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Les raisons du déclin français

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Les défaillances d’entreprises battent des records en France, au-delà des mauvais chiffres de de 2018. De grandes entreprises ferment des sites : Arcelor Mittal, Michelin, Auchan… Le chômage remonte. Les taux de la dette flambent : au 27 novembre l’écart entre le taux d’emprunt de l’Etat français et de l’emprunt allemand à dix ans est d’environ 80 points de base. Son taux d’emprunt est supérieur à celui de l’Espagne ou du Portugal et se rapproche sérieusement de celui de la Grèce, un mauvais présage. La charge de la dette va s’alourdir sérieusement car chaque année l’Etat français doit renouveler une partie de ses emprunts (environ 300 Md€ par an) aux nouveaux taux de marché.

Certes, la situation se dégrade partout en Europe, chez ThyssenKrupp, Volkswagen, Ford…, notamment du fait de la folie réglementaire et de la hausse de prix des énergies qui y sévissent par suite des politiques idéologiques de la Commission.

Mais la France y ajoute une instabilité chronique, couronnée par la censure de ce 4 décembre, que M Macron a précipité en dissolvant l’Assemblée après avoir exaspéré et désespéré les Français. Depuis trop longtemps la France finance ses dépenses courantes à crédit. Depuis le début des années 2000, sa balance commerciale se dégrade fortement, atteignant 194,9 milliards d’euros (Md€) de déficit en 2022. Sa productivité baisse : moins 5,2% en 2024 par rapport à la période pré-covid. Elle avait lustré son ramage et son plumage pour attirer des investissements étrangers. Mais selon la dernière enquête annuelle de EY, l’attractivité de la France s’est dégradée dramatiquement suite à la dissolution surprise, à l’instabilité qui s’en est suivie, à la hausse de la fiscalité et à l’impasse budgétaire dans laquelle nous sommes.

Une longue maladie française

La France a déjà connu une crise financière sévère à la suite de la chute de Lehman Brother en 2008, mais le monde entier en était frappé alors que cette fois –ci elle subit seule de plein fouet. Parce que cette crise financière et économique est d’abord la crise de toute la société. Ses racines puisent loin dans le temps, de la centralisation du pouvoir par Louis XIV au service de sa grandeur fragile, au socialisme de 1793 et des utopistes du XIXème siècle qui gangrène notre pays depuis lors. La France a gardé l’étatisme qui prévalait dans le Régime de Vichy et elle n’a évité la prise de pouvoir des communistes à la Libération qu’en conservant l’esprit collectiviste qu’ils avaient insufflé dans la charte du Conseil national de la Résistance et dans le préambule de la constitution de 1946. Depuis plus de cinquante ans, la France vote des budgets publics en déficits en croyant aux leçons de Keynes selon lesquelles le déficit public pourrait créer de la richesse. Pourtant son PIB par habitant (en $ US constant 2010) n’a cru que de 36% de 1990 à 2023 alors que sur la même période, il a connu une hausse de 45% en Allemagne après les réformes sociales Hartz favorisant la liberté du travail, de 58% en Nouvelle Zélande après la libéralisation de l’économie et notamment de l’agriculture, de 60,6% en Suède après qu’elle a fait maigrir l’Etat, de 61% aux Pays-Bas libéraux, de près de 67% aux Etats-Unis qui ont conservé leur attachement à l’économie de marché. Les dépenses publiques représentent respectivement 57% en France, 49% en Suède, 48% en Allemagne, 44% aux Pays-Bas, environ 40% en Nouvelle Zélande et 35% aux Etats-Unis !

Les raisons de notre appauvrissement

Le taux de croissance du PIB baisse régulièrement en France, de manière inversement proportionnelle à la hausse de ses dépenses publiques et de ses prélèvements obligatoires. Parce que les dépenses publiques sont moins productives que les dépenses des entrepreneurs et des consommateurs privés qui dépensent pour eux-mêmes quand les gouvernements le font pour les autres. Chacun sait mieux ce qui lui convient que la puissance publique. Chacun est plus attentif qu’elle au rapport qualité/prix de ses dépenses.

L’excès de nos dépenses publiques induit celui des prélèvements obligatoires, les plus élevés des pays développés en pourcentage du PIB. Ces charges fiscales et sociales pèsent sur les prix de revient, les marges, l’innovation, l’investissement et l’activité des producteurs. Il s’ensuit que les salaires nets et le pouvoir d’achat sont plus faibles qu’ailleurs et que le chômage y est plus important.

