Dans sa programmation pluriannuelle de l’énergie, le Gouvernement prévoit d’augmenter la production électrique de manière très coûteuse et probablement déraisonnable. Il se refuse à soumettre cette programmation au Parlement, ne serait-ce que pour avis. L’Académie des sciences s’est saisie du projet et a rendu son avis, plus que réservé, que Pascal Richet, physicien émérite de l’Institut de Physique du Globe vous présente ci-après avant de vous en proposer la lecture.
Selon le code de l’énergie, une loi doit déterminer tous les cinq ans les objectifs de la France en matière de réductions de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre, de croissance de la production et du stockage des énergies renouvelables, de diversification des sources de production d’électricité, de rénovation énergétique des bâtiments, et d’autonomie énergétique en Outre-mer. Le texte de cette prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie a fait l’objet de consultations. En dépit de sa nature très technique, son texte n’a pas été soumis en amont à l’Académie des sciences. Celle-ci vient cependant d’émettre un bref avis critique dont l’intérêt justifie une vaste diffusion.
Le point le plus important est l’absurdité de vouloir accroître la part de la production intermittente éolienne et photovoltaïque dans une électricité qui est déjà l’une des plus largement décarbonée au monde grâce à l’hydraulique et au nucléaire. C’est en effet la meilleure façon de déséquilibrer le marché et de renchérir le coût d’exploitation des centrales actuelles au prix de lourds investissements qui mobilisent des ressources matérielles considérables et sont eux-mêmes sources d’imposantes dépenses énergétiques.
Indépendamment des incohérences et vœux pieux également relevés par les Académiciens, les contradictions de fond de ce projet découlent en réalité des buts qui ont lui ont été fixés au départ. Le principal en est la diminution, à défaut de son abandon, de la production nucléaire à laquelle même les Japonais reviennent. Comment cette idéologie peut-elle néanmoins continuer à inspirer la politique énergétique de la France alors qu’elle est défendue par des mouvements dont le poids électoral est devenu marginal ? On n’ose pas imaginer que le capitalisme de connivence puisse être maintenant à la manœuvre…
Je vous invite à lire cet avis ci-après, rendu public le 8 avril 2025.
Pascal Richet
Le texte de la programmation pluriannuelle de l’Énergie (PPE), qui fixe les objectifs de la politique énergétique nationale à l’horizon 2035, vient d’être rendu public (1). Ce document se donne notamment l’ambition de transformer notre système énergétique pour réduire sa dépendance vis-à-vis des ressources carbonées fossiles tout en garantissant la sécurité d’approvisionnement. Il s’agit d’une version révisée, faisant suite à une première version soumise à la consultation publique organisée à la fin de l’année 2024 et à laquelle l’Académie avait souhaité apporter sa contribution (2). Après une analyse rigoureuse de la nouvelle version de ce texte, l’Académie des sciences propose ici son avis, assorti de recommandations.
Avis de l’Académie des sciences
Il est avant tout regrettable de constater que les rédacteurs du document ont accordé bien peu de considération aux nombreux avis formulés lors de la consultation En effet, la version révisée reste, pour l’essentiel, identique à la version initiale, à l’exception d’une légère diminution de la puissance solaire3 et de la puissance d’électrolyse pour la production d’hydrogène vert4 prévues en 2035. Plus préoccupant encore, le texte s’appuie sur des chiffres incohérents, tout comme sa version précédente, et ce malgré les observations précises formulées par l’Académie des sciences dans son avis de décembre 20245.
Par exemple, en page 11 de cette version révisée de la PPE 36, la consommation d’énergie finale prévue est de 1 243 TWh en 2030 et de 1 100 TWh pour 2035. Or, quelques pages plus loin (page 15, Figure 1), ces valeurs sont respectivement de 1 410 et 1 302 TWh7. Ce manque de rigueur engendre évidemment des incertitudes multiples, notamment lorsque l’on applique des pourcentages à des valeurs aussi différentes. Un exemple illustre cette incohérence : la même Figure 1 attribue une part de 39 % à la consommation électrique en 2035, soit une demande de 508 TWh8, tandis que, en page 86, après analyse des différents scénarios possibles (Figure 24), il est indiqué que : « le scénario AMS9 final devrait se situer entre 580 et 600 TWh de consommation (électrique) intérieure en 2035 »10. Parmi les valeurs de 429, 508 ou 600 TWh, quel est réellement le niveau de consommation visé pour 2035 ?
En conséquence, l’Académie des sciences considère, à nouveau, qu’il est nécessaire de procéder à une vérification et une correction exhaustives de l’ensemble des chiffres fournis par ce document, suivies d’une réécriture garantissant sa cohérence. Le texte actuel n’est pas à la hauteur des enjeux de l’énergie, d’une importance extrême pour la France et ses citoyens. Il n’a pas non plus le niveau de rigueur attendu d’une production des services de l’État.
