTS à respecter des lois…

pas certain que c’est mon idée de la démocratie…passe encore d’avoir raison de la minorité de la population pour imposer des règles… …mais de la majorité à venir???

alors on comprend la crainte…l’essentiel des poltiques de planification climatiques reposent sur la croyance en des promesses.. et leur cohérence ou signification peut donc s’évanouir en une seconde…et ça la foutrait mal…

on a l’air malin avec les accords de paris maintenant..PAR EXEMPLE….

sauver la face??? sauver le système de connivence mis en place?

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Virgile 26 mars 2025 - 11:58 am

Je suis en désaccord total avec sa politique envers l’Ukraine, mais à fond sur l’abandon de cette arnaque climatique où des centaines de milliards ont déjà été engloutis en vain. Le Giec a fait une estimation de l’ordre de 90.000 milliards nécessaires pour lutter contre un réchauffement naturel en décidant arbitrairement que le CO2 est le coupable, alors qu’il est indispensable à la vie sur Terre. Les partisans du Giec occulte le fait que le climat n’a jamais été stable, ainsi que l’illustrent les ères glaciaires et le Petit âge glaciaire qui a sévi de 1350 à 1850. La température de la planète remonte depuis cette date pour revenir à la température précédant ce refroidissement.
Le dégraissage des fonctionnaires est également nécessaire puisque c’est un moyen pour les partis de caser leurs membres non élus, qui vivent ainsi luxueusement sur le dos des contribuables!

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Virgile 26 mars 2025 - 11:33 am

Il ne faut jamais oublier que les juges sont élus aux USA et donc que nombreux sont des démocrates, qui abusent de leur pouvoir lorsqu’ils sont partisans. Cela explique les démêlés incessantes de Trump avec eux.

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Andy Vaujambon 26 mars 2025 - 11:34 am

“Réductions dans les effectifs de fonctionnaires, fermer des agences jugées inutiles ou dispendieuses”… quel rêve ce serait en France ! Mais n’oublions pas les mots de Mitterrand, qui connaissait l’Histoire, “les juges ont eu la peau de l’Ancien régime, ils auront celle de la république”. C’est à ça que sert le syndicat de la magistrature.

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CLEMENT 26 mars 2025 - 1:03 pm

TRUMP agit ! Bousculer le deept state ne peut se faire que de manière brutale. Nous ferons ensuite le bilan…

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Legrand 26 mars 2025 - 1:56 pm

Comment est-il possible que dans un pays de liberté d’expression comme la France, plus de 95% des articles soit anti trump? On croirait revivre le débat du référendum de 2005. N’est il donc point possible en France d’avoir des débats sereins et équilibrés et deviter la caricature systematique ? Cordialement

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Nicolas Lecaussin 26 mars 2025 - 2:16 pm

En ce qui nous concerne, depuis 2016, nous avons écrit des dizaines d’articles sur Trump (y compris dans la grande presse). Plus de 90 % sont pro-Trump est on s’est fait traiter de trumpistes de très nombreuses fois. Ce qui n’empêche pas de le critiquer quand il faut et avec des arguments.

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Exelsior 27 mars 2025 - 9:17 pm

il me semble, concernant Trump, qu’il serait intéressant d’avoir un débat “BASTIAT ou LIST” afin d’éclairer les enjeux actuels… Je regrette de voir que c’est la revue socialo-technocratique “Le Grand Continent” ou encore l’économiste gauchisant Arnaud Orain (avec son “capitalisme de la finitude” qui paraît chez Flammarion) qui s’intéressent de manière réfléchie au virage protectionniste actuel. Ils parsèment hélas leur réflexion de concepts écolo-marxistes erronés et dangereux. Mais eux, du moins, comprennent ce qu’il se passe avec le virage protectionniste, national-capitaliste et géopolitique. Nous avons à notre disposition les thèses de Friedrich LIST pour comprendre (je ne dis pas approuver, mais comprendre) ce que fait Trump et ce qu’il se passe actuellement dans le monde. Il est regrettable que les médias libéraux, déjà fort peu nombreux à porter nos idées, soient incapables d’ouvrir ce débat. N’est-il pas possible d’inviter des experts à en débattre ? La grande presse libérale (Le Figaro, Les Echos, L’Opinion, etc.) ne peut-elle pas s’emparer du sujet ?

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jacques lemiere 26 mars 2025 - 2:29 pm

vous savez quand une mairie finance un club de foot une bibliothèque etc.. .c’est du gaspillage d’argent public..

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Nicolas Carras 27 mars 2025 - 5:17 pm

Il me semble bien que des dizaines de millions d’Américains ont voté pour un programme, programme que Trump et son équipe sont en train d’accomplir.

He oui, il y a de l’action.

He oui, il y a des peureux.

He oui, il y a des traitres.

He, oui, les communistes sont toujours là.

He oui, beaucoup, n’ont pas envie de perdre l’argent des contribuables qui leur permettait de faire du communisme, de la corruption.

C’est dur la vie… 🙂

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Nicolas Lecaussin 27 mars 2025 - 6:10 pm Répondre
Nicolas Carras 27 mars 2025 - 7:37 pm

Nicolas Lecaussin, on n’accomplit pas un programme pour lequel ont a été élu en fonction des sondages.

Bien à vous en espérant que vous allez bien.

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Nicolas Lecaussin 28 mars 2025 - 11:40 am

Si vous appelez programme la cacophonie actuelle…

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Nicolas Carras 28 mars 2025 - 11:56 am

“la cacophonie actuelle”

Actuelle ? Ça a toujours été la cacophonie politique en Amérique (et où est-ce n’que ça n’est pas la cacophonie politique ? Sur Mars ?), rien de nouveau sous le soleil. Et les démocrates-KKK-esclavagistes-socialo-totalitaires-néofascistes &co, sont spécialistes en cacophonie (depuis le 19e siècle)… Qu’attendre d’un partie qui a toujours été de gauche, et qui a inspiré les nazis avec ses lois ségrégationnistes ? Ayant même soutenu la polygamie…

De la cacophonie peut naitre des choses biens.

🙂

A++

CARAMOUCHE 30 mars 2025 - 9:13 am

Trump ne recherche pas uniquement une crise constitutionnelle. Comme ses modèles Poutine et Xi Jinping, il va tout simplement chercher à modifier la constitution américaine pour être président à vie

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Nicolas Carras 31 mars 2025 - 8:55 am

Bonjour, vous avez gagné le prix du commentaire le plus intelligent de la semaine. Merci de nous éclairer grâce à votre clairvoyance, perspicacité. Le monde irait tellement mieux s’il y avait plus de gens comme vous. Votre cadeau ici : https://www.amazon.fr/Cest-moi-Guignol-Bertrand-Solet/dp/2913990711
Bonne continuation !

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