Les quatre mythes les plus répandus sur EDF

EDF est une entreprise privatisée. Faux. Une entreprise saine. Faux. Dont l’électricité est la moins chère d’Europe. Faux. Les retraites des salariés d’EDF ont été réformées. Faux. Quatre mythes que relève Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF.

L’article intitulé « Votre facture d’électricité ou le service public des…taxes » a déclenché de très nombreuses réactions et beaucoup d’échanges sur le site de l’IREF. Nous vous en remercions. A partir de certaines contributions, nous aimerions faire une mise au point concernant quelques mythes sur l’entreprise Electricité de France.

1. EDF est une entreprise privatisée

FAUX . L’Etat est actionnaire à 84,6% d’EDF. Lors des débats récents concernant la rémunération de Monsieur Proglio, PDG d’EDF, l’Etat a fait pression en rappelant qu’il restait l’actionnaire principal de l’entreprise.

2. EDF est une entreprise saine

FAUX . L’entreprise EDF n’est pas du tout en bonne santé financière. L’entreprise affiche une dette de plus de 24 Mds d’euros (16.5 Mds en 2007) pour un chiffre d’affaires de 60 Mds d’euros. Les engagements non provisionnés des retraites des agents EDF-GDF qui s’élèvent à plus de 90 Mds d’euros sont à la charge des assurés du privé. En effet, depuis janvier 2005, le régime des agents a été «adossé » à celui des salariés du privé via une nouvelle taxe : « Contribution tarifaire d’acheminement du gaz et de l’électricité » dont les recettes s’élèvent à plus d’1 Milliard d’euros par an (Voir les comptes d’EDF).

Il y a eu des investissements à l’étranger, certains très profitables (en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche et en Belgique) et d’autres beaucoup moins, comme par exemple au Brésil et dans d’autres pays de l’Amérique latine qui ont coûté des milliards à l’entreprise. EDF profite largement de l’ouverture des marchés car la moitié du chiffre d’affaires est réalisée à l’étranger. Pourquoi ne pas faire profiter aussi les consommateurs français ?

On peut se demander aussi pourquoi EDF n’a pas investi pour enterrer les lignes de haute tension qui enlaidissent le territoire. D’autres pays (l’Allemagne par exemple) l’ont fait depuis longtemps.

3. Nous avons l’électricité la moins chère d’Europe

FAUX . L’électricité en France n’est pas la moins chère. Il faut d’abord distinguer entre le prix de l’électricité pour les ménages et ceux pour les industriels. Ensuite, il faut tenir compte des taxes qui sont nombreuses en France comme on a pu le voir dans notre article et l’Eurostat (l’organisme statistique de l’Union Européenne) ne tient compte que des taxes « principales » (TVA, autres taxes gouvernementales…) et a tendance à ignorer les taxes « exceptionnelles ». Malgré cela, dans l’étude de l’Eurostat intitulée Prix de l’électricité pour les ménages et l’industrie de l’UE au 1er janvier 2007, le tableau se trouvant page 3 montre que dans une bonne douzaine de pays européens, le prix du kwh est moins élevé qu’en France pour ce qui est de l’électricité proposée aux ménages. Concernant les industriels, dans cinq pays européens l’électricité est moins chère qu’en France. Enfin, ne devrait-on pas calculer le vrai coût de l’électricité en y incluant aussi les coûts indirects, c’est-à-dire nos impôts et nos cotisations retraite ?

4. Le système de retraite des agents EDF a été réformé

FAUX . Malgré la situation financière catastrophique (90 Mds d’euros non provisionnés) du régime spécial d’EDF, le système de retraite n’a subi qu’une réforme « paramétrique ». En échange de l’allongement très progressif de la durée d’activité de 37.5 à 40 ans, les agents d’EDF et de GDF ont bénéficié de très nombreux nouveaux avantages : primes supplémentaires, revalorisation des traitements, augmentation des retraites, adoption d’un régime complémentaire par capitalisation… Les nouveaux privilèges ainsi que les limites de cette (fausse) réforme ont été révélés par plusieurs rapports du sénateur Dominique Leclerc. Rappelons aussi que le régime de retraite des agents EDF et GDF a été « adossé » au régime général en 2004. Ce qui veut dire que le trou du financement est compensé par les salariés du privé (actifs et retraités) grâce à leurs cotisations et aux taxes imposées par l’entreprise publique sur la facture d’électricité.