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Michel Barnier doit repenser l’Etat

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Un nouveau gouvernement est formé. Il a tout à faire et il ne pourra pas faire grand-chose. Non seulement Michel Barnier éloigne ainsi le risque Castets ou autre NFP, mais il a réussi à former une équipe qui donne l’espoir d’une nouvelle politique. Tout en composant dans un spectre qui va de LIOT à LR, il a su choisir des ministres qui ont manifesté leur liberté : Bruno Retailleau, Patrick Hetzel ou Laurence Garnier sur les valeurs sociétales, Annie Genevard dans sa parole politique, Guillaume Kasbarian qui a initié la loi antisquat, François-Noël Buffet qui ne mâche pas ses mots sur l’immigration….

Mais sur le fond, la seule chance de Michel Barnier de survivre dans les lendemains délétères de cette dissolution ratée, c’est de proposer des solutions innovantes, systémiques plutôt que simplement paramétriques, sur les sujets essentiels que sont notamment l’immigration, la décentralisation, les équilibres budgétaires et les prélèvements obligatoires, l’équité fiscale.

Une immigration maîtrisée

Le Rassemblement National manque d’armature politique, mais il est devenu, de loin, le premier parti de France parce qu’il a prévu depuis longtemps les méfaits d’une immigration non maîtrisée et qu’il reste le seul à enfourcher ce thème même s’il le fait souvent sans discernement. L’Europe entière pourtant a compris désormais que ni nos pays ni même notre civilisation ne survivront sans endiguer les flux migratoires. Il ne s’agit pas de refuser toute immigration, mais d’en contrôler l’importance et la qualité, de l’accueillir en fonction de nos besoins sauf à en élargir l’accès, avec prudence, pour des raisons humanitaires. Dans tous les cas, la présence des immigrés ne peut être maintenue que s’ils respectent intégralement notre droit et ne cherchent pas à faire prévaloir leurs religions, leurs cultures ou leurs mœurs par la violence implicite ou explicite. Il vaudrait mieux d’ailleurs leur permettre de travailler, plutôt que de le leur interdire, et même exiger qu’ils travaillent, plutôt que de les habituer à recevoir des allocations de survie, en attendant de décider de leur statut et les expulser sans coup férir lorsque leur admission n’est pas validée sur notre territoire. L’unité et la paix de notre communauté nationale sont en jeu, d’autant qu’à défaut de prendre à bras le corps ces questions, le terrain politique sera laissé bientôt aux seuls extrêmes, entre le RN qui se sert de l’immigration, non sans raison, pour engranger sa réussite et LFI qui capte les votes d’une immigration qu’il encourage dans sa radicalité.

Il faut dépenser mieux

La France a les plus lourdes dépenses sociales du monde à cause d’un système d’assurances publiques monopolistique et centralisé qui, sans concurrence, fonctionne sur un mode soviétique. Les charges de nos retraites par répartition sont de 14% du PIB quand la moyenne européenne est de 10%. Celles de la santé représentaient 12,1% du PIB en France en 2022, contre 11,3% en Suisse, 10 ,2% aux Pays-Bas et 9,2 % en moyenne au sein de de l’OCDE selon les estimations de celle-ci. Et pourtant les retraites des Français ne sont pas supérieures à la moyenne européenne et notre système hospitalier est déficient !

Nos professeurs sont mal payés, mais l’éducation nationale nous coûte un pognon de dingue. Les dépenses publiques d’éducation s’élevaient en 2020, selon l’OCDE, à 3,53% du PIB en France contre 3,13% aux Pays-Bas, 2,91% en Allemagne, des pays dans lesquels les enseignants sont mieux rémunérés et les élèves ont de meilleurs résultats.

Ceux qui font mieux en dépensant moins autonomisent la gestion de leurs hôpitaux publics ou les privatisent, ils décentralisent leurs régimes d’assurance santé ou les privatisent, ils optent pour des retraites par capitalisation, ils pratiquent la liberté scolaire comme le font les Pays-Bas qui financent les études de tous dans le respect du choix par chacun de l’école de ses enfants…

L’équité fiscale

Notre fiscalité est un gruyère de niches qui profitent aux plus malins plutôt qu’aux plus pauvres. Mais « en même temps » à peine plus de 40% des foyers payent l’impôt sur le revenu et 10% d’entre eux en payent 75% ! Ceci expliquant sans doute cela.

Bon an mal an, les entreprises françaises payent 150 milliards de plus d’impôts, taxes et cotisations que leurs homologues de pays comparables et bénéficient d’autant d’aides publiques.

La France souffre de trop de prélèvements obligatoires, les plus élevés du monde, sauf peut-être en Corée du nord ! Elle ne peut plus augmenter ses impôts.

Une grande réforme de justice fiscale consisterait à supprimer toutes les niches fiscales et à réduire les impôts sur le revenu comme sur les bénéfices des entreprises. Les personnes physiques et morales se libéreraient ainsi de la tutelle permanente que l’Etat fait peser sur elles en les matraquant d’impôts et les soumettre ensuite à ses diktats pour leur accorder des aides, subventions, abattements, et autres exonérations sous condition.

Retour de la subsidiarité

Il faut en fait, comme Jean-Philippe Feldman l’a fait observer, réduire le périmètre d’intervention de l’Etat, revenir à un Etat modeste, quitte à redonner des capacités aux collectivités intermédiaires. L’Etat n’a aucune légitimité à gérer nos assurances sociales, l’éducation de nos enfants, nos rapports sociaux, nos entreprises… sauf à intervenir subsidiairement quand la situation l’exige. Qu’il nous donne la sécurité et veille au respect de tous par chacun, qu’il rende les gens maîtres et responsables de leur vie et la France se développera par l’exercice de nos libertés et de nos initiatives.

Un étonnant étonnement 

Michel Barnier ne fera sans doute pas ces réformes parce qu’il n’a aucune majorité pour y parvenir. Mais il pourrait les préparer, les proposer, les vendre aux Français pour qu’ils en comprennent l’urgence et l’intérêt, de façon à favoriser, demain, l’émergence d’un bloc politique porteur d’une vison nouvelle et salutaire.

Alors qu’il s’étonne de découvrir une « situation budgétaire très grave » que personne ne peut ignorer depuis des années, saura-t-il affronter la réalité et avoir l’audace de sortir des sentiers battus ? Son intervention télévisée le dimanche soir, 22 septembre, laisse craindre qu’il ne déroge pas au politiquement correct, sans ambition. Ce serait alors une occasion manquée.

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