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La leçon de l’Allemagne à la France

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La perspective des élections l’an prochain, en France et en Allemagne, incite chacun à regarder dans le jardin du voisin. Pour les Français, l’Allemagne leur apprend qu’on s’en sort mieux avec un équilibre budgétaire et des réformes, plutôt qu’avec des déficits publics et une absence de réformes, et qu’il vaut mieux baisser les impôts plutôt qu’augmenter les dépenses publiques !

Le chômage au plus bas en Allemagne

L’Allemagne n’est pas un paradis économique, mais quelques comparaisons simples montrent qu’elle se porte mieux que la France. C’est d’abord vrai dans un domaine, essentiel pour l’opinion, celui de l’emploi.

Taux de chômage de l'OCDE

Taux de chômage de l’OCDE

Les résultats sont clairs : depuis 2005, le chômage a reculé très fortement en Allemagne (le taux est presque trois fois plus faible aujourd’hui), alors qu’il a augmenté en France avant de se stabiliser au-dessus des 10%, et qu’il recule sensiblement depuis quelques années dans l’ensemble de l’OCDE, comme dans l’Union Européenne.

Plus de croissance et un commerce extérieur florissant

Du côté de la croissance du PIB, les résultats annuels sont clairs : 1,6% de croissance en Allemagne en 2014 contre 0,2% en France, 1,5% en 2015 chez notre voisin contre 1,2% chez nous. Pour 2016, la croissance trimestrielle est identique au premier trimestre (0,7%), mais elle est de 0,4% au second en Allemagne contre – 0,1 % en France. Les prévisions de l’OCDE, publiées le 21 septembre, vont dans le même sens : les projections de croissance pour 2016 sont de 1,8% en Allemagne contre 1,3% chez nous.

Il n’est pas besoin d’insister sur un autre indicateur, celui du commerce extérieur : l’Allemagne accumule les excédents (248 milliards d’euros en 2015) et la France les déficits : 45,7 en 2015. Il n’y a pas photo. Sans aller jusqu’à parler de miracle allemand, il faut constater que la situation est meilleure qu’en France. Faut-il s’en étonner ?

Equilibre budgétaire versus déficits

On pourrait chercher une explication du côté des politiques conjoncturelles. Pas du côté de la politique monétaire, puisque la monnaie est commune aux deux pays et qu’il n’y a qu’une politique monétaire de la BCE pour l’ensemble de la zone euro. Qu’en est-il de la politique budgétaire ? Si l’on en croit les keynésiens, le déficit budgétaire et les dépenses publiques boostent la croissance et l’emploi. De ce point de vue, la France devrait avoir des résultats bien meilleurs que l’Allemagne, puisque les finances publiques sont en déficit et que les dépenses publiques explosent. Or c’est l’inverse qui se produit, preuve que les relances par les déficits et les dépenses publiques sont sans effet, ou plutôt n’ont que des effets négatifs.

En effet, l’Allemagne a annoncé en juillet que le projet de budget pour 2017 serait à l’équilibre, voire en excédent, de même que ceux des trois années suivantes, alors que c’était déjà le cas en 2015 comme en 2016. Résultat : la dette publique allemande ne cesse de reculer ; elle était de 81% du PIB en 2009, la voilà un peu en dessous des 69% cette année et elle devrait être ramenée à 60% en 2020. La France connait la situation inverse : le déficit persiste, (3,4% du PIB en 2016, un peu moins en 2017 « grâce » à quelques tours de passe-passe budgétaires) aggravé par les promesses de dépenses publiques tous azimuts et la dette publique continue à augmenter (96,4% en 2016). Les dépenses publiques atteignent 57% du PIB contre 44 % en Allemagne. Les illusions keynésiennes s’évanouissent : le laxisme budgétaire est contreproductif. Et les impôts n’ont cessé d’augmenter chez nous, comme l’IREF l’a encore montré la semaine dernière.

Réformes versus immobilisme

La leçon est claire : les politiques conjoncturelles de relance ne font qu’aggraver la situation ; seules les réformes structurelles peuvent améliorer les choses. Le marché du travail se porte bien en Allemagne depuis les réformes le libéralisant (réformes Schröder, lois Hartz). Alors que le marché du travail allemand était l’un des plus réglementés, le voilà libéralisé et la flexibilité devient la règle, surtout pour les TPE, comme l’IREF l’a montré. Les Allemands sont également beaucoup plus favorables à la libéralisation du commerce international, leurs exportations tirant la croissance et l’emploi, face à une France aux réflexes protectionnistes.

Mais il y a bien d’autres éléments : le poids de la fonction publique (50 fonctionnaires pour 1000 habitants en Allemagne, 90 chez nous) ; une conception non marxiste du syndicalisme, le consensus étant recherché avant le conflit ; une protection sociale moins monopolistique ; un droit du travail moins pesant ; et une fiscalité moins spoliatrice et moins complexe. Dans ce domaine, les Allemands ont compris que la baisse des impôts était une condition de la croissance, pour stimuler l’offre, alors que le gouvernement français attend que la croissance revienne pour baisser les impôts ! Les 15 milliards de baisse d’impôts annoncés pour la prochaine législature par Wolfgang Schäuble, ministre des finances, accompagnés d’une volonté de libéralisation les échanges mondiaux, vont dans la bonne direction et contrastent avec la persistance du gouvernement français dans l’erreur. Moins d’impôts, moins de dépenses publiques, plus de réformes, Turgot tenait déjà le même langage en 1774 ; faute de l’avoir écouté, quinze ans plus tard, la Révolution était là.

Taux de chômage de l'OCDE

Taux de chômage de l’OCDE

 

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2 commentaires

Jidé 28 septembre 2016 - 12:58

dette publique.
Belle comparaison objective en faveur de l'Allemagne.
En revanche en ce qui concerne la dette publique, bien quelle soit meilleure en Allemagne qu'en France (69 contre 96.4 pour 2016) il n’empêche que les deux pourcentages sont bien au-delà des "sacro-saints" 60% ,soit disant exigés par Bruxelles et dont personne ne parle!

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ROLET Bernard 29 septembre 2016 - 11:51

N'oublions pas le lobbying à Bruxelles.
En dehors des incontestables performances mondiales mises en évidence par l'article, l'Allemagne s'avère malheureusement aussi championne de la concurrence déloyale intereuropéenne par le biais d'un lobbying effréné effectué auprès des décideurs de Bruxelles.

Il s'avère, de cette façon, facile de faire imposer, à tous les états membres, des directives favorisant les méthodes de production et de conditionnement du moment aux dépends des concurrents étrangers qui devront investir pour s'adapter à ces normes.

Les exemples concrets sont innombrables, dans les domaines les plus divers.

Je conclus en évoquant simplement une autre méthode déloyale: utiliser des migrants sous-payés pour créer des activités agricoles et maraîchères florissantes aux dépends des concurrents étrangers.

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