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Trump : ni protectionniste, ni adepte du libre-échange total

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Il est frappant de voir un si grand nombre de zélateurs du libre-échange surgir en France un peu comme les champignons après la pluie. Cela fait des années que nous plaidons pour la mondialisation et la liberté totale du commerce et nous n’avions jamais remarqué un tel nombre de « supporters ». S’agit-il de vraies convictions ou bien de réactions instinctives et systématiques contre une idée économique ou politique défendue par le président américain ? Si Trump veut plus de protectionnisme, alors tout le monde ne peut être qu’au service du libre-échange. Dans les faits, en regardant les textes, les « improvisés » protecteurs de la liberté du commerce risquent d’être déçus. Le traité qu’il vient de signer avec le Mexique et le Canada montre que s’il n’est pas un grand adepte du libre-échange total, il n’est pas non plus un protectionniste. Loin de là.

Trump a donc voulu changer les termes du traité connu sous le nom d’ALENA (NAFTA en anglais), signé le 1er janvier 1994, qui a instauré une zone de libre-échange en Amérique du Nord. Le nouveau traité, d’abord signé par le Mexique, ensuite par le Canada, est rebaptisé AEUMC (Accord Etats-Unis-Mexique-Canada, ou USMCA en anglais). Il reprend en très grande partie les termes de l’ancien tout en apportant plusieurs changements. Certains, positifs, d’autres, plutôt négatifs.

Les points positifs

– C’est dans le domaine agricole que l’Accord institue encore plus de libertés. Le Canada accepte les importations de produits agricoles comme les produits laitiers, les œufs, la volaille, le blé et le vin, qui étaient taxés auparavant.
– De même, entre le Mexique et l’Amérique, il est mis fin à tous les tarifs douaniers et autres aides dans le domaine agricole. Une très bonne nouvelle pour les producteurs américains et pour les consommateurs.
– La valeur minimale des produits achetés online (le commerce numérique) entre les pays membres, qui est taxée, a été relevée jusqu’à 800 dollars aux Etats-Unis.
– Les réglementations et les taxes sur les investissements d’un pays à l’autre ont été réduites.
– Les services financiers et la propriété intellectuelle disposent de nouvelles règles, plus souples et plus favorables au libre-échange.
– Le traité met fin aux restrictions concernant les OGM et les médicaments biologiques.

Les points négatifs

– Les aspects les plus protectionnistes concernent les voitures. Pour ne pas être taxées, les voitures doivent contenir 75 % de composants en provenance de l’Amérique du Nord. 40 % de la voiture doivent être fabriqués dans des usines où les ouvriers gagnent en moyenne 16 dollars de l’heure.
– Les pays signataires doivent accorder beaucoup plus d’attention au « droit du travail et à la protection des ouvriers », ce qui pourrait renforcer les syndicats et les mesures protectionnistes. Mais c’est une mesure intéressante concernant le Mexique et qui devrait faire plaisir à la gauche mélenchoniste…

Les conséquences de ce nouveau traité sont difficilement mesurables. Globalement, il est nettement moins mauvais qu’on ne le craignait et sur certains points même plus en faveur du libre-échange que l’ancien accord. Il faudra attendre le vote au Congrès américain, après les élections de novembre, pour en avoir la version finale. Pour le meilleur ou pour le pire.

D’ici là, il ne faut pas oublier que le libéral Reagan avait instauré encore plus de mesures protectionnistes au début des années 1980 (que les Démocrates ont d’ailleurs aggravées en 1987). Concernant l’industrie automobile, Reagan affirmait que « Le japon est le grand problème. Ce pays doit mettre fin à l’avalanche de voitures qui arrivent dans notre pays »…
Le Japon a été obligé d’accepter des quotas sur les exportations. De même, c’est bien Reagan qui a imposé des droits de douane à 45 % sur les motos japonaises, a demandé à l’Allemagne et à la Suisse des quotas sur les exportations de machines-outils et a mis en place une taxe à 100 % sur les puces électroniques ! Au demeurant ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux ! La Banque mondiale estimait en 1984 que toutes ces mesures protectionnistes représentaient l’équivalent d’une hausse de 66 % du prix des produits en cause pour les consommateurs américains. Avis à l’administration Trump.

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