L’Académie des sciences soutient l’ambition affichée d’une production nucléaire substantielle (360-400 TWh), source d’énergie bas-carbone de stock, à la fois massive et pilotable11. Cette ambition a d’ailleurs été validée par le Conseil de Politique Nucléaire du 17 mars Cependant, il est incompréhensible que les objectifs de production électrique totale ne tiennent pas compte, à travers des scénarios alternatifs, de la réalité suivante : depuis 2017, la consommation électrique diminue globalement, passant de 480 à 449 TWh en 2024, en contradiction avec les prévisions. Ce phénomène, observé non seulement en France mais aussi dans la plupart des pays européens, s’explique par plusieurs facteurs : un prix de l’électricité trop élevé qui incite les ménages à plus de sobriété et les industriels à optimiser l’efficacité énergétique de leurs convertisseurs d’énergie, une désindustrialisation persistante et des freins économiques, scientifiques et technologiques à l’électrification des secteurs à décarboner en priorité (mobilité, chauffage, production d’hydrogène, production de carburants de synthèse et industrie). Ce constat souligne l’importance d’un renforcement de la recherche fondamentale, technologique et industrielle.
Dans ces conditions, une accélération rapide et forte de l’électrification des usages paraît peu probable, bien qu’elle soit souhaitable et essentielle pour réduire notre empreinte carbone. En dépit de cela, le projet de PPE 3 affiche pour 2035 des objectifs de production électrique (presque totalement décarbonée, comme aujourd’hui) de 666-708 TWh, bien au-delà de la consommation actuelle et même supérieure à celle prévue pour 203513. Plus inquiétant encore, cette production repose principalement sur une augmentation massive des énergies solaire et éolienne intermittentes, passant de 73 TWh en 2023 à 254-274 TWh en 2035. Cette évolution entraînerait des surcapacités considérables, coûteuses et inutiles, générant un excédent d’offre par rapport à la demande dépassant les 100 TWh, et surtout un taux excessif de production d’électricité non pilotable proche de 40 %.
En effet, en absence de capacités de stockage d’électricité massives, non disponibles aujourd’hui14 et qui ne le seront pas beaucoup plus dans 10 ans15, cet excès de production intermittente non pilotable, qui bénéficie aujourd’hui d’une priorité sur le réseau, induira: (i) une volatilité accrue des prix de l’électricité, avec des périodes de plus en plus fréquentes de prix très élevés alternant avec des prix négatifs ; (ii) la nécessité, pour assurer l’équilibre offre-demande, d’une modulation excessive de la production nucléaire, entraînant des contraintes sur la gestion du parc électronucléaire16 et un sous-emploi de ce parc17, sous-emploi coûteux économiquement et induisant des risques de dégradation des performances des réacteurs18 ; (iii) des tensions sur les réseaux électriques qu’il faut adapter à cette variabilité de la production, ajoutant des coûts supplémentaires considérables au fonctionnement du système énergétique.
L’Académie des sciences soutient la proposition du Haut-Commissaire à l’Énergie Atomique19 visant à accompagner le texte de la PPE d’une analyse approfondie du coût complet de production du système énergétique français, incluant le scénario proposé ainsi que des scénarios alternatifs, ce qui n’est pas fait aujourd’hui. Il convient de rappeler qu’atteindre une production électrique totalement décarbonée ne requiert nullement une augmentation massive des énergies éolienne et solaire. Le bilan électrique 2024 de RTE20 montre en effet clairement que le système électrique français actuel, avec déjà 29 % d’énergies intermittentes et un record d’exportation (89 TWh), émet seulement 21,3 g CO2eq par kWh d’électricité produit, soit l’un des taux les plus bas au monde. En comparaison, le système électrique allemand, avec une part de production éolienne et solaire de 45 % en 2024, affiche une intensité carbone de 350 g CO2eq/kWh.
En conséquence, l’Académie des sciences recommande d’explorer des scénarios alternatifs limitant les surcapacités et s’appuyant sur des hypothèses de consommation plus réalistes. Une évaluation rigoureuse en termes de faisabilité et de coût, fondée sur une estimation des coûts complets pour le système électrique intégrant notamment ceux des stockages et des réseaux nécessaires, doit être menée. Du côté du nucléaire, ces scénarios doivent maintenir les objectifs de construction de nouveaux réacteurs EPR. Ces objectifs sont pertinents, comme l’a, et depuis longtemps, analysé l’Académie des sciences21, parce qu’il faudra remplacer certains réacteurs anciens, quand d’autres pourront être prolongés davantage, construction et prolongation permettant d’éviter l’effet falaise. C’est la seule voie possible pour maintenir une électricité décarbonée, car il ne peut exister de système électrique sans capacités pilotables tant qu’il n’y a pas de systèmes de stockage abondants, efficaces et bon marché. L’alternative, qui consisterait à recourir massivement aux énergies fossiles pilotables (gaz et charbon), pour assurer l’approvisionnement en électricité quand il n’y a ni vent ni soleil, est exclue en raison de leurs effets délétères sur les émissions de gaz à effet de serre, visibles dans les pays qui pratiquent cette option.
