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Politique américaine : la (très) inquiétante attirance de Biden pour la gauche radicale

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Dans les médias, la nouvelle administration américaine est présentée comme un retour à la normale et une réouverture des Etats-Unis au reste du monde. Joe Biden est également décrit comme un président modéré, un vrai remède au mandat de Donald Trump. Cependant, plusieurs faits contredisent cet optimisme dans le domaine économique. La politique du président Biden laisse une place plus importante qu’on ne le pense aux idées interventionnistes et protectionnistes.

Le Congrès et la Maison-Blanche aux mains du parti démocrate : des opportunités pour la gauche radicale

Avec un Sénat détenu par le parti républicain, la Maison-Blanche et la Chambre des représentants auraient été acculées au compromis et à une politique centriste. Mais la victoire des démocrates aux élections sénatoriales de l’Etat de Géorgie leur assure le contrôle du pouvoir législatif et exécutif pour les deux prochaines années. Toutefois, à cause de leur faible majorité dans les deux chambres, ils doivent pouvoir compter sur toutes les voix des élus démocrates. Des membres très progressistes voire socialistes du Congrès, comme Bernie Sanders et Elizabeth Warren, ou le Squad dirigé par Alexandria Occasio-Cortez, vont donc gagner en influence. Et l’équilibre parfait entre le nombre de sénateurs républicains et démocrates au Sénat risque d’exacerber ce phénomène. En cas d’égalité des votes, c’est la vice-présidente Kamala Harris qui tranchera, et elle était considérée comme la sénatrice le plus à gauche en 2019, plus encore que Bernie Sanders.

Vers une influence croissante de la théorie monétaire moderne

L’interventionnisme économique n’est pas étranger à Joe Biden, qui avait enrôlé Stephanie Kelton dans l’équipe chargée de développer son programme pendant la campagne présidentielle. Cette ancienne conseillère économique de Bernie Sanders est l’une des promotrices de la théorie monétaire moderne qui considère que les Etats peuvent dépenser librement sans se soucier des déficits. D’où le plan de relance de 1 900 milliards de dollars, annoncé en janvier par le président Biden. Certes, les gouvernements ont l’habitude de dépenser massivement lors des grandes crises économiques, mais ces dépenses massives sont plus que jamais idéologiques.

Le financement du « Green New Deal » obéit aux mêmes principes. Jadis soutenu uniquement par Alexandria Occasio-Cortez, ce programme écologique est désormais un enjeu primordial pour la nouvelle administration qui prévoit un investissement de 2000 milliards de dollars. Joe Biden pourrait bien être l’un des présidents les plus interventionnistes de l’histoire.

Des conséquences néfastes pour les alliés des Etats-Unis

L’économie étant mondialisée, les choix politiques des Etats-Unis influencent ceux des autres pays. De fait, le tournant écologique des Etats-Unis produit déjà des effets délétères pour ses voisins et le cas du Keystone XL en est un exemple marquant. Ce projet d’oléoduc qui devait traverser les Etats-Unis et le Canada a été annulé par Joe Biden le premier jour de son mandat. Le résultat pour le Canada ? Une perte de 17 000 emplois directs et indirects mais aussi 2,4 milliards de dollars en moins pour le PIB. Si Donald Trump était critiqué pour sa politique commerciale peu favorable envers le Canada, Joe Biden ne semble pas faire mieux.

Cette affaire doit être un avertissement pour les Européens. Joe Biden avait annoncé dès mars 2020 qu’il « ne négocierait pas de nouveaux accords sans que les dirigeants syndicaux et environnementaux soient présents à la table de manière significative et sans inclure de solides dispositions d’application pour obliger nos partenaires à respecter les accords qu’ils signent. » La politique écologique et sociale prime donc le développement du libre-échange. Si Donald Trump justifiait, de manière au demeurant inappropriée, son opposition au libre-échange par la défense des emplois américains, Joe Biden le fait au nom de valeurs progressistes. De même, la plateforme démocratique de 2020 exprimait le souhait que les Etats-Unis mobilisent les autres économies mondiales pour contrer la Chine. Or, cette stratégie aura du plomb dans l’aile si l’administration Biden ne renforce pas les échanges avec ses alliés. D’autant plus que la Chine ne reste pas passive comme le prouvent les négociations concernant l’accord sur les investissements avec l’Union européenne arrêté fin décembre 2020.

Dans un monde de plus en plus instable, divisé et en crise, renforcer les liens économiques entre des pays démocratiques est vital. Si Joe Biden veut vraiment être un président rassembleur, il doit renouer avec les valeurs comme la liberté économique et le libre échange plutôt que de s’inspirer des idées de la gauche radicale.

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