Par ailleurs, la France dispose d’une fonction publique pléthorique à laquelle elle accorde, à l’encontre de nombre d’autres pays, un statut privilégié qui ne favorise guère ni le travail ni la productivité. Dans le secteur privé le droit du travail protège tant les syndicats et les salariés qu’il alourdit l’organisation du travail et son coût. Plus encore, un excès de protection publique affaiblit les individus, décourage leurs efforts et leurs initiatives. L’abaissement par Mitterrand du départ à la retraite à 60 ans et les 35 heures ont laissé croire que le travail était accessoire et que l’Etat pouvait pourvoir à tout. Les Français ont pris l’habitude de ne plus payer leurs soins, l’école de leurs enfants, leurs loisirs municipaux. Peu ou prou, leurs logements sont pris en charge, la crèche des petits, ils sont partiellement remboursés de leur carte syndicale, de leur premier abonnement à un journal, de la réparation de leurs chaussures ou de leur réfrigérateur…. Les collectivités locales ont perdu leur autonomie fiscale et financière. Même les entreprises sont droguées d’aides, exonérations sociales et fiscales et autres niches qu’elles payent en surcoût de prélèvements sans s’en rendre compte.  Le système les appauvrit tous pour mieux les soumettre chacun ensuite, et il les laisse se battre pour les miettes qu’ils se partagent. Ils deviennent dépendants et s’habituent à cette dépendance.  « La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude » écrivait déjà autour de 1575 le très jeune Etienne de la Boétie.

Mais personne n’aime longtemps la main qui le nourrit et dès lors trop souvent le méprise. Ceux qui supportent cette servitude volontaire se révolteront un jour si nous ne savons pas leur rendre la maitrise de leur vie, la liberté et la responsabilité constitutives de la dignité de tout individu. Ce dont se préoccupe toute politique authentiquement libérale.

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9 commentaires

Junior 9 décembre 2024 - 9:02 am

Le manque de confiance dans l’État et ses administrations tentaculaires et tatillonnes, le manque de confiance dans nos  »gouvernants » qui cultivent leurs  »EGOS », sans s’investir dans des objectifs claires d’où une grande invisibilité pour les décideurs et les investisseurs…
Un manque de CONFIANCE pour redonner un souffle

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Jean-Aymar de Sékonla 9 décembre 2024 - 9:19 am

Macron a poursuivi la destruction de la France en deux fois 5 ans et nous a montré qu’on pourrait la reconstruire en 5 ans… à condition de donner le pouvoir à un général !
Tien? n’y aurait il pas comme un air de déjà vu? Il est vrai que l’imagination n’est pas son fort.

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Yves 9 décembre 2024 - 10:18 am

Synthèse très pertinente qui désigne la cause première de tous nos maux, mais qui, dans la suite de l’article, semble placer celle-ci au même niveau que les causes en cascade qu’elle génère.
La cause première, initiale, celle dont tout découle – on peut parler de principe premier – est culturelle.
Il s’agit de l’idéologie socialisante qui gangrène notre pays depuis si longtemps (probablement la révolution, et avec des résurgences fatales, après-guerre, 1968, 1981…).
L’idéologie gauchisante est un cancer pour l’Homme. Ce cancer renait systématiquement de ses cendres sous des formes, certes apparemment édulcorées avec l’évolution du monde, mais tout autant létales. On parle aujourd’hui de progressisme qui n’est rien d’autre qu’un néo-socialisme avec son cortège d’asservissement et de détestation de l’homme et de la Liberté.
Cette idéologie est un monstre si difficile à abattre qu' »elle est la seule à se justifier sur les ravages qu’elle engendre inéluctablement (1) » . De telle sorte que son issue est la mort du système qu’elle infecte.

(1) cette phrase si clairvoyante n’est pas de moi, mais d’un inconnu dans un forum sur la Liberté

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Berzud 9 décembre 2024 - 11:23 am

Merci pour cet article de qualité. Avec 0,80 de taux d’intérêt supplémentaire nous allons devoir payer 21 milliards d’intérêts supplémentaires.. cette année..l’objectif d’économie que nos politiques incapables ne veulent pas voter est déjà neutralisé . La France est en train de sombrer. La cigale France sait faire la fête mais ce sera bientôt celle de nous toutes et tous les Français.

