« Féminicide » : le mot s’égrène chaque semaine dans les médias. Une chronique récente parue dans L’Humanité confirme combien dangereuse est cette notion.
« Féminicide » : un « crime politique » ?
Selon l’avocate féministe Violaine De Filippis Abate, le « féminicide » se conçoit comme « la concrétisation d’une violence systémique profondément ancrée dans nos sociétés (« Le féminicide : un crime politique », L’Humanité, 16 août 2024). Chaque féminicide porte en lui une dimension politique que l’on ne peut pas ignorer. C’est l’expression ultime et fatale de la domination et du contrôle patriarcal ».
Autrement dit, nos sociétés occidentales capitalistes consacreraient la domination indue des hommes sur les victimes consubstantielles que seraient les femmes. Il s’ensuit que la libération de la femme supposerait de mettre fin à ce système par nature oppressif : abolition du capitalisme et libération de la femme, même combat !
Qu’est-ce qu’un « féminicide » ?
La notion de « féminicide » est floue. Elle est d’ailleurs inconnue des grands dictionnaires jusqu’à présent comme de l’Académie française. Selon l’acception la plus courante en France, il s’agirait du meurtre d’une fille ou d’une femme en raison de son sexe.
On constate dons immédiatement à quel point le mot jure avec celui d’homicide. Lorsque l’on commet un homicide, on tue un être humain. Un être humain, et non pas une personne d’un sexe déterminé, homme ou femme. Le « féminicide », lui, veut dire que l’on tue une femme parce qu’il s’agit d’une femme, ce qui peut exister en pratique mais ce qui doit être aussi peu courant que de vouloir supprimer un homme parce qu’il s’agit d’une personne de sexe masculin (ce qui serait un « hominicide » ?). Lorsqu’un mari tue son épouse, il ne tue pas une femme, il tue sa femme. Tout simplement parce que les crimes sont rarement sexistes en pratique dans les sociétés évoluées que sont les sociétés occidentales.
Le refus de la reconnaissance du « féminicide » comme notion juridique
L’Assemblée nationale s’est penchée sur la question de la « reconnaissance du terme de féminicide ». Selon le rapport d’information du 18 février 2020 dont elle était chargée de la rédaction (n ° 2695, 15e législature), la députée macroniste Fiona Lazaar se prononçait certes en faveur de la reconnaissance symbolique du terme et elle formulait à cet égard une proposition de résolution, mais elle s’opposait à la reconnaissance du terme en droit et ce, pour trois motifs. Elle constatait, à la suite des auditions menées, qu’il existait un risque d’entériner juridiquement la « catégorisation » des femmes en tant que victimes des hommes. Elle notait également que la consécration du terme en droit eût violé le principe constitutionnel d’égalité devant la loi. Enfin, elle estimait qu’une telle infraction eût été difficile à qualifier, donc à sanctionner, alors même que le droit se doit d’être précis, et tout particulièrement le droit pénal.
Le « féminicide », un terme politique qui vise à… politiser le droit
Les féministes favorables à la consécration juridique du « féminicide » ne s’en cachent pas : l’asymétrie systémique des rapports entre hommes et femmes serait politique et la réponse à cet état de fait profondément défectueux exigerait une réponse politique. Elles entendent donc instrumentaliser le droit pour lutter politiquement contre les agissements consubstantiellement machistes.
Le rapport d’information ci-dessus l’a constaté sans coup férir : la notion de « féminicide » est plus politique que juridique. On comprend là encore à quel point elle est dangereuse. Le droit pénal doit être précis parce que le silence législatif signifie la liberté et parce que, dans toute société civilisée, tout ce qui n’est pas pénalement interdit est autorisé. Autrement dit, la politisation et l’instrumentalisation du droit n’ont pas leur place dans un Etat de droit.
