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Les errements de la politique démographique chinoise

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La récente annonce du gouvernement, qui prévoit d’augmenter la limite légale du nombre d’enfants par foyer de deux à trois, marque un moment important de l’histoire contemporaine du pays. Elle témoigne de la volonté soudaine de la Chine de passer d’un système démographique restrictif à un système incitatif, ce qui constitue un défi majeur. Aujourd’hui la politique démographique semble trop inadaptée pour être effective.

La question est évidemment centrale car elle touche à l’ambition hégémonique de l’empire du milieu, qui repose notamment sur sa force démographique (1,4 milliards d’habitants en 2020).

Effondrement démographique

Bien que la véracité des chiffres communiqués par le PCC ne soit pas certaine, le déclin démographique chinois est incontestable.

Selon les dernières données communiquées le 11 mai 2020 par les autorités, il y a eu 12 millions de naissances en 2020, soit 20% de moins qu’en 2019. Certains spécialistes estiment que les chiffres pourraient avoir été gonflés, sachant que les calculs des statisticiens chinois ont été préalablement revus et modifiés par les organes du PCC. Mais même ainsi, l’année 2020 a enregistré la plus faible croissance démographique depuis les périodes de famine de 1960. Depuis 1990, la Chine est au-dessous du taux de remplacement de 2,1 enfants par femme.

Les conséquences économiques de ce phénomène sur la croissance et le dynamisme économique, moteur de la puissance chinoise, sont encore difficilement prévisibles. Mais elles seront importantes. Les experts chinois reconnaissent eux-mêmes que le pays fait face à un problème majeur en ce qui concerne les retraites. L’académie chinoise des sciences sociales estime que les fonds de pension pourraient être à court de liquidités dès 2035. Par conséquent, des mesures impopulaires sont actuellement débattues pour augmenter l’âge du départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes (l’espérance de vie étant de 75 ans pour les premiers et 80 ans pour les secondes selon l’Insee, soit 5 ans de moins qu’en France).

La démographie : un problème de longue date en Chine

Même à l’époque où la Chine bénéficiait d’un dynamisme démographique important, la démographie fut gérée d’une très mauvaise manière par le PCC, notamment avec la célèbre politique de l’enfant unique qui a encore des répercussions négatives aujourd’hui. Comme son nom l’indique, la politique de l’enfant unique a obligé les citoyens chinois à ne faire qu’un seul enfant de 1979 à 2015 (avec quelques périodes de souplesse dans certains cas de figure). Contrairement à certaines idées reçues, cette politique n’était pas inévitable. Les motivations du PCC étaient plutôt d’ordre socio-économique. L’État chinois a voulu montrer qu’il pouvait améliorer le niveau de vie de ses citoyens : limiter le nombre d’enfants revient à économiser les ressources du pays (puisque la richesse est partagée par moins de personnes) et donc à proposer un meilleur confort.

Cependant les conséquences humaines ont été déplorables : les stérilisations forcées, les enfants cachés par les parents, aussi appelés « enfants noirs » (environ 13 millions selon les chiffres officiels de 2010), ainsi que la surreprésentation masculine dans la population, ont déstabilisé le pays.

La politique de l’enfant unique a laissé des séquelles profondes qui fragilisent la société, ancrant des tendances qu’il ne sera pas facile d’inverser. Par exemple, il est estimé qu’en 2019 il y avait 30 millions d’hommes de plus que de femmes. Alors que le gouvernement cherche maintenant à booster sa démographie, cet écart va compliquer ses objectifs. En outre, les filles uniques maintenant adultes se sont habituées à leur indépendance, elles ont réussi à construire une carrière professionnelle et leur désir d’enfant est moindre.

À la vue de ces déséquilibres majeurs, le renversement de la politique démographique n’aura que peu d’incidence. D’ailleurs, lorsque le gouvernement a officiellement abandonné la politique de l’enfant unique en 2015, les chiffres de la natalité n’ont guère bougé. La nouvelle mesure fut accueillie avec beaucoup de réserves par le peuple, pourtant habituellement très peu enclin à critiquer publiquement l’État. Sur le forum de Xinhua, une agence de presse étatique qui avait fait l’annonce, seuls 5% des internautes ont déclaré envisager d’avoir 3 enfants (le sondage a été rapidement supprimé).

Après plus de 40 ans de politique démographique mal gérée, la Chine a accumulé des faiblesses structurelles qui fragilisent sa démographie. Ce sujet s’impose donc comme un défi décisif pour l’avenir du pays et son ambition hégémonique.

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2 commentaires

BLAIZE 10 juin 2021 - 8:39

Article sans intérêt
Franchement cet article est d’une vacuité sans strictement aucun intérêt. En dehors d’enfoncer des portes ouvertes, j’aimerais que soit développé la dernière phrase sur la pseudo hégémonie de la politique chinoise. Je suis très déçu, compte de tenu de l’excellence habituelle de vos intervenants. Cordialement.

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Jules Devie 10 juin 2021 - 9:36

Les errements de la politique démographique chinoise
Bonjour Monsieur,

Le but de l’article est de nuancer le déterminisme occidental qui consiste à voir la Chine invincible. Pour ce qui est de l’hégémonie chinoise, je vous invite à lire les différents articles sur le site de l’IREF détaillant les ambitions chinoises.

Bien cordialement

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