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Aux États-Unis, il n’y a plus de pilote dans l’avion

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Il a donc fallu près d’un mois pour que, sous la pression de l’opinion, le Parti démocrate éconduise Joe Biden de la course à sa réélection. Pour autant, l’hôte de la Maison-Blanche est constitutionnellement au pouvoir jusqu’au 20 janvier. Est-il en état physique et mental d’assumer cette responsabilité ? On peut en douter. Il a annoncé son abandon par le biais d’une lettre, incapable d’enregistrer la moindre allocution télévisée. Cette dernière attendra encore quelques jours…

Dispose-t-il de la moindre marge et légitimité politique pour faire voter des lois ou un budget par le Congrès ? Manifestement pas. Peut-il avec lucidité tenir tête à Poutine, Xi, Kim Jong-Un, au Hamas et aux mollahs ? Pas sûr. La révolte contre le candidat Biden pourtant choisi au printemps au terme de primaires certes largement verrouillées d’avance, mais néanmoins légales, ne s’est produite que pour deux raisons.

Pour « faire barrage » à Trump, il semble éthiquement acceptable de cacher la réalité au peuple

La première est bien-sûr la prestation catastrophique de Joe Biden le 27 juin dans son débat télévisé face à Donald Trump. Brusquement, le grand mensonge démocrate a été révélé au grand jour : Joe Biden est trop diminué pour être président encore quatre années, voire encore six mois.

Si le débat télévisé, comme c’est la tradition, avait eu lieu après la convention démocrate, le parti aurait eu encore plus de mal à changer de champion en cours de campagne… ! Jusqu’en septembre la fiction soigneusement relayée par la presse, à l’exception du Wall Street Journal, d’un Joe Biden vieux mais néanmoins en pleine possession de ses moyens intellectuels, aurait été défendue par l’establishment. Pour « faire barrage » à Trump, il est semble-t-il éthiquement acceptable pour le New York Times, le Washington Post, CNN et MSNBC, de cacher la réalité au peuple.

Seconde raison de l’abandon de Joe Biden : la mobilisation de dizaines d’élus du Congrès, alarmés de l’avance de Donald Trump dans les sondages qui menaçait de leur faire perdre leur siège. Le vieux président n’a renoncé à s’accrocher au pouvoir, dimanche 21 juillet après-midi, qu’après avoir pris connaissance des sondages révélant son retard en Virginie et dans le Minnesota, États où normalement un candidat démocrate gagne largement.

On oublie souvent que les législatives sont tout aussi importantes que les présidentielles. Si l’impopularité du président sortant était restée aussi forte dans des États « bleus » (c’est à dire démocrates), sa défaite aurait précipité un raz de marée républicain au Congrès, rendant possible de multiples réformes qui terrorisent la gauche : baisses d’impôts, nominations de juges conservateurs, suppression de réglementations oppressives au nom de l’environnement et de la promotion des droits LGBT…

Le défi du Parti démocrate aujourd’hui est de désigner un candidat qui au minimum préservera la division à peu près équilibrée du Congrès en deux. Au mieux, le nouveau candidat, ou la nouvelle candidate, empêchera un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et préservera les « acquis » des années Biden.

Pour les libéraux, au sens français du terme, les perspectives ne sont pas joyeuses

Et si ce candidat gagnait largement, ce qui est possible au regard de la propension marquée de Donald Trump à faire campagne en populiste extrémiste, et non pas en rassembleur, le programme socialisant des démocrates reprendrait sa marche en avant : fortes dépenses publiques, augmentation de l’emprise de l’État fédéral sur la vie des citoyens et des entreprises, hausses d’impôts et accroissement des pouvoirs syndicaux… bref, en gros, l’adoption par les États-Unis du modèle français.

Si Kamala Harris parvient à s’imposer comme porte-drapeau d’un Parti démocrate divisé entre « progressistes » et sociaux-démocrates, elle pourra certainement compter sur la presse pro-Biden d’hier. Si au contraire d’autres prétendants se font connaître, la perspective d’une « convention ouverte », mi-août à Chicago, projetant au grand jour les divisions de la gauche américaine, ferait les affaires d’un Donald Trump rescapé miraculé d’un attentat, qui se clame favori. Pour les libéraux, au sens français du terme, les perspectives ne sont pas joyeuses. Une administration Trump 2.0 serait certes une bonne nouvelle d’un point de vue fiscal et réglementaire. En revanche, elle serait catastrophique du point de vue de la liberté du commerce international. Elle présente en outre le risque d’être isolationniste, défaitiste face à l’agression russe en Ukraine et dangereuse pour l’endettement public, au vu de la réticence républicaine à réduire les dépenses publiques.

Une administration Harris serait tout aussi inquiétante, mais de manière inverse : moins isolationniste et moins protectionniste sur le plan international, en revanche plus socialisante et « progressiste » sur le plan intérieur. Où sont passés les choix plus simples  de l’époque où George W. Bush affrontait John Kerry…?

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