Du côté des énergies renouvelables intermittentes, les objectifs de production doivent être mieux ajustés aux besoins réels22. L’Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d’énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées. Un déploiement raisonné de ces énergies suppose d’abord la mise en place de conditions essentielles, comme l’a souligné un rapport conjoint de RTE et de l’Agence Internationale de l’Énergie (AEI) en 2021 : (i) la disponibilité de capacités pilotables pour assurer à tout moment une puissance au moins égale à la puissance appelée ; (ii) le renforcement des réseaux électriques ; (iii) la disponibilité de capacités de stockage à toutes les échelles de temps23.
Enfin, compte tenu des incertitudes concernant le rythme d’électrification du système énergétique et donc l’évolution de la consommation électrique, l’Académie des sciences recommande de réfléchir à l’instauration de mécanismes garantissant une meilleure cohérence entre le développement du mix électrique et l’évolution de la demande. La croissance de la production décarbonée doit suivre le même rythme que celui de l’électrification des usages, une approche vertueuse tant sur le plan économique que technique.
Contributeurs
Auteur de l’avis : Marc FONTECAVE – Président du comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences.
Membres du comité de prospective en énergie de l’Académie des sciences : Roger BALIAN, Sébastien BALIBAR, Lydéric BOCQUET, Yves BRÉCHET, Catherine BRÉCHIGNAC, Édouard BRÉZIN, Sébastien CANDEL, Catherine CESARSKY, Bruno CHAUDRET, Vincent COURTILLOT, Antoine DANCHIN, Jean- Claude DUPLESSY, Marc FONTECAVE (président du comité), Josselin GARNIER, Robert GUILLAUMONT, Pierre JOLIOT, Jacques LASKAR, Guy LAVAL, Hélène OLIVIER-BOURBIGOU, Olivier PIRONNEAU, Thierry POINSOT, Michel POUCHARD, Daniel ROUAN, Didier ROUX, Christian SERRE, Patrice SIMON, Jean-Marie TARASCON, Jean WEISSENBACH et Francis-André WOLLMAN.
Secrétariat éditorial : Juliette ROCHET – Directrice des comités, avis et rapports de l’Académie des sciences.
Annexes
Sitographie complète (par ordre de citation dans le corps du texte)
- Programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) | Ministères Aménagement du territoire Transition écologique
- L’Académie des sciences partage sa contribution de la programmation pluriannuelle de l’énergie | Académie des sciences, paru en décembre
- Rapport de l’Académie des sciences le rapport « L’hydrogène aujourd’hui et demain » paru en mai
- Scénarios prospectifs énergie-climat-air | Ministères Aménagement du territoire Transition écologique.
- RTE bilan électrique La consommation a augmenté de 0,7% entre 2023 et 2024.
- Rapport de l’inspecteur Général de la Sureté Nucléaire et de la Radioprotection d’EDF.
- Avis de haut-commissaire à l’Énergie Atomique sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, paru en février 2025.
- RTE bilan électrique
- Rapport de l’Académie des sciences « Considérations sur l‘électronucléaire actuel et futur » paru en 2021.
- Rapport RTE-AIE
Abréviations, acronymes, formules et symboles utilisés
ADEME – Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie AIE – Agence internationale de l’énergie
AMS – Avec mesure supplémentaire (concernant les scénarios « énergie-climat-air »)
EPR – European/evolutionary Power Reactor, soit, en français, Réacteur pressurisé européen PPE – Programmation pluriannuelle de l’énergie
PPE 3 – 3e volet de la Programmation pluriannuelle de l’énergie RTE – Réseau de transport d’électricité
CO2 – Formule chimique du dioxyde de carbone
g CO2eq – unité de mesure visant à comparer les émissions des gaz à effet de serre pour leur « potentiel de réchauffement global »
Wh – Symbole du watt-heure (unité d’énergie) ; 1kWh =103 Wh ; 1TWh = 1012 Wh.
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1 Voir le texte de la PPE3.