Ajoutons, au risque de déplaire à quelques hystériques, que la femme est devenue vraiment l’égale de l’homme à la fin du XXe siècle dans les pays occidentaux. Un progrès remarquable dans l’histoire de l’humanité. Si la situation de la femme s’est depuis lors parfois dégradée, il faut y voir essentiellement le fruit de comportements machistes et rétrogrades de la part de certains membres de « communautés » d’immigration récente dont l’intégration reste problématique. Mais les féministes qui versent dans l’« islamo-gauchisme » se gardent bien de le reconnaître.
9 commentaires
Tout à fait d’accord. Les féministes d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec celles d’hier. Leur « combat » est dérisoire s’agissant de jouer avec les mots: autant la reconnaissance du terme feminicide que la volonté de l’écriture incluse, etc…).
Il y a d’autres sujets à traiter, en France et ailleurs pour celles qui osent!
J’ai longtemps pensé, moi aussi, que nos féministes s’acharnaient sur des combats sans objet et, c’était un grand tort de ma part, sans effet.
Puis j’ai compris que leur ambition n’est pas de défendre les femmes (elles s’en fichent) mais de détruire notre civilisation (capitaliste, patriarcale, hétéronormative, tout ce que vous voudrez… ces gens la détestent). Et cette entreprise ne peut commencer, bien évidemment, que par le langage : comme le disait Lénine, « faites-leur avaler le mot, vous leur ferez avaler l’idée ».
Et là, j’ai réalisé que les effets de leur travail de sape sont d’ores et déjà dévastateurs. Leur saleté de langue « inclusive » est désormais partout et contamine tous les esprits qui se soumettent peu à peu docilement aux idées qu’elle véhicule ; on revoit les traductions de livres passés pour les réécrire dans cette « langue » ; on l’entend dans tous les discours ; on la lit dans absolument tous les médias ; et notre jeunesse ne sait plus penser que dans le sens dans lequel cette infâmie les y pousse.
Leur combat n’est donc pas dérisoire, hélas : il est dangereux. Extrêmement dangereux.
Parfaite analyse. Mais à gauche, l’on se fiche du Droit pour ne faire que de la politique interprétative répondant à son idéologie primaire et sectaire. Vive la Sandrine Rousseau ! Elle en sera toujours la porte-drapeau et à la guerre des sexes !
Parfaite analyse. Mais la gauche ne pratique que dans la polémique et l’irréfléchi. Vive la Sandrine, son sectarisme primaire et sa position guerrière contre le masculin. Elle crée systématiquement la dualité.
je pense qu’on devrait parler d' »uxoricide », mais çà ne passerait pas dans le grand public …
Pourtant, vous l’avez évoqué, c’est souvent le cas dans les séparations. je vous renvoie à
Marie France Hyrigoyen ( harcèlement moral » meurtre sans se salir les mains » )
Et quand une femme tue une femme ça s’appelle comment ?
Un petit détail à souligner : la femme est devenue l’égale de l’homme… parce que l’homme occidental l’a bien voulu !
Merci pour la clarté de cette explication et le courage de vos mots !
La consécration de ce terme, que je n’emploierai évidemment pas, étant attaché à ma langue natale, n’est qu’une étape de plus dans la grande entreprise des féministes et progressistes de tout poil de moraliser la langue : c’est ce qu’ils appellent la fameuse langue « inclusive » et qui est en fait un vaste projet de rééducation passant par la déconstruction du langage. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, Orwell le fit bien mieux que moi dans 1984 (dont la traduction a d’ailleurs, paraît-il, récemment été « revue »… ben, tiens…).
Nous sommes au-delà de la politisation, ici, selon moi : c’est, comme je l’ai dit, de moralisation qu’il s’agit, de cette entreprise, systématiquement totalitaire, d’imposer à tous la morale étriquée (les néo-féministes sont avant tout des puritains, soulignons-le) de quelques-uns. C’est exécrable et se doit d’être fermement combattu.
>(ce qui serait un « hominicide » ?)
Non, ce serait un « viricide ». En latin, « homo-hominis » s’applique à l’homme en tant qu’espèce humaine, tandis que « vir-viri » qualifie un homme mâle.