Chaque année, il y a la saison des vendanges et concomitamment le « Budget participatif » de la Ville de Paris. Il ne s’agit plus simplement de récolter, mais de distribuer de l’argent, essentiellement à des associations lucratives sans but, pour récolter des voix. Bref, nous sommes en plein « marché politique ».
Qu’est-ce que le « Budget participatif » de la Ville de Paris ?
Nous en sommes à la 10e édition. Tous les Parisiens de plus de 7 ans (!) et sans condition de nationalité (!) peuvent se prononcer en ligne ou dans des urnes sur l’affectation d’une partie du budget d’investissement (ou prétendu investissement) de la Ville de Paris. Le vote se fait à la majorité, mais les idées situées en « quartiers populaires » (lire : ceux qui votent « bien », c’est-à-dire pour Anne Hidalgo) bénéficient d’une « bonification ».
Pour 2024, 2.901 idées ont été lancées et 235 se trouvent soumises au vote, dont 14 pour toute la capitale et les autres pour un arrondissement précis. Nous avons lu l’ensemble de ces 235 idées retenues, et nous en offrons avec plaisir et consternation la substantifique moelle à nos lecteurs ébahis.
La novlangue règne en maître
Le vocabulaire de la gauche et de la gauche de la gauche emplit les idées proposées aux votants.
Voici un florilège (nous soulignons) :
- « Faire vivre la solidarité dans le 11e». Coût : 180.000 € ;
- « Des rues apaisées et inclusives». Coût : 1,05 million € ;
- « Marchons la ville » : « A la suite d’une marche exploratoire et d’un atelier collectif avec les résidents pour améliorer le parcours piétonnier (…) ». Coût total : 2,21 millions € ;
- « (…) pour renforcer la confiance et l’estime de soi des tout-petits grâce à la pratique collective du sport », avec l’introduction de « jeux inclusifs» ;
- « Du street-art aux couleurs de nos quartiers » : le projet propose de réaliser des fresques murales dans plusieurs quartiers du 19e arrondissement « explorant les thèmes de la solidarité et de la mémoire », une fresque « illustrant le vivre-ensemble et la diversité». Coût : 340.000 € ;
- « Un kiosque citoyen et écologique porte d’Orléans » : ce projet propose d’aménager « un kiosque citoyen afin d’accompagner la population sur tous les moyens de passer à l’action en matière de transition écologique et de justice sociale».
Des idées farfelues
Nos lecteurs auront déjà tiqué à la lecture du paragraphe précédent, mais voici une sélection plus aboutie des idées délirantes proposées aux Parisiens. Nous insistons bien sur le fait que nous n’inventons rien et que nous ne faisons que reprendre avec exactitude la logorrhée du Budget participatif :
- « Promouvoir l’économie circulaire et la réduction des déchets » dans le 11e arrondissement : le projet vise notamment « à sensibiliser à la pollution due aux mégots, en installant sur la chaussée des clous portant l’inscription « ici commence la mer » ». Coût : 250.000 € ;
- « Soutenons les initiatives solidaires et d’insertion dans nos quartiers » : le projet vise entre autres à installer « une cuisine de transformation alimentaire », à implanter « une ludothèque mobile transportée par un vélo cargo électrique », à « introduire un triporteur électrique transformé en bar ambulant ». Coût : 840.000 € ;
- « L’oasis du savoir : des ateliers et du matériel pour les habitant.es» : le projet commence par les questions subliminales suivantes, posées sans doute par des bras cassés : « Vous avez déjà rêvé de faire du foot le bras dans le plâtre ? D’apprendre à émincer des oignons sans une larme ? ». Les contribuables pleureront à hauteur de 70.000 € ;
- « Créer un jeu de société autour des rues du 9e» : le conseil municipal des enfants (une institution très à la mode qui permet de polluer les esprits les plus jeunes en leur apprenant à dépenser l’argent des autres sans jamais leur expliquer d’où vient cet argent magique) souhaite créer un jeu inspiré du Monopoly. Coût : 10.000 € ;
- « Aménager un tiers-lieu liant écologie et solidarité dans un parking » du 18e Coût : 100.000 € ;
- Le meilleur pour la fin : « Proposer de la vaisselle durable pour les fêtes de quartier » du 10e « Ce projet consiste à acheter de la vaisselle événementielle durable aux habitants et aux associations qui organisent des fêtes dans le quartier du 10e» Il s’agit de « mettre en place un système de location solidaire de la vaisselle ». Nos lecteurs énamourés se demanderont pourquoi les auteurs de cette lumineuse proposition n’achètent ou ne louent pas à leurs frais la vaisselle. La réponse est immédiatement donnée : « De nombreux habitants souhaiteraient organiser des évènements collectifs mais n’ont pas les moyens de louer le matériel nécessaire ». Ils préfèrent donc faire la fête aux dépens d’autrui et ils ont bien raison.