3 Puissance solaire dont l’objectif 2035 passe de 75-100 GW à 65-90 GW, mais néanmoins avec une production d’énergie solaire correspondante qui augmente de 93 TWh à 92-110 TWh, ce qui est pour le moins étonnant.
4 Puissance d’électrolyseurs dont l’objectif 2035 passe de 10 GW à 8 GW, valeur qui reste néanmoins irréaliste et donc inaccessible comme déjà indiqué par l’Académie des sciences (voir le rapport « L’hydrogène aujourd’hui et demain » paru en mai 2024).
5 Voir référence 2.
6 Voir référence 1.
7 On peut noter que, dans cette même Figure 1, les chiffres ne reflètent pas la réalité actuelle puisqu’en indiquant pour la consommation électrique en 2023, 27 % d’une consommation finale d’énergie de 1496 TWh on obtient 404 TWh, alors que la consommation d’électricité en 2023 fut en réalité de 440 TWh.
8 0,39 x 1302 =508. Remarquons que le calcul à partir de 1 100 TWh donnerait 429 TWh, ou bien la part électrique serait de 508/1100 = 46% et non 39%.
9 AMS pour « avec mesures supplémentaires ». Parmi les scénarios envisagés, celui « avec mesures supplémentaires » traduit les répercussions de nouvelles mesures qui seraient mises en œuvre dans le futur. Pour en savoir plus, voir : Scénarios prospectifs énergie- climat-air | Ministères Aménagement du territoire Transition écologique.
10 Il serait par exemple utile de bien définir les termes « consommation finale », « consommation totale » et « consommation intérieure » qui sont utilisés indifféremment, mais pourraient recouvrir des périmètres différents.
11 D’autres pays, comme l’Allemagne par exemple, ont choisi des centrales au gaz et au charbon comme capacités pilotables nécessaires.
12 Voir RTE bilan électrique 2024. La consommation a augmenté de 0,7% entre 2023 et 2024.
13 Certes l’excédent permet des exportations d’électricité mais il est clairement excessif.
14 D’après Enedis, les capacités de stockage par batteries accordées au réseau de distribution d’électricité sont environ de 550 MW et ont augmenté au cours des années 2023 et 2024 d’environ 100-150 MW/an.
15 Le chapitre du projet de PPE sur le stockage d’énergie est particulièrement creux.
16 Plus qu’une gestion contraignante, il faut savoir qu’il existe un plafond d’énergies intermittentes au-delà duquel le nucléaire ne peut suppléer l’intermittence. En effet, on ne peut pas descendre la puissance d’un réacteur en fonctionnement en dessous de 25-30% de la puissance nominale (valeur qui diminue en fin de cycle) pour des raisons de sécurité. En dessous de cette valeur, la modulation de production n’est pas techniquement viable (sauf à mettre le réacteur à l’arrêt, mais alors sans qu’on puisse redémarrer à volonté). De sorte que le niveau d’énergies intermittentes visé par la PPE3 est tel qu’il va conduire à un sous-emploi à la fois du parc nucléaire et du parc éolien/solaire. Ce qui est, de toute évidence, économiquement absurde.
17 Le facteur de charge actuel du nucléaire est inférieur à 70% quand il est supérieur à 90 % aux États-Unis.
18 Voir le rapport de l’inspecteur Général de la Sureté Nucléaire et de la Radioprotection d’EDF.
20 Voir RTE bilan électrique 2024.
22 Avec, déjà à l’heure actuelle, un excès d’offre de presque 100 TWh, qui est exporté, il n’est pas nécessaire d’ajouter 200 TWh d’énergie, par ailleurs non pilotable. En effet, même si la demande électrique finira bien par remonter – il faut l’espérer – les divers scénarios (RTE, ADEME) convergent dans l’évaluation du besoin d’électricité supplémentaire, entre 100 et 150 TWh, à l’horizon 2050, associé au développement des pompes à chaleur, de l’hydrogène vert, des véhicules électriques, de l’intelligence artificielle, de nouveaux procédés industriels électriques.
23 Voir le rapport RTE-AIE 2021.
20 commentaires
Eh bien voilà “les cons ça osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnait” (M. Audiard). La suffisance de ce gouvernement d’incapable dépasse les bornes de l’ignorance, en particulier sur l’énergie. Ses membres ne doivent même pas savoir, comme certains journalistes, la différence entre énergie “renouvelable” et énergie qui est très souvent “intermittente”. C’est la même idiotie entre “météo” et “climat” les deux n’ont rien à voir. Au nom de ce dernier on va encore dépenser des sommes faramineuses pour engraisser des promoteurs d’énergies bidons dont nous n’avons jamais eu besoin. Hélas les Hulot, Pompili, Voynet, Hollande avec leurs “amis”, Greenpeace et les “teutons” sont passés par là pour saboter ce qui faisait du nucléaire l’énergie décarbonée, déjà, et la moins chère. Maintenant nous allons continuer, grâce à nos incompétents actuels, à dépenser des sommes énormes pour des énergies qui on un facteur de charge ridicule : 25 à 35 % pour l’éolien, 12 % pour le solaire. Pour le solaire, en passant, on va jusqu’à éradiquer des bouts de forêts pour l’installer. C’est n’importe quoi !
