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50 000 fonctionnaires d’État en moins

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Fort loin des promesses du candidat de droite, mais sentant pourtant la nécessité électorale d’un marqueur de sa volonté de réduire la dépense publique, le programme Macron avait prévu la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires – 50 000 pour l’État, 70 000 pour les autres collectivités publiques – sur toute la durée du mandat présidentiel.

On sait en effet (cf. Chiffres clefs de la fonction publique pour 2016 – référence 2015) que l’ensemble de la fonction publique totalise 5,4 millions d’agents (État : 2,4 millions – Collectivités territoriales 1,9 million et Fonction hospitalière : 1,1 million), soit un peu moins de 20% de la population active du pays et que la France souffre manifestement à raison de ce taux d’un excédent d’effectifs publics dans toutes les comparaisons européennes ou OCDE. Or si l’on prend l’exemple de la fonction publique d’État, qui représente à elle seule (retraites comprises) quelque 40% des dépenses du budget national, on comprend tout de suite qu’il est vain de prétendre réduire significativement la dépense publique (qui chez nous vole sur des sommets : plus de 56% du PIB en 2016, record mondial ou presque !), sans toucher à ce poste crucial des charges de l’État.

Certes et pour se cantonner donc au seul État, 50 000 suppressions de postes sur 5 ans, ce n’est vraiment pas beaucoup : cela représente tout juste 2,09 % de l’ensemble des effectifs de la fonction publique d’État (2,393 millions d’agents exactement), soit environ un effort annuel de réduction de 0,42% qui laisse très peu d’espoir sur une véritable réforme de l’État, mais c’est quand même mieux que rien. Or le tout premier projet de loi de finances initiale de la mandature Macron fait l’effet d’une douche froide, puisqu’à fin décembre 2018, ce ne sont pas 10 000 postes (50 000 / 5 = 10 000), mais seulement 1 600 postes de fonctionnaires, pas plus, qui auront été supprimés au titre de l’année 2018. À ce rythme-là, il faudra un peu plus de 31 ans (50 000*1 600 = 31,25 ans) au Président Macron (et à tous ses successeurs et à condition qu’ils ne dérogent pas !) pour parvenir à ses (leurs) fins et il est certain que nous découragerons quant au rétablissement de nos finances publiques jusqu’à ceux de nos partenaires qui étaient le plus enclins à nous faire confiance.

Plutôt que de tergiverser indéfiniment sur la méthode ou encore de finasser chaque année ministère par ministère sur quelques milliers d’emplois en plus ou en moins, ou enfin de privilégier le gain en tendance pour préserver le volume des effectifs, il est temps et même urgent qu’on s’attaque frontalement au cœur du problème : la définition du périmètre régalien de l’État. Il s’agit de tracer une ligne claire de démarcation entre ceux des emplois publics qui continueront à bénéficier du statut de la fonction publique et ceux qui, tout en conservant un minimum de garanties, ne pourront plus y prétendre. Tant que l’effort de cet inventaire n’aura pas été engagé, il restera vain de parler d’un effort significatif de réduction de notre dépense publique, le critère régalien devant comme de juste être étendu aux fonctions publiques territoriales et hospitalières pour arriver à délimiter les pourtours d’une fonction publique resserrée, moins coûteuse et sans doute plus efficace. Et quand on en aura fini avec le périmètre régalien, on pourra même s’attaquer à l’épineuse mais prometteuse question des primes qui rendent complétement obsolète la grille indiciaire de la fonction publique et qui permettent à certains fonctionnaires d’État des catégories A et C de gagner jusqu’à près de deux fois et demie leur traitement de base ( 241% exactement – Source DREES mai 2017, N° 16 – Différences de retraites entre secteurs public et privé – p.60).

En attendant, on pourra certes continuer à abuser les foules et à leurrer les médias, à prôner ici ou là quelques misérables économies toujours sur le dos des mêmes, mais on saura que tant que ces réformes fondamentales et courageuses n’auront pas été engagées, la réduction de la dépense publique ne sortira pas du champ des promesses politiques, de celles auxquelles à force de les avoir trop de fois entendues, la plupart de nos concitoyens ne croient plus. La preuve par 9 ? Total des dépenses nettes de l’État pour 2017 : 385 milliards d’euros – Total des dépenses nettes de l’État pour 2018 : 386 milliards d’euros ! Tout est dit…

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4 commentaires

Laurent 46 7 novembre 2017 - 6:11

Loin du compte !
Au nombre de fonctionnaires que vous avez établi il convient de rajouter tous ceux qui n'ont pas le statut de fonctionnaire tout en ayant des conditions de travail similaires et surtout à la charge de la société, dans les collectivités locales, les associations, services à la personne et crèches communales, maisons de retraite activités diverses, etc; vous êtes alors très loin du compte et des 20 % de la population active !
Dans la majorité des départements les plus gros employeurs sont les collectivités locales !
Si on double le pourcentage que vous avez annoncé on serait peut-être plus proche de la vraie situation en France !