Des associations lucratives sans but
Les associations sont omniprésentes dans le Budget participatif. Ou plutôt de prétendues associations dans beaucoup de cas puisqu’elles ne sont pas financées exclusivement par le secteur privé, mais vivent de fonds publics (donc payés par les contribuables). Voici quelques exemples :
- « Acheter du matériel pour animer des débats et des fêtes » dans le 10e arrondissement : « Ces animations citoyennes investissent positivement l’espace public qu’elles transforment ainsi en vecteur d’éducation populaire invitant à dépasser l’entre-soi ». Coût : 300.000 € ;
- « Soutenir des actions menées localement pour l’égalité alimentaire », toujours dans le 10e, décidément à la pointe du progrès : « L’association de solidarité animée par un collectif de citoyens défend le droit à l’alimentation », avec une « épicerie solidaire » et elle souhaite « acheter des équipements neufs ». Coût : 100.000 € ;
- « Offrir à nos associations les moyens de leurs ambitions » dans le 12e. Coût : 480.000 € ;
- « Soutenir le développement des associations du 20e». Coût : 600.000€.
Au fait, quel est le montant de la dette de la Ville de Paris ?
Anne Hidalgo s’amuse chaque année avec son Budget participatif. Pourtant, peu de Parisiens prennent la peine d’aller voter, sauf sans doute les personnes intéressées au premier chef. En 2023, 137.000 habitants seulement avaient participé aux votes qui portaient sur 249 idées pour un montant total de 83 millions €.
La dette de la Ville de Paris s’élevait déjà à 4,18 milliards € en 2014. En moins d’une décennie, elle a plus que doublé pour atteindre 8,2 milliards en 2023. Mais l’important n’est-il pas, pour paraphraser l’humoriste Laurent Gerra au sujet de Jack Lang, d’organiser des fêtes onéreuses ? L’important n’est-il pas d’œuvrer au « marché politique » pour tenter, malgré un bilan calamiteux, d’assurer sa réélection aux prochaines municipales (même si on avait juré qu’il s’agissait du dernier mandat) ?
7 commentaires
Il y a beaucoup de HLM dans Paris. Ces derniers accueillent des fonctionnaires, des personnes du service public et, plus récemment, des émigrés. C’est un immense réservoir de votes de gauche : ils ne vont pas se mettre eux-mêmes à la porte en votant à droite. Donc la ville de Paris votera à gauche à perpétuité, quoique pensent les habitants qui ne vivent pas dans les HLM. Merci Chirac et son obsession des HLM à Paris…et ses successeurs, jean Tibéri, Delanoë, Hidalgo.
Tout cela est du pur clientélisme avec l’argent des contribuables, et ce ne serait pas de l’abus et détournement de fonds publics ? Quand donc cessera ce scandale, quand donc la Cour des comptes mettra-t-elle son nez dans ces pratiques honteuses ?
la cour des comptes est aussi une fumisterie puisque tous ses rapports horrifiés finissent dans une poubelle et n’ont aucun impact concret. quant à cette bande de pillards effectivement à part les mettre en faillite, les juger et les incarcérer pour les crimes et délits qu’ils commettent, rien n’arrivera. margaret thatcher « le socialisme finit faute d’argent des autres à dépenser… » « The problem with socialism is that you eventually run out of other people’s money.”
J’avais lu les sommes versées aux associations LGBT++ par la Ville de Paris, astronomiques !
Il serait intéressant aussi de dénoncer tous les avantages immobiliers et autres mis à la disposition de ces associations
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je suis déçu…
enfin, pas trop, puisque je n’habite pas dans cette merveilleuse cité ;
Christian
Et pendant ce temps , dans les hôpitaux parisiens , on fait travailler une multitude d’internes presque gratuitement , nuit et jour , sans même leur verser la moindre compensation financière descente meme pas l’equivalent du minimum vital que touche un etranger qui a obtenu son permis de sejour . Mais Hidalgo finance la distraction de ses citoyens .
Argent magique sauf pour le contribuable