France
Usque tandem non dissolvat ? Le président Macron, dont les manœuvres depuis sept ans ont peu ou prou détruit le paysage politique en vigueur depuis près de soixante ans, qui a pris des libertés avec l’ordre institutionnel, et qui a dissous l’Assemblée nationale, dimanche, semble réussir aussi à liquider le PS et les LR, déjà bien abîmés. Après que, dans l’optique des législatives le 30 juin et le 7 juillet (un délai d’une brièveté sans précédent qui a d’ailleurs fait l’objet d’un recours auprès du Conseil Constitutionnel), les candidatures à la députation devront être déposées jusqu’à dimanche, alors que la campagne électorale pour le premier tour débutera lundi 17 juin), les socialistes ont annoncé, mardi soir, s’allier avec LFI, malgré les dérapages antisémites de ce parti devenu quatre fois plus gros qu’eux. Puis cela a été au tour du parti de droite LR de se lancer dans des manœuvres qui pourraient signer son éclatement, voire sa disparition. Le président du parti, Eric Ciotti, a défendu, mardi, un accord électoral avec le RN, ce qui a aussitôt entraîné le départ de nombreux cadres et des appels à la démission, ou à l’exclusion de la part de dirigeants LR, à l’image d’Olivier Marleix, patron des députés du parti. Son homologue au Sénat, Bruno Retailleau, a accusé Ciotti d’avoir « menti » et « trahi » son parti par « déloyauté » tandis que le président du Sénat Gérard Larcher a prévenu qu’il « n’avalisera jamais, sous aucun prétexte, un accord avec le RN ». Eric Ciotti, qui semble isolé parmi les cadres LR, a martelé qu’il « ne cèdera pas » aux pressions et que « seuls les militants pourraient lui enlever son mandat ». Que deviendra LR, entre fuite de militants soutenant une union des droites avec le RN, et tentative de rebond du vieux parti gaulliste pris en tenailles entre les Macronistes et les nationalistes ? Encalminé à 7.5 % des voix aux européennes alors que ses homologues, en Allemagne, en Espagne, ou dans nombre de pays d’Europe de l’Est, sont arrivés en tête, LR semble payer sa ligne politique confuse depuis la fusion entre l’UDF et le RPR en 2002. Surtout, ses racines libérales (de Gaulle présidait un Etat qui n’absorbait que les deux tiers des impôts d’aujourd’hui en proportion du revenu national et nos vies n’étaient pas non plus minutieusement règlementées par une dizaine de codes de 4.000 pages) n’est plus défendue aujourd’hui que par une poigné de leader autour du président de l’Association des maires de France, David Lisnard…
Ukraine
On peut se prétendre nationaliste et n’avoir aucun respect pour une nation envahie, du moment que l’envahisseur s’appelle la Russie. C’est la conclusion que l’on peut tirer du boycott du président ukrainien Volodymyr Zelensky par les députés du parti allemand d’extrême droite AfD ainsi que les élus d’un parti de gauche radicale, lors de son intervention devant le Bundestag. Seulement quatre des 77 députés de l’AfD étaient présents lors du discours du chef de l’Etat ukrainien, sous les applaudissements, au deuxième jour d’une conférence internationale consacrée à la reconstruction de son pays après-guerre. « Nous refusons d’écouter un orateur en tenue de camouflage », a essayé de se justifier la direction de l’AfD. Le mouvement de gauche souverainiste BSW a dit vouloir envoyer « un signe de solidarité avec tous ces Ukrainiens qui veulent un cessez-le-feu immédiat et une solution négociée ». En oubliant que Vladimir Poutine ne respecte généralement pas les accords et traités qu’il signe et qu’une éventuelle négociation passerait forcément par la perte pour l’Ukraine de cinq de ses régions annexées par Moscou, sans parler des crimes de guerre impunis et du fait que Moscou laisserait l’intégralité de la facture de la reconstruction du pays aux Occidentaux. La fascination/indulgence traditionnelle des partis nationalistes européens pour le Kremlin s’appuie en fait sur un anti-américanisme primaire et une profonde méconnaissance de ce qu’est en fait la Russie, censée incarner la famille traditionnelle et le rempart du christianisme. Alors que les statistiques en Russie en matière de natalité, avortement, divorce, ou meurtre par conjoint sont catastrophiques et que Poutine est allié depuis un quart de siècle avec le leader islamiste Ramzan Kadyrov.
Royaume-Uni
Rishi Sunak, le Premier ministre conservateur britannique, voué selon les sondages à une défaite quasi sans équivalent aux législatives du 4 juillet au Royaume-Uni, s’est engagé, dans la plate-forme remaniée de son parti présentée mardi, sur une nouvelle baisse des impôts dans l’espoir visiblement de séduire in extremis une partie de la classe moyenne qui a tourné le dos ces dernières années aux Tories. Il a promis une baisse de deux points de la cotisation sur les salaires, d’un coût équivalent à 46 milliards £. La proportion du revenu national consacrée aux impôts est aujourd’hui au plus haut depuis 70 ans en raison, entre autres, de la politique suivie par Rishi Sunak lui-même quand il était chancelier de l’Echiquier. Des figures des Tories ont regretté l’absence de mesures radicales dans le manifeste. Keir Starmer, le leader d’un parti travailliste qui semble avoir nettoyé ses membres antisémites et tourné le dos à sa plate-forme hyper étatiste d’il y a encore cinq ans, semble assuré de devenir le prochain chef du gouvernement de sa gracieuse majesté, avec vingt points d’avance sur des Tories au pouvoir depuis quatorze ans.