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John Sheppard 7 novembre 2017 - 9:16

Non.
Le chiffre de 5,4 millions concerne TOUS les agents publics de l'État, et pas seulement ceux ayant le statut de fonctionnaires. La confusion entre "fonctionnaire" et "agent de l'État" est, hélas, classique et souvent entretenue délibérément par ceux qui veulent dénigrer la fonction publique en brouillant sciemment le tableau.

https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/statistiques/chiffres_cles/pdf/Chiffres-Cles_Web2017.pdf
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Quant au taux de 20 % de l'emploi total, notons qu'il positionne la France au 12ème rang européen, en dessous du taux médian de l'UE. Cela relativise un peu les choses.
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http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2016/03/17/29006-20160317ARTFIG00235-la-france-est-elle-un-pays-de-fonctionnaires.php
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Répondre
Thierry BENNE 8 novembre 2017 - 2:14

RÉPONSE À @ John SHEPPARD

Vous avez raison en indiquant que le chiffre de 5,4 millions couvre l'ensemble des personnels employés dans le cadre de l'État, des collectivités territoriales et des hôpitaux publics. Mais la confusion que vous soulignez n'est pas comme vous le prétendez "le fait de ceux qui veulent dénigrer la fonction publique en brouillant sciemment le tableau". En vérité, elle est d'abord le fait de l'État lui-même
qui publie dans les chiffres-clefs auxquels nous nous référons ensemble, savoir:

"5,451 millions de personnes travaillent dans les trois versants de la fonction publique, hors 198 000 bénéficiaires de contrats aidés, soit 19,9 % de l’emploi total (salarié et non salarié) en France (métropole + DOM), au 31 décembre 2015"

en ne précisant que bien plus loin que

"La fonction publique emploie, hors bénéficiaires de contrats aidés, 3 851 100 fonctionnaires, 940 200 contractuels, 300 300 militaires et 358 950 agents relevant des « autres catégories et statuts » (dont 142 100 enseignants et documentalistes des établissements privés sous contrat)".

On remarquera d'ailleurs – ce qui fait le sel de la plupart des statistiques publiques – qu'elles ne sont pas cohérentes entre elles, puisqu'il est vain de prétendre chercher dans ce dernier détail à reconstituer le total d'emplois fourni dans le paragraphe précédent pourtant issu de la même publication.

On peut ainsi se demander par quel abus de langage, la fonction publique peut employer des non-fonctionnaires, alors qu'il serait beaucoup plus juste de parler d'État-employeur, ou de personnels des collectivités territoriales ou des hôpitaux publics. La fonction publique elle-même porte donc à travers ses propres publications une lourde responsabilité dans la confusion que vous dénoncez et qu'elle colporte complaisamment, avant même d'évoquer toute action de dénigrement externe.

Par ailleurs, le ver est à ce point dans le fruit qu'il est probable que lorsque le Chef de l'État parle de 120 000 suppressions de postes (dont 50 000 pour l'État) dans la fonction publique, c'est l'ensemble des personnels publics qu'il vise et non pas les seuls fonctionnaires en tant que tels. Sinon,on ne comprendrait pas exactement pourquoi seuls les fonctionnaires "authentiques" seraient visés par cet effort , sans que le nombre des personnels auxiliaires soit le moins du monde concerné.

Pour ce qui est du taux d'emploi par rapport au nombre d'habitants et du 12ème rang attribué à la France dans le classement européen, il est plus que controversé, y compris par l'ex-conseiller à la Cour des Comptes, François Écalle, qui tient un blog sur les finances publiques et qui relève que les différences d'approche de l'emploi public dans tous les pays complique singulièrement les choses. Il est néanmoins admis qu'en Europe, la France n'est vraiment distancée que par les pays scandinaves et qu'elle vogue pratiquement de conserve avec la Belgique. D'ailleurs dans le tableau que vous citez, la France figure non pas en douzième, mais en septième rang ex-aequo , très loin devant l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni et ce alors que les chiffres déjà anciens remontent à 2011 et que le quinquennat Hollande ne s'est pas vraiment traduit par une réduction des effectifs publics.

Il y a donc bien un problème de sur-emploi public en France et si l'on en doutait, il suffirait de considérer que nous sommes probablement le seul pays au monde à empiler 7 strates d'administration successives (commune, syndicat, communauté, agglomération, département, région, État) et que le prétendu mouvement de décentralisation a donné lieu à de regrettables abus de recrutement, dont tout le monde convient à ce jour.

Ce triste bilan est aggravé encore par le fait que, jusqu'à présent, aucun gouvernement – y compris l'actuel – n'a eu le courage de s'attaquer frontalement à la réduction de la dépense publique.

Cordialement.

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Kinou 7 novembre 2017 - 9:30

Nos élus
Nous sommes dirigés par des personnes qui mentent, et sont installés dans un mode de fonctionnement mensonger.
Aucune morale, ils se
Servent abondamment dans les ressources de notre pays, se font une vie de nantis, et sont malades du pouvoir.
Jusqu’à quant cela va durer?
La dite « moralisation de la vie politique », est totalement fictive dans notre pays.
Le MENSONGE est le cancer de leur âme.
Insupportable à voir pour les personnes de bonnes volontés.
Malheureusement, ils ont le pouvoir absolue, à l’exception d’une révolution brutale.
Faut’il en arriver là ?

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