J’ajouterai que la comissio’ européenne mets la France à l’amende parce qu’elle ne développe pas assez d’éoliennes et de panneaux solaires alors même que notre pays n’en a pas besoin.
…incapables…
Où l’on voit bien que l’apparent retour au réalisme sur l’importance du nucléaire civil opéré par le gouvernement actuel est un faux semblant. Tout est préparé par un certain état profond pour qu’à terme politique plus favorable. l’abandon du nucléaire civil redevienne possible.
Mais je n’ai jamais cru au réveil d’Emmanuel Macron sur le sujet, pour ma part. Jamais.
Et son gouvernement s’est empressé de mettre des freins à cette prétendue prise de conscience.
C’est aux actes que l’on reconnaît les hommes, pas aux paroles, et Emmanuel Macron a TOUJOURS agi contre le nucléaire (et contre la France, plus généralement). En mentant aux Français si nécessaire.
Moi non plus. Faire croire qu’on a enfin ouvert les yeux, pour que les gens regardent ailleurs, mais continuer en sous-mains la même politique pour satisfaire les lobbyings. Toujour chercher où va l’argent…
Bravo pour ce travail clair et synthétique . Mais la politique de notre pays a quitté depuis longtemps l’orbite scientifique terrestre , elle flotte dans le vide galactique , attirée par des comètes au gré de leur passage : la comète “rouge” , la comète “genre” , la comète “verte” … La politique n’a que faire de la science , au mieux c’est une gêneuse , au pire une dangereuse ennemie à abattre .
J’adooore ! Merci pour cette image, le vide galactique dans lequel flotte nos politiciens, je vous la pique !
L’académie des sciences a produit un texte particulièrement simple et clair, comparé à ce que l’on voit souvent dans la grande presse, voir au gouvernement. Merci de nous l’avoir communiqué.
Il se trouve que s’il était sorti 24 heures plus tôt, j’aurais pu le citer puisque je donnais un cours sur ce sujet.
Hélas, on ne peut que partager l’analyse de Pascal Richet, Notre gouvernement, tout comme le chef de l’État, fait preuve d’un amateurisme confondant et d’un mépris pour l’avis du parlement qui rappelons le au passage est censé représenter le peuple français dans le fameux État de droit dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles jusqu’à le rendre inaudible.
Duriez : “…Notre gouvernement, tout comme le chef de l’État, fait preuve d’un amateurisme…”
Absolument pas, “ils” ne sont en rien des amateurs dans leur idéologie progressiste… Ce sont des spécialistes.
Il n’y a aucune erreur. “ils” ne se trompent pas.
Cette histoire de CO2 humain qui soi-disant réchaufferait toute la planète a été récupérée par le progressisme pour mettre en place du progressisme. La fin justifiant les moyens (le paradis va arriver sur terre. Le paradis contre l’enfer, c’est le paradis qui gagne), tout est possible, tout est permis : 2 + 2 = 5.
— “Le seul instrument de progrès dans lequel les progressistes aient confiance, c’est l’autorité gouvernementale. On dirait qu’ils ne peuvent rien imaginer d’autre, et qu’ils ont oublié que tous les progrès qui leur sont chers ont été obtenus en émancipant les hommes de la puissance politique, en limitant le pouvoir, en libérant les énergies individuelles de l’autorité et de la contrainte collective.”
Walter Lippmann
Ca n’est pas la première fois que l’Académie des Sciences critique la
politique énergétique de l’exécutif .
Il est regrettable qu’elle soit si claire et si franche sur des
questions d’ordre économique et technologique et à la fois si
complaisante et si muette sur les incertitudes masquées, les interdits et les carcans idéologiques
qui pèsent sur la Science Climatique et la dénaturent.
Vu les enjeux, sa responsabilité morale est majeure.
Le lobby des énergies intermittentes a de nombreux soutien au gouvernement et nombre de politiciens des intérêts. Al Gore par exemple dirige un fond de capitalisation spécialisé dans les ENR. En France le mari d’une certaine politicienne est également dans le secteur. Ce n’est pas par hasard que l’obstination à engloutir des sommes folles dans ce qui est inutile se poursuit malgré tout.
