Si « L’ile au trésor » est un des romans favoris de la jeunesse, « A travers l’Ecosse » fait partie des livres incontournables du voyageur romantique. R. L. Stevenson a toujours fui son pays sans cesser de le pleurer. Certes sa santé fragile justifiait ses départs, mais plus encore son hypersensibilité. La misère des taudis de la High Street d’Edimbourg, que seules réchauffaient le vacarme des tavernes ou le sifflement d’un vent glacial, l’attristaient. Et pourtant il garde en mémoire une profonde affection pour ses contemporains, du jardinier au veilleur de phare, pour ses réformateurs et poètes, pour cette atmosphère jésuitique même si la redingote était déplacée . Il remémore les nombreuses légendes parfois macabres qui se dissipaient au son des cloches des diverses conventicules ou de l’horloge de l’université. La ville nouvelle s’étalait toujours plus, mais le parfum de la campagne subsistait avec la colline du château, le fleuve à ses pieds et la mer au loin que nul constructeur ne pourrait jamais ôter, ni aucun émigrant oublier…
Dans sa préface, Michel Le Bris souligne que ce recueil a longtemps été inédit, sans doute parce que certains des souvenirs furent écrits dès la prime jeunesse. Mais le style de Stevenson reste avec la même égale profondeur, comme si ses sentiments patriotiques avaient des rapports secrets avec sa destinée d’exilé.