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Jojo 9 décembre 2024 - 2:23 pm

Ne critiquons pas seulement les politiques, bien que beaucoup, quand ils arrivent au pouvoir, se révèlent incompétents, parce que l’habilité à se faire élire n’a rien de commun avec la compétence pour gouverner. Les politiques font ce qui est nécessaire pour être élus : flatter le peuple, lui promettre n’importe quoi, culpabiliser les autres pour masquer leurs échecs, et..Et une fois élus, infantiliser le peuple, le rendre dépendant aux aides de toute sorte, lui faire croire que tout va bien, renforcer la propagande et la discrimination envers ceux qui pensent différemment. Et les politiques ont cyniquement raison : ils sont réélus, ou tout au moins soutenus par beaucoup. Comme toujours, la fin justifie les moyens. Chirac, Hollande, Macron, qui ont tous accompagnés le déclin et la descente vers la décadence, ont été réélus, même Hollande comme député. Et si Macron pouvait se présenter une troisième fois, il obtiendrait probablement encore 30 % des voix, grâce à de nouvelles promesses, à défaut d’être réélu. Cherchons les causes du déclin dans les pertes de valeur, l’égoïsme et la paresse, intellectuelle et physique, des électeurs, les politiques qui se font élire ne font qu’y répondre et s’y adapter. Les choses ne changeront que quand les Français commenceront à avoir faim et que le niveau de vie aura dramatiquement diminué. Pas avant, du moins tant que les estomacs seront pleins, et le divertissement toujours aussi pléthorique à la télévision.

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Laurent46 9 décembre 2024 - 2:38 pm

Ne vous faites pas d’illusions, tant que les immondes écolos et les gauchos auront de l’audience la France ne s’en sortira plus. J’entends à longueur de journée les médias tout aussi infâmes critiquer les Allemands toujours est-il que les constructeurs de voitures Allemands sortent toujours des véhicules diesel quand Peugeot qui régnait en maître il n’y a pas si longtemps que cela avec ses moteurs diesels s’est vu affliger d’un amende hors du temps pour avoir fabriqué quelques véhicules diesel pour satisfaire ses clients ! conclusion les demandeurs se sont tourné vers des voitures Allemande. On peut également parler des malus qui ne sont que de l’escroquerie d’Etat. La connerie Républicaine n’a plus de limites. Alors les conards, les intellos et autres débiles intervenants sur les différentes chaînes de télévision au lieu de critiquer les Allemands cherchez les causes qui sont bien le problème de cette République laïque gauchiste qui n’a jamais rien fait d’autre que du pillage et de la destruction. J’ai quelques souvenir des années fin 60/70 ou les guignols de communards achetaient les grosses propriétés de la famille Peugeot pour le franc symboliques devenus trop chères en taxes et autres frais alors que les crétins gauchos dansaient autour d’un feu de camps en chantant « on les a bien eu ce gros patrons » en attendant tous ces bâtiments sont à la charge des collectivités et le siège de Peugeot est ailleurs dans un autre pays alors que les Allemands eu ont toujours gardé les sièges sociaux de leurs grands groupes dans leur pays.

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Kierszbaum 9 décembre 2024 - 2:39 pm

Je partage l’analyse de Yves. Le socialisme est le problème des français. La couardise, la lâcheté et l’incompétence, celui de la classe politique, toutes tendances confondues.

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Thierry 9 décembre 2024 - 6:57 pm

Trés bon résumé de JP Delsol .
Les causes , les raisons du déclin a tous les niveaux , nous les connaissons tous , depuis des décennies (Sarko , Hollande , Chirac , Macron , Mitterand en téte de liste ) . Je rejoins les commentaires de JOJO
Les moyens pour relever le pays aussi nous les connaissons , comme d’autres pays l’ont fait avec succés en Europe .
Alors , quel groupe politique aura le Courage de renverser la table ?
Quels sont les groupes politique qui parlent de Valeur Républicaine vont freiner des 4 fers pour éviter le changement structurel ?
nous avons déja les réponses a ces questions . On tourne en rond depuis des décennies .
Mais surtout il serait souhaitable que la majorité des Francais au lieu de « Raler  » en permanence et pour souvent n’importe quoi est le Courage de voter pour le changement , d’arréter d’étre  » frileux  » au changement .
A tous ces frileux au changement , il y aura toujours le poulet nourri au grain chez Mamy le dimanche midi .

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Jean-Aymar de Sékonla 9 décembre 2024 - 7:56 pm

La politique a dévoyé la démocratie. Elle est devenue le moyen pour des individus, incapables de créer de la richesse, de prospérer sur celle crée par d’autres en faisant carrière prétendument au nom de l’intérêt général.
La réalité est bien moins glorieuse, la politique permet a ces être doués seulement de mémoire et d’éloquence de tromper le peuple, voire de le ruiner, tout en promettant de veiller sur lui, sans risquer la moindre sanction pénale… génial non?
Pelico droguait sa femme pour pouvoir la « soumettre », alors que penser de nos politiques qui droguent le peuple à l’aide publique… pour mieux le soumettre!

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