Un petit mélange dans votre lexique des abréviations
1kWh= 1000 Watth
1GWh = 1000 000 KWh
1Twh = 1000 000 0000 KWh ( 1000 milliards de Wh )
Et non 1012 Wh
… la facture n’est pas la même !
A Carlin. Dans votre décompte, ayant oublié méga, il vous manque des zéros : le texte est parfaitement correct.
Pour les non-scientifiques:
Chaque préfixe de Wh – kilo (k), mega (M), giga (G), tera (T) – indique une multiplication par 1000 (10^3)
1 kWh = 10^3 Wh, soit 1 000 Wh ou mille Wh;
1 MWh = 10^6 Wh, soit 1 000 000 Wh ou un million de Wh;
1 GWh = 10^9 Wh, soit 1 000 000 000 Wh ou un milliard de Wh;
1 TWh = 10^12 Wh, soit 1 000 000 000 000 Wh ou mille milliards de Wh.
Cdt,
ARB
Bonjour. Ma réponse de citoyen à cette programmation débile :
“Les éoliennes et panneaux photovoltaïques enrichissent honteusement une petite classe de financiers aux frais des clients d’EDF et des contribuables, sans bénéfice pour l’économie et le climat. La PPE3 est faite sur mesure pour les opérateurs d’éoliennes et
de PPV. Je suis opposé à cette PPE3 qui va tuer l’industrie et ruiner les Français, car elle va provoquer une augmentation très pénalisante du coût de l’énergie et aggraver
l’inflation. Elle ne repose sur rien de scientifique, seulement sur des a priori totalement imbéciles issus des cerveaux dérangés de militants écologistes extrémistes qui n’ont aucun sens des réalités et s’illusionnent sur des utopies soi-disant “renouvelables” qui nous font passer d’une dépendance aux fossiles à une dépendance aux métaux et terres rares après avoir procédé durant au moins trois décennies à la destruction de l’avance de notre pays dans le nucléaire. Sans ces idiots, la France aurait dû pouvoir s’appuyer sur une rente nucléaire tout comme la Norvège sur sa rente pétrolière et le Qatar sur sa rente gazière. Au lieu de cela, nous avons eu l’Arenh, ânerie manifeste dont la fin va signifier l’arrêt de toute décarbonation par l’électrification qui devient impossible !”
Bien cordialement.
Ce plan est absolument dément : il prévoit de faire passer la part des énergies intermittentes dans la production énergétique française à quarante pour cent ! Or, quarante pour cent, c’est le seuil d’énergie intermittente à partir duquel un réseau électrique devient TOTALEMENT INSTABLE ! C’est de la folie pure.
Comme d’habitude ces messieurs hors sol qui nous gouvernent montrent a quel point ils sont en défaut de clairvoyance , de bon sens , parfois d’intelligence et assurément même d’honnêteté .
Au surplus , nous sommes perclus de dettes , les éponges que sont les contribuables sont à sec et on prévoit de dépenser des sommes astronomiques pour le plaisir des Verts illuminés qu’ils sont .
Tant de bêtises fait rire nos ennemis .
On n’a toujours pas abrogé la loi sur la transition énergétique qui prévoit la fermeture de 20 centrales nucléaires afin de réduire la production de l’électricité nucléaire en France à 50 % de l’électricité totale. C’est dans ce cadre que le site de Fessenheim a été détruit. J’espère qu’un jour les politiques qui ont vendu l’électricité nucléaire bon marché, fiable et décarbonée pour leurs intérêts électoraux personnels seront condamnés.
Ce qui est patent c’est que le gouvernement préfère se référer à une bande de fonctionnaires(dont il est permis de se demander si certains ne sont pas intéressés) plutôt qu’à des scientifiques qui exposent des chiffres avec rigueur.
On préfère probablement continuer de massacrer les paysages avec d’affreux moulins à vent qui par ailleurs ne sont pas sans danger pour la faune ou encore la pêche. Mais pour les promoteurs nous avons la subvention facile, je me demande bien pourquoi.
Voir aussi l’avis de l’académie des technologies, qui va dans le même sens tout en étant plus précis. Par ailleurs l’instabilité géopolitique plaide aussi pour plus d’autonomie énergétique, qui n’est pas garantie si on accroît énormément la part des renouvelables, et donc les importations de gaz. Qui certes feront plaisir à Trump, mais est-ce l’objectif, et quelles chances y aurait-il que lui céder ne le pousse pas à en demander davantage, sans parler du fait que cette concession française servirait surtout les intérêts exportateurs allemands tout en détruisant un de nos rares avantages compétitifs?
