Depuis 2002, la France est en situation de récession organique, car la faible croissance de ces 20 dernières années n’a été obtenue qu’à coups de déficits publics plus importants que l’augmentation de la valeur ajoutée apportée à l’économie.
Le taux de croissance moyen n’a cessé de décliner en France depuis les années 1980
Lors d’une émission récente du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, en a profité pour évaluer « le déficit public pour 2021 à 9% [du PIB]». La prévision de croissance du PIB est quant à elle réduite à 5%, au lieu de 6%.
Considérant les volte-face et le pilotage à vue permanent du Gouvernement dans la gestion de la crise et des libertés fondamentales des Français, ces chiffres n’ont certainement aucune pertinence scientifique. Une chose semble hélas acquise, à savoir que 2021 sera à nouveau une année marquée par un déficit public abyssal et une faible croissance.
A en croire nos dirigeants, nous vivons une situation économique exceptionnelle, causée par la pandémie de Sars-CoV-2, et justifiant des mesures elles aussi exceptionnelles. L’intervention de l’Etat dans l’économie serait nécessaire, au moins temporairement, pour aider à surmonter cette période difficile.
La réalité est bien différente. D’après les statistiques officielles, depuis 1950 la France n’aurait connu que 4 années de croissance négative : 1975, 1993, 2009 et 2020. Certes, de décennie en décennie, le taux de croissance moyen n’a cessé de décliner, de plus de 5,9% par an dans la décennie 1960 à moins de 1,4% dans la décennie 2010. Ces données macroéconomiques nous inviteraient à croire que la croissance économique est faible, en baisse, mais pourtant encore réelle.
En ce qui concerne les déficits publics, ils sont systématiques depuis 1975. L’année 1974 est la dernière année où la France a enregistré un excédent budgétaire des administrations publiques, il y a donc 47 ans.
L’INSEE donne comme définition de la récession « une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays. » On parle de récession « si l’on observe un recul du Produit Intérieur Brut (PIB) sur au moins deux trimestres consécutifs. »
Depuis 2002, la France est en situation de récession organique
En reprenant les données macroéconomiques officielles, nous voulons démontrer que la France n’a pas connu seulement 4 années de récession sur les 70 dernières années. Nous avons voulu faire un exercice comptable très simple, à savoir mesurer la croissance organique de la France, c’est-à-dire la croissance interne de l’économie, sans endettement. En soustrayant le déficit public de la croissance du PIB, on observe que depuis 1981 le déficit public annuel a été supérieur à l’augmentation du PIB pendant 32 ans sur 41, soit 78% du temps (en partant des prévisions gouvernementales pour 2021, à savoir que le déficit sera supérieur à la croissance, si jamais il y a croissance…). Depuis 1981, seules deux périodes de 4 années chacune (de 1987 à 1990 et de 1998 à 2001) ont été marquées par une véritable croissance organique, c’est-à-dire avec un déficit inférieur à la croissance du PIB.
Depuis 2002, la France est en situation de récession organique, car la faible croissance de ces 20 dernières années n’a été obtenue qu’à coups de déficits publics plus importants que l’augmentation de la valeur ajoutée apportée à l’économie.
Depuis 2002, de nombreux ministres de l’Economie se sont succédé, parmi lesquels Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy, Thierry Breton, Christine Lagarde ou Emmanuel Macron. Bruno Le Maire ne fait que compléter cette trop longue liste de ministres qui, depuis 20 ans, n’ont pour bilan qu’une croissance organique négative et une croissance fictive obtenue uniquement grâce à des déficits démesurés d’au moins plusieurs dizaines de milliard d’euros par an. Pour le dire autrement, depuis 20 ans, la croissance apparente que la France annonce n’est qu’une illusion, masquée par un endettement incontrôlé que nos enfants devront rembourser, d’une manière ou d’une autre. La situation de la France n’est pas une fatalité. L’Allemagne, qui a fait des réformes courageuses au début des années 2000, a connu une véritable croissance organique de 2011 à 2019.
Bruno Le Maire affirme que « la promesse présidentielle du « quoi qu’il en coûte » sera tenue. Elle nous permettra de rebondir plus vite. » Evidemment, personne ne peut y croire. Le vrai rebond n’interviendra que lorsque nous retrouverons une vraie croissance. Et si nous faisions le contraire de ce que nos ministres de l’Economie ont fait depuis 20 ans ?
