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Indice des libertés humaines : la France toujours très loin du podium

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31ème pour les libertés personnelles, 52ème pour les libertés économiques, la France ne brille toujours pas dans le classement mondial des libertés humaines. Établi chaque année depuis 2008 par un consortium de think-tanks dont le CATO Institute, le Fraser Institute et la Friedrich Naumann Foundation for Freedom, le classement est toujours aussi accablant pour le pays des droits de l’homme.

L’indice des libertés humaines attribue une note sur 10 à près de 160 pays. Regroupant près de 80 indicateurs, il est divisé en deux grandes catégories. La première évalue l’état des libertés personnelles comme la libre-circulation, la liberté d’association ou la sécurité. La seconde correspond aux libertés économiques telles que le respect du droit de propriété, le système monétaire ou le commerce international. En 2015, date correspondant à la dernière évaluation, les cinq pays les plus libres étaient, dans l’ordre, la Suisse, Hong-kong, la Nouvelle-Zélande, l’Irlande et l’Australie. En fin de classement, on retrouve l’Égypte, le Yémen, la Libye, le Venezuela et la Syrie.

Figure 1 : carte mondiale de l'indice des libertés humaines en 2015

Figure 1 : carte mondiale de l’indice des libertés humaines en 2015

La France, cancre des libertés parmi les pays développés

La situation française n’est pas reluisante. Du côté des libertés personnelles, l’Hexagone est mal classé concernant l’état de droit, la liberté religieuse et la liberté de la presse. Cette dernière est particulièrement mal notée du fait du contrôle des médias par le gouvernement (chaînes publiques et subventions à la presse), mais surtout à cause des attentats contre Charlie Hebdo qui ont entraîné la mort de huit journalistes en 2015.

Figure 2 : évolution de l'indice des libertés personnelles (gauche) et économiques (droite)

The Human Freedom Index 2017, le top 10 correspondait en 2015 à la Suisse, Hong-Kong, la Nouvelle Zélande, l’Irlande, l’Australie, la Finlande, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. » align= »center » />

Sur les questions économiques, de nombreux points noirs caractérisent la France. Avec une 52ème place, nous sommes dans le peloton, loin de l’excellence de la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et du Nord.

« La France pèche par le poids de son État »

Pour Tanja Porčnik, une des auteurs du rapport que nous avons rencontrée, « si l’on compare l’indice français des libertés économiques avec celui de la Suisse qui est la mieux notée, la France pèche par le poids de son État ». Avec 57 % de dépenses publiques et 48 % de prélèvement obligatoires, la France est en tête des classements internationaux pour sa fiscalité, mais pas pour son excellence économique. Les dépenses publiques, les subventions et les redistributions forcées nuisent par définition à notre liberté de disposer du fruit de notre travail et donc à notre droit de propriété. Pour en savoir plus sur les réformes fiscales à mener, ce rapport de l’IREF propose une piste concrète et ambitieuse.

L’indice des libertés humaines égratigne aussi la France sur son incapacité à faire respecter les droits de propriété et la liberté contractuelle. Cela correspond par exemple à la surprotection légale des locataires qui empêche les propriétaires de les expulser en cas de loyer impayé ou à la difficulté de licencier un salarié. Pour Tanja Porčnik, « l’État français pourrait tirer quelques leçons de la Suisse, notamment en ce qui concerne la corruption, l’indépendance judiciaire, l’impartialité des juges ou les réglementations. »

Le commerce international n’est pas en reste. Les barrières tarifaires, mais surtout non tarifaires font de la France un pays relativement protectionniste. Le libre-échange des capitaux est aussi très limité et réglementé dans notre pays.

Enfin, la réglementation a un impact considérable sur le niveau de liberté économique. Les normes obligatoires sur les activités industrielles et commerciales sont de véritables freins à la croissance. Mais c’est surtout la réglementation du marché du travail qui fait l’objet de la plus mauvaise note. La législation en matière de fixation des salaires, de licenciement et de négociation collective corporatiste contribue à créer du chômage de masse, à entraver la mobilité sociale des travailleurs, tout en altérant la compétitivité et la productivité des firmes françaises. Voir notre rapport complet à ce sujet avec nos propositions de réforme.

Liberté économique et liberté individuelle sont intimement liées

Le classement des libertés humaines est bien entendu limité par son caractère théorique, par la nécessité de pondérer les différents éléments de l’évaluation et par la difficile définition de standards internationaux. Il présente néanmoins un intérêt pour comparer les situations entre les pays et montrer des tendances intéressantes. Nous comparons la situation de la France (située par un petit drapeau bleu-blanc-rouge) et la situation des autres États selon différents indicateurs.

La première analyse intéressante est de montrer le lien empirique entre liberté individuelle et liberté économique. Aucun pays ne peut avoir l’un sans l’autre. Pour l’économiste Milton Friedman, « l’accroissement de la liberté économique va de pair avec l’accroissement des libertés civiles et politiques » et non l’inverse[[Milton Friedman, Capitalisme et liberté, 1962.]]. En effet, pour le prix Nobel, le marché libre est un frein indispensable face au pouvoir politique coercitif. Concentrer pouvoir économique et politique dans la main d’une élite est le meilleur moyen d’aboutir au totalitarisme. Une réflexion qui fait sens au regard de la situation vénézuélienne de ces dernières années.

