Tout le roman tourne autour de la Pieta Vitaliani. Cette sculpture dérobée à la vue de tous tant elle causa de troubles partout où elle fut exposée, est maintenant dissimulée dans les soubassements de l’église de Pietra d’Alba, petit village du Piémont. Avant de la découvrir, le lecteur traverse toutes les embuches, les espoirs déçus, les souffrances de son créateur.  Celui-ci se fait appeler Mimo, bien que baptisé sous le beau nom prémonitoire de Michelangelo Vitaliani. Le nanisme dont il souffre est heureusement compensé par ses dons de sculpteur hérités d’un père mort à la guerre mais dont il ressent l’influence quand il taille la pierre. Son histoire est liée à celle de Viola Orsini née sous les plus heureux auspices. Elle a la beauté, l’intelligence, la richesse, la volonté de tout savoir, tout connaître, tout maîtriser. Mimo n’a ni sa beauté, ni sa richesse, ni sa culture. Où veut en venir l’auteur qui passe allègrement sa narration d’un moine mourant à un nabot traînant dans la fange de Florence ou de Rome où il revient un jour en grand seigneur car, dorénavant célèbre, tout le monde s’arrache ses sculptures?
Longtemps protégé des Orsini, ardents arrivistes auprès du saint Siège et des chemises noires de Mussolini, Mimo saura-t-il garder sa grandeur d’âme et toute sa liberté de penser ? Lui qui réalisa un Saint Pierre aux traits pleins de douceur et fragilité, édifiera-t-il la statue de « l’Homme nouveau » commandé par un régime totalitaire qui interne ses vieux amis juifs ? J-B Andrea parvient à faire une œuvre d’art en faisant d’un nain un grand homme tout en entremêlant les passions politiques et amoureuses. Son romantisme, plein de contrastes comme l’âme de ce sculpteur, est teinté d’une mélancolie qui n’empêche pas la victoire de l’amour sur la mort. Prix Goncourt bien mérité, car si Vitaliani n’a pas existé , il demeure la main de l’éternel divin créateur.