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Libéralisation de l’économie : la France à la 17ème place en Europe

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L’Institut Bruno Leoni (IBL), think tank italien, a publié le mois dernier l’édition 2020 de son indice de libéralisation économique qui mesure le degré d’ouverture à la concurrence des 27 économies de l’Union européenne et de celle du Royaume-Uni.

Les auteurs de l’étude cherchent, à travers cet indice, à apprécier si le cadre juridique et réglementaire en vigueur dans chacun des pays permet d’assurer trois libertés économiques fondamentales :
• la liberté d’entrer sur un marché ;
• la liberté d’organisation : les entreprises peuvent organiser leurs processus de production comme elles le souhaitent, y compris en matière d’intégration verticale ou horizontale ; elles sont libres de formuler leurs offres, etc. ;
• la liberté de sortir du marché : les entreprises inefficaces peuvent faire faillite et libérer ainsi le capital et la main-d’œuvre qui sont employés de manière relativement improductive.

Pour cela, l’IBL s’intéresse à des marchés qui étaient traditionnellement très réglementés, voire organisés en monopoles d’État, comme ceux de l’électricité, du gaz, des services postaux, des transports aérien et ferroviaire, de l’assurance. Il se penche également sur le marché du travail.

Le Royaume-Uni en tête du classement

Le pays qui obtient le meilleur score est le Royaume-Uni avec 93 sur 100. Il est suivi d’assez loin par l’Irlande (79), l’Espagne (78), l’Autriche (76) et l’Allemagne (75).

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Avec un score de 63 sur 100, la France occupe la 17ème place de ce classement. Elle est entourée du Danemark (64), de Chypre (65), de la Slovénie (62) et de la Lituanie (62).

En bas du tableau, on trouve la Finlande (55), la Slovaquie (57), la Croatie (57), l’Estonie (59) et la Lettonie (59).

Premier enseignement de ce classement : l’écart entre le Royaume-Uni et ses suivants – dix pays obtiennent un score compris entre 70 et 79 – montre clairement à quel point la plupart des pays de l’UE sont loin de mettre en œuvre des politiques appropriées pour ouvrir les marchés au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour se conformer aux directives et règlements européens. La France qui se distingue souvent par la surtransposition des textes européens, pénalisant au passage ses entreprises, montre qu’elle ne pratique pas la même politique en matière d’ouverture des marchés !

Deuxième enseignement : les pays qui sont membres de l’UE depuis longtemps sont plus susceptibles d’afficher un score élevé. Ainsi sur les dix pays les plus libéralisés, huit appartiennent au noyau dur des 15 pays qui étaient membres de l’Union européenne dans les années 1990. Deux exceptions notables : la République tchèque et la Roumanie, qui ont rejoint l’UE dans les années 2000, et qui se classent respectivement aux 9e et 10e rangs. Exception également pour la France (membre depuis 1958) et la Grèce (depuis 1981) qui ne se classent respectivement qu’aux 17e et 23e places.

Troisième enseignement : les grands pays sont plus susceptibles d’avoir des économies ouvertes que les petits : le coefficient de corrélation entre la population d’un pays et son indice de libéralisation est d’environ 0,55. La corrélation n’implique pas nécessairement la causalité, mais dans ce cas, il se pourrait bien que les gouvernements des petits pays soient plus susceptibles d’être prisonniers de monopoles ou quasi-monopoles.

Quatrième enseignement : la libéralisation économique est, dans la plupart des cas, le résultat des efforts de l’Union européenne en faveur de l’intégration des marchés. Cependant, beaucoup de pays se contentent de se conformer aux exigences d’ouverture de l’UE, mais ne cherchent pas à aller plus loin. Une exception toutefois : le Royaume-Uni qui a été le pionnier de la politique de libéralisation qui, par la suite – du moins dans une certaine mesure – est également devenue une caractéristique de la politique de l’UE. Il a ainsi été le premier pays à libéraliser l’énergie et les télécommunications. Sur la plupart des marchés, il serait donc difficile d’attribuer le degré élevé de libéralisation observé au Royaume-Uni à l’influence de l’UE. C’est même le contraire qui serait probablement vrai !

Des différences notables selon les secteurs

Le Royaume-Uni se distingue en ayant la meilleure note (100) dans cinq secteurs économiques sur neuf, à savoir le marché du gaz naturel, le marché du travail, le marché de l’électricité, le transport aérien et les marchés de l’assurance. Pour le reste, il obtient de bons résultats en ce qui concerne les services postaux (89), les chemins de fer (86) et la distribution de carburants (85), tandis qu’il a un résultat moyen en ce qui concerne les télécommunications (78).

L’Irlande obtient de très bons résultats en ce qui concerne la main-d’œuvre (97), le gaz naturel (91) et le transport aérien (85). L’Espagne est le pays le plus performant en ce qui concerne les télécommunications (100), mais elle obtient également de bons résultats dans les secteurs du gaz naturel (91), de l’électricité et des transports aériens (86 chacun), ainsi que des assurances (80).

La Croatie et la Slovaquie obtiennent systématiquement de mauvais résultats dans chaque dimension, même si elles sont particulièrement mauvaises en ce qui concerne le transport ferroviaire, avec des scores respectifs de 14 et 23. La Finlande a des scores faibles dans presque tous les secteurs étudiés – avec un score très bas de 23 pour le marché du gaz naturel – mais possède un marché de l’électricité très dynamique, avec un score de 90.

Quant à la France, elle obtient de bons scores dans les assurances (100) et les télécommunications (99). En revanche, elle a de piètres résultats sur le marché du travail (43), le transport aérien (45), la distribution de carburants (47), l’électricité (58) et surtout le ferroviaire (28). Enfin, s’agissant du gaz (73) et des services postaux (74), ses scores sont très moyens.

Se nourrir des expériences étrangères

Le rapport de l’Institut Bruno Leoni permet de connaître le degré d’ouverture à la concurrence des pays de l’Union européenne. Il donne également des informations utiles sur les secteurs les plus ouverts et les plus fermés dans chacun des pays. Nous pouvons ainsi nous rendre compte que la libéralisation est réelle, et fonctionne, dans certains pays et qu’il serait pertinent d’en tirer des leçons.

La France aurait ainsi intérêt à s’inspirer de quelques pays pour libéraliser ses marchés encore fermés. La Suède (score de 100) pourrait servir de modèle à une réforme du transport ferroviaire ; le Royaume-Uni (100) de l’aérien ; la Bulgarie (97), l’Irlande (97), Malte (97) et le Royaume-Uni (100) du marché du travail ; la Belgique (91), l’Irlande (91), l’Espagne (91) et le Royaume-Uni (100) du secteur gazier ; la Pologne (100), l’Allemagne (95) et l’Autriche (91) de la distribution de carburants.

Imiter nos voisins qui ont libéré leurs marchés est même une idée lumineuse en période de crise. En effet, ouvrir l’économie est bénéfique pour les finances publiques – cela ne nécessite pas de dépenser à tout-va, au contraire d’un plan de soutien ou de relance – et stimule fortement la croissance économique et l’innovation.

Mais l’avenir n’est-il pas sombre ? En effet, le pays le plus libéralisé, le Royaume-Uni, a quitté l’Union européenne ; un nombre croissant d’États membres réclament une « politique industrielle » souveraine comme alternative à la concurrence ; le Covid-19 a entraîné (temporairement ?) la suppression des obstacles à un interventionnisme accru et discrétionnaire des États dans l’économie

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