Figure 3 : indice des libertés économiques en fonction des libertés personnelles

The Human Freedom Index 2017 ; Gwartney et al., Economic Freedom of the World: 2017 Annual Report, traduit par l’IREF. » align= »center » />

Être libre, c’est aussi être riche

Le second point essentiel est que la liberté humaine est fortement corrélée à des revenus élevés, à l’exception notable des pays assis sur la rente pétrolière. Être libre permet donc d’avoir des revenus confortables. Cela confirme notamment les travaux d’Hernando de Soto sur la pauvreté. Suite à ses observations du marché noir dans les pays du tiers-monde, il montre que reconnaître formellement le droit de propriété et la liberté contractuelle est indispensable pour éliminer la misère et permettre à tous de participer et de bénéficier du système productif.

Une leçon que le gouvernement français pourrait appliquer pour libérer la création de richesse et nous permettre d’atteindre les revenus moyens de nos voisins les plus riches d’Europe. Pour en savoir plus sur le rôle de la propriété privée, vous pouvez lire une analyse historique de l’IREF.

Figure 4 : niveau de revenus (PIB par habitant) et liberté humaine

Figure 4 : niveau de revenus (PIB par habitant) et liberté humaine

La démocratie, le régime le plus propice à la liberté

Le troisième enseignement que l’on peut tirer du classement des libertés humaines s’obtient en le comparant avec celui de la démocratie établi par The Economist. La corrélation de 0.81 est très claire entre démocratie et liberté (à l’exception notable de Hong-kong). La France est d’ailleurs relativement mal classée par rapport aux autres pays européens. Elle est qualifiée de « démocratie imparfaite », notamment à cause de l’État d’urgence en vigueur en 2017.

Pour Tanja Porčnik, une des auteurs du classement, « même si la liberté politique est importante, cela ne signifie pas que seule la démocratie doit primer et ne doit pas être restreinte. Pour limiter les risques que nos droits soient bafoués, même dans une démocratie, nous devons contrôler le pouvoir de la majorité, ce qui passe idéalement par l’établissement de la séparation des pouvoirs, la décentralisation et un gouvernement limité. »

Figure 5 : état de la démocratie et des libertés humaines

The Human Freedom Index 2017; Economist Intelligence Unit, Democracy Index 2015, traduit par l’IREF. » align= »center » />

***

Le classement des libertés humaines permet donc de rappeler empiriquement les liens indissociables entre liberté individuelle et liberté économique, entre liberté et prospérité et entre liberté et démocratie. La situation française reste toujours aussi préoccupante. L’indice montre néanmoins que ce n’est pas une fatalité. À l’image de la Nouvelle-Zélande, de la Suède ou du Canada, de nombreux pays ont su faire des réformes et ont rapidement atteint les premières places du classement. Des modèles qui pourraient être des sources d’inspiration pour le gouvernement actuel.

Figure 1 : carte mondiale de l'indice des libertés humaines en 2015

Figure 1 : carte mondiale de l’indice des libertés humaines en 2015

Figure 2 : évolution de l'indice des libertés personnelles (gauche) et économiques (droite)

Figure 2 : évolution de l’indice des libertés personnelles (gauche) et économiques (droite)

Figure 3 : indice des libertés économiques en fonction des libertés personnelles

Figure 3 : indice des libertés économiques en fonction des libertés personnelles

Figure 4 : niveau de revenus (PIB par habitant) et liberté humaine

Figure 4 : niveau de revenus (PIB par habitant) et liberté humaine

Figure 5 : état de la démocratie et des libertés humaines

Figure 5 : état de la démocratie et des libertés humaines

 

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3 commentaires

yuropp 14 novembre 2018 - 11:03

Droits de l'Homme
La France, "pays des Droits de l'Homme" ?
C'est un raccourci abusif, je trouve… La France est le pays où sont enterrés les individus qui ont voté la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Et, à propos de raccourci, ils ne sont pas tous en un seul morceau…

Quant à respecter ce texte… Le Statut s'y oppose. Le Règlement aussi. Entre autres…
C'est juste un symbole à encenser par nos maîtres, de loin et pas trop souvent.

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Eric Chaumaz 8 juin 2020 - 4:21

La corruption est le pire ennemi des droits de l'homme
Je ne pense pas que le recul des droits de l'homme puisse être imputable au poids de l'Etat ou à un manque de liberté économique mais plutôt à la corruption des élus et de la justice, à ce que l'on nomme pudiquement le manque d'indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique, comme l'avais dénoncé Lionel Jospin dans un rapport pour TCI. La situation s'est aggravée depuis. Je sais de quoi je parle, j'en ai fait et j'en fait encore les frais ! Et, il y a de nouveau exemple tous les jours dans les journaux. (Panama paper,…)

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keynes 21 mars 2022 - 11:50

« Pour l’économiste Milton Friedman, « l’accroissement de la liberté économique va de pair avec l’accroissement des libertés civiles et politiques » et non l’inverse[[Milton Friedman, Capitalisme et liberté, 1962.]]. En effet, pour le prix Nobel, le marché libre est un frein indispensable face au pouvoir politique coercitif. Concentrer pouvoir économique et politique dans la main d’une élite est le meilleur moyen d’aboutir au totalitarisme. Une réflexion qui fait sens au regard de la situation vénézuélienne de ces dernières années. »

Ce qui faut pas lire comme connerie

1 argument d’autorité ….check
2 absence total de démonstration …check
3 bien de confirmation avec le venezuela …check
4 concentrer le pouvoir dans les mains de quelques milliardaires détenant 90% des ressources …check

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