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Parti communiste chinois : la répression au-delà des frontières

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Parti communiste chinois : la répression au-delà des frontières

Il y a quelques mois, nous rappelions dans ces colonnes comment Hong Kong, autrefois bastion de liberté en Asie, a été progressivement soumis à l’autorité du Parti communiste chinois (PCC). Répression judiciaire, musèlement des médias, arrestations arbitraires : le modèle « un pays, deux systèmes » a été vidé de sa substance. Mais cette stratégie de contrôle ne s’arrête pas aux frontières chinoises. Elle s’exporte. Aujourd’hui, c’est à Londres que Pékin tente d’installer une forteresse diplomatique, sous couvert d’ambassade, avec la bénédiction discrète d’une partie du gouvernement britannique.

Le harcèlement des exilés politiques : le cas de Chloe Cheung

Depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, les exilés font l’objet d’une répression sans relâche. Chloe Cheung, une jeune militante réfugiée au Royaume-Uni, fait partie des personnes recherchées, avec une prime d’un million de dollars hongkongais à la clé. On lui reproche d’avoir participé à des manifestations en faveur de la démocratie et d’avoir collaboré avec la fondation Committee for Freedom in Hong Kong, qui soutient les résistants hongkongais. Les autorités de Hong Kong l’accusent de « subversion » et de « collusion avec des forces étrangères » — des chefs d’accusation fourre-tout utilisés pour faire taire toute dissidence. À 20 ans, Chloe Cheung redoute d’être enlevée au cœur même de Londres – un scénario qui n’est pas si invraisemblable depuis l’agression d’un manifestant hongkongais, traîné de force dans le consulat chinois de Manchester par des diplomates. Comme d’autres exilés, elle affirme vivre dans un climat de peur permanente et change régulièrement ses itinéraires.

Les ambassades, un outil de surveillance et d’intimidation

Le PCC souhaite déplacer son ambassade, actuellement située dans le quartier de Marylebone, dans le site historique de l’ancienne Royal Mint. Il pourrait ainsi bénéficier d‘un complexe diplomatique de 65 000 m² à proximité de la Tour de Londres et du Tower Bridge. Officiellement, ce nouveau complexe doit renforcer les relations bilatérales. Officieusement, c’est un cheval de Troie, porteur d’une stratégie d’extension de l’influence chinoise et de surveillance transnationale.

Le projet d’ambassade n’est pas un simple changement de lieu. Les plans de construction montrent que le complexe comprend « deux suites de pièces anonymes non étiquetées au sous-sol et un tunnel », dont l’utilité a été cachée pour des raisons dites de sécurité. Plusieurs élus conservateurs y voient une tentative d’accroître la capacité de surveillance et de pression du PCC sur le sol britannique. « Cette zone souterraine sera indéniablement utilisée pour le service de renseignement du Parti communiste chinois et de son bras armé, le Département du travail du Front uni. Mais il existe également la possibilité effrayante qu’elle soit utilisée pour l’enlèvement, l’intimidation ou la torture de dissidents anti-chinois vivant au Royaume-Uni » s’inquiète Kevin Hollinrake, député et membre du parti conservateur.

D’autres représentants ont appelé à bloquer le projet, rappelant que la diplomatie ne doit pas servir de paravent à l’intimidation politique. En 2022, les autorités locales avaient déjà opposé un refus, par méfiance vis-à-vis d’une Chine qui se montre de plus en plus agressive. En décembre 2024, il a été de nouveau rejeté par Tower Hamlets London Borough Council, l’un des conseils d’arrondissement londonien, à la demande des agences de renseignement et du quartier général de la police de Londres, qui s’inquiétaient de la proximité entre le lieu et des infrastructures britanniques sensibles.

Ce serait lors d’une visite de la chancelière Rachel Reeves à Pékin, en janvier dernier, que le projet aurait été relancé. Cette visite lui a d’ailleurs permis de conclure un accord d’une valeur de 600 millions livres sterling pour « booster » l’économie britannique. Mais le retour en force d’un discours favorable à la normalisation, sans garanties sur les droits de l’homme, risque de désarmer le Royaume-Uni devant un régime qui ne cache plus ses ambitions hégémoniques.

Une ingérence croissante

Le Royaume-Uni est loin d’être un cas isolé. En 2020, l’administration Trump a fermé une ambassade chinoise à Houston, suspectée d’être le centre d’une opération d’espionnage ayant pour cible le commerce, la défense et le Congrès. Au Canada, un rapport public sur l’ingérence de pays étrangers dans les élections fédérales de 2019 et de 2021 a permis de conclure que la Chine représente « la menace la plus active et la plus sophistiquée ».

En France, plusieurs incidents illustrent l’ingérence croissante des services de sécurité chinois. En 2024, deux agents du ministère chinois de la Sécurité d’État, sous couverture diplomatique, ont été expulsés après avoir tenté de rapatrier de force Ling Huazhan, un dissident, depuis l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Par ailleurs, des « postes de police » chinois clandestins ont été identifiés, notamment à Paris et en Seine-Saint-Denis. Présentés comme des centres d’assistance administrative pour les ressortissants chinois, ces structures sont soupçonnées de surveiller, d’intimider et de contraindre des dissidents à retourner en Chine. Un rapport de l’ONG Safeguard Defenders a recensé quatre cas de rapatriement forcé en France entre 2015 et 2020. Les services de renseignement ont confirmé l’existence de ces structures et leur rôle dans la répression transnationale orchestrée par Pékin.

Conclusion

En acceptant l’implantation d’une nouvelle ambassade au prétexte d’apaiser ses relations avec Pékin, le gouvernement travailliste banaliserait des méthodes autoritaires qui minent les fondements de la démocratie libérale. La présence de structures opaques, l’ingérence dans les affaires intérieures et la mise à prix de dissidents sur le sol britannique ne sont pas des détails. Ce sont des lignes rouges. La liberté d’expression et la protection des exilés ne peuvent être les variables d’ajustement d’un apaisement diplomatique.

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2 commentaires

Jerome SAVONA 18 avril 2025 - 8:20 am

Rien de nouveau sous le soleil. Quand les nazis sont rentrés dans l’ambassade soviétique de Berlin, ils y ont découvert une chambre de torture également…Les années passent mais les méthodes totalitaires qui ont fait leur preuves n’évoluent que peu.

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gillet 18 avril 2025 - 8:51 am

Xi Jinping en visite au canada à Justin Trudeau”quel naïf”!! C’est l’image de l’occident vue par la Chine:tous des naïfs!!!

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