Selon le rapport de l’OCDE, on distingue deux axes : une incitation très nette au développement de la capitalisation, avec la nécessité d’établir une information fiable et intelligible, l’ensemble étant renforcé par des contrôles vigilants sur les collecteurs. Tout un programme frappé au coin du bon sens, alors qu’en France, on s’est trop souvent attaché à diaboliser la capitalisation.
Selon le rapport « Perspectives de l’OCDE sur les pensions 2016 » publié ces jours-ci , « en 2015, les actifs des régimes de retraite par capitalisation représentaient plus de 50 % du PIB dans 13 pays de l’OCDE, contre 10 au début des années 2000. Au cours de la même période, le nombre de pays de l’OCDE dans lesquels les actifs des régimes privés de retraite par capitalisation sont supérieurs à 100 % du PIB est passé de quatre à sept« . Le tableau suivant illustre cette progression pour 9 des États membres, dont la France.
L’Organisation souligne donc « le rôle croissant des dispositifs de retraite par capitalisation« . Mais attention, « si ces régimes présentent des atouts de taille, ils présentent également des risques« , puisque le cotisant qui sait ce qu’il cotise, ignore le plus souvent ce qu’il touchera précisément sa retraite venue. Par contre, sa pension, soumise aux tables de mortalité en vigueur, échappera normalement aux virevoltes des pouvoirs publics, puisqu’il s’agit d’un contrat privé entre l’assureur et le retraité.
I – RÉSOLUMENT POUR LA CAPITALISATION
Même réduit à 9 membres, le tableau ci-dessus permet de se faire une opinion sur les trois types de comportement les plus courants:
– il y a ceux qui y croient et qui voient dans la capitalisation un levier puissant pour financer leur économie: le Danemark, le Royaume-Uni, les États-Unis, auxquels on ajoutera les Pays-Bas, font indiscutablement partie de cette catégorie qui table sur le dynamisme des marchés;
– il y a en face ceux qui n’y croient guère et qui se cantonnent frileusement dans une sorte de minimum syndical: l’Allemagne, la France et la Norvège appartiennent à ce peloton qui privilégie l’approche sécuritaire et institutionnelle par rapport au risque;
– il y a enfin ceux qui hésitent encore, comme le Japon, le Mexique ou l’Espagne mais qui peu à peu se rapprochent du premier groupe, dont les performances les attirent.
Or il semble bien que désormais le mouvement soit lancé et que de plus en plus de pays soient séduits par les performances de la capitalisation, la seule -rappelons-le- à rémunérer le placement à long terme des cotisations. Mais après avoir noté cette évolution encourageante, qui coexiste généralement avec le maintien d’une répartition solidaire, l’OCDE tient à mettre en garde les États et leurs ressortissants contre un comportement trop confiant, souvent synonyme de lourdes déconvenues.
II – MAIS UNE CAPITALISATION ÉCLAIRÉE
Notamment, l’Organisation souhaite la mise en place d’un « cadre cohérent » pour aider les souscripteurs à bien cerner les risques classiques de l’investissement financier, tout comme les conséquences de l’accroissement inéluctable de la longévité. Elle veut aussi la présence de conseillers financiers avisés, avec une déontologie suffisante pour parer aux conflits d’intérêts par trop flagrants. Symétriquement, elle recommande une amélioration sensible des connaissances financières des épargnants (environ la moitié des Français ne savent toujours pas quel est en fin d’année le capital obtenu en plaçant € 100 à 2% au tout début de l’année), notamment pour leur éviter de foncer tête baissée dans les pièges les plus grossiers tels que les rendements à la Madoff. L’utilisation intelligente d’internet devrait faciliter cet éveil, en visant une certaine simplicité de présentation pour offrir au souscripteur des barèmes accessibles ou des calculs simples avant de se faire une idée claire de ce qui lui est proposé. L’Organisation n’oublie pas le cadre réglementaire qu’elle veut voir adapté, notamment pour encadrer les innovations proposées dans les contrats et assurer un contrôle attentif de la gestion des assureurs, fonds ou autres collecteurs. Enfin, les sages souhaitent que des aides fiscales trop ciblées ne réservent pas la capitalisation aux plus riches et que les États se penchent aussi sur le sort des plus modestes en encourageant directement leur épargne-retraite, si besoin par des subventions.
CONCLUSION: CHANGER LES MENTALITÉS EN France
Donc au terme de ce rapport, on distingue deux axes: une incitation très nette au développement de la capitalisation, mais avec la nécessité d’établir une information fiable et intelligible, l’ensemble étant renforcé par des contrôles vigilants sur les collecteurs. Tout un programme frappé au coin du bon sens, alors qu’en France, on s’est trop souvent attaché à diaboliser la capitalisation. Raison de plus pour changer les mentalités d’une part en rassurant efficacement l’épargnant français sur le sort de son placement (le succès de l’assurance-vie en fonds garantis montre que capitalisation ne rime pas nécessairement avec banqueroute), d’autre part en sortant la capitalisation de l’étroit marché de niche dans lequel la frilosité de nos pouvoirs publics et l’hostilité des syndicats l’ont jusqu’ici durablement enfermée. L’exemple déjà cité du système de retraite des Pays-Bas est sans doute à étudier de près à la fois par ses performances (90,5% de taux de remplacement sur salaire brut en 2014, contre 55.4% seulement pour la France!) et aussi pour sa surveillance vigilante de la sélection et de la gestion des placements, qui ont ainsi réussi à traverser honorablement la grande crise financière de 2008.