4 commentaires
L’économie française : 20 ans de récession
La Cinquième République est en situation d’échec persistant depuis un demi-siècle :
Crise de l’activité-chômage-de-masse, crise de l’agriculture, crise de l’aménagement du territoire et de l’environnement, crise de l’apprentissage, crise de l’artisanat, crise de l’Administration, crise de l’enseignement, crise de l’immigration, crise de l’industrie, crise de la justice, crise du logement, crise du maintien de l’ordre, crise de la médecine, crise de la pêche, crise des prisons, crise du système social, prélèvements obligatoires excessifs, déficits chroniques, surendettement de l’État etc.
L’impact global de toutes ces crises a été mesuré : de 1975 à 2019 la France est passée du 5ème au 26ème rang mondial pour le niveau de vie par tête.
Pour juger du niveau de qualité de la politique menée par nos gouvernants, il faut se souvenir qu’en moyenne les progrès de productivité des producteurs Français sont, grosso modo, de 2% par an.
Pendant que les uns travaillent, les autres creusent le trou !
Tous les gouvernements successifs, de droite, du centre ou de gauche, ont donc contribué à peu près également à la descente aux enfers de la France. La continuité remarquable de la détérioration des principaux indicateurs économiques en est la preuve.
Inutile de chercher des coupables, il est probable que la configuration des pouvoirs, organisée par la Constitution de 1958, est la cause initiale de tous ces dysfonctionnements.
les foutriquets qui occupent les palais de la république font de la très mauvaise cuisine, on aurait du en faire l’économie
J’hésite entre l’incohérence, les névroses multiples, un léger (?) déficit cognitif, une sous culture crasse en économie, un excès de substances hallucinogènes, un jeu macabre de bravade de surface, un zeste de « jmanfoutisme » (probablement beaucoup plus), le but unique de la jouissance exacerbée, quelques tentatives ratées d’illusionnisme, de la forfanterie à tous les étages avec un je ne sais quoi de démonstrateur de foire (foireux), une immoralité/amoralité totale, et par dessus tout parjures au dernier degré de la turpitude, des incapables veules et lâches . . . .
ceci à rapprocher de la tirade de Tirade de Ruy Blas, de Victor Hugo : Bon appétit ! messieurs ! – Tous se retournent. Silence de surprise et d’inquiétude, Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face.
O ministres intègres !
Conseillers vertueux ! voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que d’emplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! […]
Et vous osez !… – Messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, – j’en ai fait le compte, et c’est ainsi ! –
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu’on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d’or !
Et ce n’est pas assez ! et vous voulez, mes maîtres !… –
Ah ! j’ai honte pour vous ! – Au-dedans, routiers, reitres,
Vont battant le pays et brûlant la moisson.
L’escopette est braquée au coin de tout buisson.
Comme si c’était peu de la guerre des princes,
Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces,
Tous voulant dévorer leur voisin éperdu,
Morsures d’affamés sur un vaisseau perdu !
Notre église en ruine est pleine de couleuvres ;
L’herbe y croît. Quant aux grands, des aïeux, mais pas d’œuvres.
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L’Espagne est un égout où vient l’impureté
De toute nation. – Tout seigneur à ses gages
À cent coupejarrets qui parlent cent langages. »
addendum : 20 ans de décroissance, point n’est besoin de la créer, elle est là, devant nos yeux.
La peur de mettre le feu aux poudres en dénonçant la pléthore inouïe de fonctionnaires qui obère tout effort de redressement quel qu’i soit : ce sont entre 1 et 2 millions d’entre eux qu’il est nécessaire de muter dans des emplois civils en éliminant la sacro-sainte inamovibilité et la faculté héréditaire pour leur descendants et copains-coquins : ah! le socialo-marxisme qui aurait du être déclaré illégal à la libération à l’instar de l’Allemagne jusqu’à la tombée du mur . . . .
L’économie française : 20 ans de récession
Bonjour monsieur,
Votre analyse est intéressante. Mais, cela soulève des questions, par exemple si on fait le le même calcul pour les Etats-Unis,. Quelles conclusions en tirera-t-on? .C’est la limite de considérer un seul indicateur.
Une autre approche qui complète sur le fond votre diagnostic pour la France, que je partage, c’est l’évolution respective du PIB marchand et non marchand. Très instructif.
Bertrand Devies