Et enfin , s’agissant de l’avis de l’académie des sciences, sa critique sur la base de la consommation d’électricité récente me semble excessive, eu égard aux situations de pénurie qui peuvent se produire dans des cas de crise, -et ont eu lieu récemment aussi- ; mais le reste de sa critique a beaucoup de sens…
Energie photovoltaïque (PV)
L’Académie des technologies, tout en considérant que l’énergie photovoltaïque a une place importante à jouer dans le mix électrique note avec satisfaction que la PPE3 a abaissé de 10 GW la fourchette de capacité de production en 2035 (65 GW à 90 GW à comparer à la puissance installée actuelle (23 GW en 2024)). Elle pense que la trajectoire initiale devrait viser le bas de la fourchette (65 GW- voir en dessous) quitte à être réajustée si la demande d’électricité se développait rapidement.
Il y a en effet une très forte variabilité intrajournalière du PV, avec un plateau haut de production entre 10h et 16h en demi-saison et en été. Le facteur de charge moyen annuel est 15-17%, mais atteint 70% pendant ces périodes, notamment en été donc environ 70 GW x 70% ~ 50 GW, ce qui représente la totalité de la puissance demandée en été.
En conséquence , Il faudrait arrêter complètement la quasi-totalité du parc nucléaire ; en effet en été du fait des arrêts programmés pour rechargement du combustible et maintenance, la capacité en service est d’environ 40GW. Les arrêts complets d’une large partie voire de la totalité du parc poseraient de très sérieux problèmes de stabilité du réseau car l’inertie des groupes turbo alternateurs ne serait plus mobilisable ; ces arrêts augmenteraient significativement le coût du nucléaire qui est essentiellement un coût d’investissement. En outre le temps de retour sur le réseau d’une centrale mise à l’arrêt complet (attente à chaud ou arrêt à froid) se compte en dizaine d’heures. Le minimum technique d’exploitation permettant une reprise immédiate de la production est de 20% de la puissance nominale, mais il serait trop élevé et un arrêt complet de nombreux réacteurs serait requis, sauf à écrêter la puissance d’un photovoltaïque manifestement excessif.
Les flexibilités de la demande pour décaler la consommation en milieu de journée vers le pic de puissance solaire sont nécessaires mais pas suffisantes ; et cela prendra du temps pour le passage à l’échelle (aspect social) :
– heures creuses en milieu de journée, en printemps-été ;
– recharges des véhicules électriques ;
– flexibilités de la consommation des bâtiments et de l’industrie.
Par ailleurs, réduire l’augmentation massive des énergies renouvelables intermittentes, permettrait de limiter les coûts de renforcement des réseaux électriques (RTE (100 Mds€) et Enedis (96 Mds€) sur 15 ans.
Enfin il faudra prévoir des stockages par batteries (capacité de quelques heures) proches des champs PV qui accroîtra de près de 20 % leur coût. Il n’est pas compté à ce stade dans l’économie de cette filière.
Priorités d’usage de la biomasse
La PPE3 révisée actualise une « Hiérarchisation des usages de la ressource biomasse » proposée dans la PPE3 initiale On peut globalement souscrire à l’objectif d’orienter la biomasse vers « les usages qui ne disposent pas de meilleure alternative ». L’Académie des technologies propose une méthode utilisant les coûts d’abattement pour quantifier les évaluations des alternatives (rapport en cours de finalisation).
Après transformation de la biomasse brute pour être utilisable, la biomasse est usuellement analysée selon trois catégories (solide, liquide et gazeuse). La hiérarchie proposée dans la PPE3 révisée pose un certain nombre de questions pour chacune de ces catégories.
Biomasse solide (essentiellement le bois et les combustibles solides de récupération)
– Priorité « Puits de carbone (…) à hauteur des besoins déterminés par la SNBC pour assurer le bouclage GES ». La SNBC3 n’a pas révisé les objectifs « puits de carbone forestier » de la SNBC2 très généralement considérés comme irréalistes. Le puits de carbone forestier a fortement diminué depuis quinze ans (de 60 Mt/an à 20Mt/an), et on peut au mieux espérer sa stabilisation – ou une faible reconstitution – avec de fortes incertitudes liées aux impacts du changement climatique (maladies, insectes ravageurs, dépérissements liés au stress hydrique, etc.). Il n’est pas réaliste d’espérer qu’il puisse « assurer le bouclage GES ».
– Ressource en biomasse solide. L’évolution de ce puits doit aussi être appréciée au regard de l’objectif PPE3 d’accroître la production énergétique de la biomasse solide (111 TWh en 2022 ; 120 à 135 TWh en 2023). On rappelle que selon les conclusions de la Mission (fin 2023) des conseils généraux (CGE et CGAAER) et de l’Inspection générale (IGEDD) : « il ne sera pas possible d’augmenter la production de bois sans faire disparaître le puits de carbone forestier, voire en faire une source d’émissions, et sans dépasser – conjoncturellement ou systématiquement – les 100 % de taux de prélèvement (avec baisse du volume à l’hectare) ».
