Très prompts lorsqu’il s’agit de s’en prendre au président américain, de nombreux journalistes et analystes semblent apprécier les annonces faites par Trump concernant plusieurs mesures protectionnistes et tarifaires sur l’acier. Au moment où les nouvelles économiques venant d’Amérique sont extrêmement positives car les demandes d’allocations chômage sont tombées à 220 500 en moyenne par mois, ce qui constitue le plus bas niveau depuis 1969, les commandes dans le secteur manufacturier atteignent leur niveau de 2004 et le taux d’emploi dans ce secteur est passé de 54.2 % à 59.7 % en seulement quatre mois, Trump brandit la menace d’une guerre commerciale avec la Chine. Il a affirmé qu’il imposerait des tarifs douaniers de 25% sur l’acier importé et de 10% sur l’aluminium.
La Chine, c’est plus un Parti qu’un « partenaire » commercial
Mais quelle est la réalité économique dans ce domaine ? Premièrement, tous ceux qui connaissent la Chine savent que la façon dont ce pays fait du commerce n’a presque pas d’égal dans le monde. Grande puissance, la Chine a un capitalisme d’Etat dirigé par les apparatchiks du Parti. Les affaires importantes ne peuvent pas se faire sans la participation ou l’aval des dirigeants importants. L’acier en fait partie mais mêmes des secteurs moins importants imposent des règles particulières – comme l’obligation de faire un partenariat avec une entreprise chinoise – à ceux qui veulent investir en Chine.
Des mesures graves et des conséquences imprévisibles pour des résultats insignifiants
Sur le fond, on pourrait comprendre que Trump veuille corriger les rapports avec la Chine communiste qui vit sous l’emprise de sa technocratie plutôt que dans le respect du marché et des accords commerciaux. Mais la Chine ne représente que 2,2% des importations américaines d’acier. La Russie en représente 8.7 %, la Corée du Sud, 10 % et le Canada, 16 %. Ce sont ces derniers pays, alliés et partenaires des Etats-Unis, qui seront les plus touchés. Par ailleurs, les secteurs économiques américains utilisateurs d’acier emploient 6.5 millions d’Américains tandis que les fabricants d’acier emploient seulement 140 000 personnes. Ce sont les industries de transport (automobiles et aérien) ainsi que l’emballage qui utilisent le plus d’acier. Elles seront pénalisées par les mesures de Trump car les prix de leurs produits augmenteront (même si les premières estimations faites par les associations de consommateurs donnent des hausses assez ridicules, de l’ordre de 45 dollars pour une voiture moyenne et de 0.05 cents pour un pack de quatre bières).
Certes, Reagan l’avait fait aussi !
Les exemples de ce genre de mesures protectionnistes ne manquent pas dans le passé de l’Amérique. Même le président Reagan l’avait fait. Au début des années 1980, Reagan a mis en place des quotas d’importation sur les voitures, les motocyclettes, les chariots élévateurs à fourche, les puces mémoire, les téléviseurs couleur, les machines-outils, les textiles, l’acier, le bois canadien et les champignons. Il n’y a pas eu d’effondrement immédiat du marché mondial, ni de guerre commerciale même si la Bourse a dégringolé en 1987. Toutefois, à l’époque, les échanges commerciaux étaient beaucoup moins importants qu’aujourd’hui. Et ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux !
Le grand risque – si les mesures annoncées sont appliquées par Trump – c’est le commerce avec les vrais partenaires de l’Amérique, y compris l’Europe. Punir la Chine au nom des 800 Mds de dollars de déficit commercial peut se défendre, casser l’embellie économique américaine et provoquer une série de mesures protectionnistes au niveau mondial, beaucoup moins.
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chine
la notion d'obligation de partenariat pour investir en Chine n'est pas systématique! nous venons de créer une société en Chine dont tout le capital nous appartiend sans aucune participation chinoise! et cela n'a nécessité qu"un visa touriste! par contre il y a des obligations d'investissements sur uen période donnée
Malgré tout quand je compare avec la France, "il n'y a pas photo" c'est plus simple d'investir en Chine!
donc il faut savoir de quoi on parle de grands groupes ou de PME