Au regard de ces éléments, la priorité aux puits de carbone paraît antinomique avec l’objectif de mobilisation accrue de la biomasse à usage énergétique. Pour le chauffage résidentiel et tertiaire et à côté d’une part de biomasse solide qui devrait rester à peu près à son niveau actuel, il faut privilégier les pompes à chaleur, la géothermie de surface (ou profonde pour le collectif) et (avec une TRL plus faible), les réacteurs calogènes soutenus par les pouvoirs publics.
Biomasse liquide
La PPE3 limite fortement le développement de carburants 2G alors que c’est une technologie où la France a une avance technologique et qui peut permettre de satisfaire les besoins de l’aviation en transition vers l’arrivée des e-carburants, et en complément des efforts de sobriété.
Biomasse gazeuse
Nous considérons que la hiérarchie proposée devrait être orientée vers :
– La chaleur industrielle actuellement fournie en gaz naturel. Les équipements gaz sont en place, et la minimisation du coût d’abattement passera par le biogaz.
– La production d’électricité de pointe où, là aussi, les équipements existent. La révision de mars 2025 de la PPE3 cependant de « privilégier d’autres solutions techniques que la biomasse en particulier pour la production de base ». Si l’Académie des technologies souscrit à l’exclusion de la biomasse pour la production d’électricité en base, elle considère en revanche que la production de pointe devrait être assurée essentiellement par du biogaz pour quelques dizaines de TWh/an.
– les soutes maritimes : de nombreuses flottent maritimes entament leur décarbonation en passant du fioul au gaz naturel (ou à l’ammoniac produit à partir de gaz naturel) et elles devront très naturellement accéder au biogaz.
Ces priorités utiliseraient une part substantielle du biogaz disponible. L’Académie des technologies est consciente de leur impact sur le réseau de distribution de gaz vers les particuliers, qui est à traiter dans une vision de très long terme.
Cibles hydrogène
La PPE3 révisée a « réévalué les objectifs de développement des capacités d’électrolyse au regard du potentiel de déploiement de ce vecteur énergétique, tout en conservant une ambition forte pour la filière industrielle ».
Par rapport à la dernière stratégie nationale Hydrogène (décembre 2023) et à la PPE3 initiale (novembre 2024), la PPE3 révisée (mars 2025) abaisse l’objectif 2030 de capacité d’électrolyseurs installés de 6,5 à 4,5 GW.. L’objectif de disposer d’une capacité installée de 4,5 GW en 2030 reste élevé compte tenu des problèmes de flexibilité de fonctionnement, de maturité technologique et de l’insuffisance de la demande :
• A ce jour, la capacité des électrolyseurs à être exploités de façon flexible sans impact significatif sur leur durée de vie n’est pas démontrée quelle que soit la technologie, et nous n’avons pas connaissance que les fournisseurs offrent des garanties de performance sur ce point. Or l’hypothèse d’utilisation flexible est faite par la PPE3. Les technologies développées en France ne sont pas prêtes à une industrialisation immédiate (sauf la technologie alcaline où la Chine est d’ores et déjà dominante et sera très difficile à concurrencer). Il est donc certain que les 4,5 GW projetés en 2030 seront réalisés avec des électrolyseurs allemands, chinois ou américains comme d’ailleurs envisagé par les porteurs de projets.
• La PPE3 (mars 2025) ne détermine pas d’objectif au-delà des 4,5 GW de 2030. On doit cependant supposer de la trajectoire se poursuivra de façon linéaire voire s’accélérera. Ce qui conduirait à une capacité d’électrolyseurs supérieure à 8 GW en 2035. La France disposerait à cette date d’une capacité de production de 2,2 Mt. Or l’étude de l’Académie des technologies « Y-aura-t-il trop d’électrolyseurs en 2035 en France pour la demande prévisible ? » conclut qu’en 2040 la demande française d’hydrogène devrait être de l’ordre de 1,6 Mt seulement en hypothèse moyenne (0,9 Mt en hypothèse basse).
L’Académie des technologies apprécie que la PPE3 révisée (mars 2025) envisage une révision de la stratégie nationale Hydrogène. Elle pourra s’inspirer des recommandations de la Cour des comptes européenne (17/07/2024) qui invite l’Union européenne à effectuer également une telle révision : « Les auditeurs appellent à un retour à la réalité concernant l’hydrogène pour s’assurer que les objectifs de l’UE sont réalistes et que ses choix stratégiques n’entraveront pas la compétitivité des industries clés ou ne créeront pas de nouvelles dépendances ».