Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

anglais
Accueil » Décision CNews : une victoire à la Pyrrhus pour la gauche ?

Décision CNews : une victoire à la Pyrrhus pour la gauche ?

par
3 850 vues
Le Conseil d’État a rendu le 13 février, sur saisine de Reporters sans frontières, une décision fort… médiatique.

La décision du Conseil d’Etat

La haute juridiction administrative a enjoint l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de réexaminer sous six mois le respect par la chaîne CNews du pluralisme. Ce faisant, il a élargi, sur la base de la loi du 30 septembre 1986 relative à l’audiovisuel, la capacité de contrôle du successeur du CSA.

Le fait que, en pratique mais selon des modalités qui restent à définir par l’Arcom, le décompte du temps de parole sur les antennes ne va plus se limiter à celui des hommes politiques mais concerner l’ensemble des animateurs, chroniqueurs et autres invités, a provoqué un tollé à droite et à l’extrême droite qui ont crié à la censure et à l’« usine à gaz ».

Des réactions contrastées

De manière intéressante, l’animateur vedette de CNews, Pascal Praud, s’est exclamé : « J’attends que le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) saisisse l’Arcom ou le Conseil d’État pour qu’ils regardent comment France Inter et France Télévisions traitent l’attaque du Hamas du 7 octobre »… Et il a rappelé qu’il n’était pas responsable du fait que certaines personnalités refusaient de venir sur le plateau malgré des invitations renouvelées, avant de conclure que CNews ne se laisserait pas intimider par la « bien-pensance ».

De leur côté, la gauche et l’extrême-gauche se sont bruyamment réjouies de la décision. Les chaînes du groupe Bolloré en général et CNews en particulier sont depuis longtemps dans le collimateur tant de la presse de gauche (un pléonasme) que des hommes politiques, du parti socialiste à LFI en passant par les Verts. L’Humanité avait d’ailleurs publié peu avant une tribune qui demandait purement et simplement que soit refusé le renouvellement de l’agrément de CNews et de C8 à cause de la prégnance de l’extrême-droite (4 février 2024). Un comble pour un quotidien communiste largement subventionné par les contribuables !

Une victoire pour la gauche et l’extrême-gauche ?

Il est toutefois permis de se demander si cette victoire pour la gauche et l’extrême-gauche ne risque pas de se transformer en victoire à la Pyrrhus. En effet, la décision du Conseil d’État n’a pas vocation à s’appliquer uniquement à CNews ; elle concerne l’ensemble des chaînes de radio et de télévision. Et si elle s’applique effectivement aux chaînes du service public, les conséquences risquent d’être cataclysmiques pour elles.

S’il y a bien un endroit où le pluralisme n’est pas respecté, c’est bien de manière générale sur le service (prétendument) public. Certes, toutes les chaînes sont soumises à une obligation d’équité en ce qui concerne les invitations d’hommes politiques. Mais pour le reste, elles sont libres de choisir leurs chroniqueurs et leurs animateurs, de même que leurs invités. Si bien que la gauche et l’extrême gauche se trouvent de fait en situation de quasi-monopole sur les chaînes publiques. Il n’est que d’écouter ou de voir France Info pour se faire une idée du respect du pluralisme sur une chaîne de service public…

Pour que le marché des idées règne

Quoi qu’il en soit, certains ont dû bien s’amuser à la lecture de la décision car il sera rappelé que les réseaux sociaux, eux, ne sont pas concernés. Malgré les attaques récurrentes dont ils sont victimes, ils resteront alors une terre de liberté d’autant plus précieuse au regard des contraintes lourdes et liberticides qui pèsent sur l’audiovisuel français.

Il est temps que la liberté de la presse règne dans notre pays. Il est temps que le « marché des idées », pour reprendre une expression entérinée par la Cour suprême des Etats-Unis, existe en France. Il est temps qu’une vraie liberté de choix soit proposée aux auditeurs et aux téléspectateurs. Il est temps que le service public de l’audiovisuel disparaisse. Or, on en est loin à un moment où la nouvelle ministre de la Culture a plaidé pour une BBC à la française !

L’IREFappelle depuis longtemps à la libéralisation de l’ensemble du secteur audiovisuel et à la fin des subventions. La décision du Conseil d’État ne peut que conforter ces idées.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire

18 commentaires

BARBARAY 17 février 2024 - 8:20

Les journalistes ne monopoliseront plus la parole et nous pourrons enfin entendre ce que les politiques ont à dire.
Et enfin, n’avons plus d’idées en France que nous ne cessons de copier sur les États-Unis, l’Angleterre et autre pays !!!

Répondre
Robin 17 février 2024 - 9:52

Je pense que tous ces gens de gauche rêvent d’une France à la Staline et qu’une poignée d’oligarte règne en maître de la pensée unique.
Faisons tout pour que cette situation n’arrive jamais (tout en respectant la loi)

Répondre
Oncpicsou 17 février 2024 - 10:13

Le principe de liberté d’expression est il inscrit de façon explicite dans la constitution ? Si non, il est bien plus urgent de l’inscrire que l’IVG !

Répondre
Roven 17 février 2024 - 10:40

La liberté de la presse, c’est aussi d’être une presse d’opinion, elle devrait donc être parfaitement libre en France.
La décision du Conseil d’État est tout aussi politique que celle du Conseil Constitutionnel sur la loi immigration.
Nous ne pouvons plus faire confiance à nos institutions, à commencer par le président de la république qui sort du rôle et des domaines que lui attribue la Constitution et s’arroge tous les pouvoirs, agissant comme un premier ministre irresponsable devant l’Assemblée.
Ces dérives lamentables incitent certains à demander un changement de Constitution : en réalité, elle a bien rempli son office depuis plus de 60 ans car elle était faite pour des hommes d’État plus intègres, qui avaient le sens de l’État et du service public, non pas cyniques comme ceux que nous avons aujourd’hui : il faut donc changer les hommes, pas les textes… Vaste sujet sociétal !

Répondre
Robert Barcilon 17 février 2024 - 11:55

classique commentaire des gens de droite. Que C-News soit le lieu d’expression de l’extrême droite est flagrant. On ne saurait affirmer que l’idéologie d’extrême gauche domine dans les chaînes du service public, tout au plus une tonalité. Mais donc, la demande du Conseil d’Etat s’applique à tous. On pourrait dire « donc, on verra bien », mais ce qui est demandé à l’Arcom est très délicat et elle sera sous le feu des polémiques perpétuelles.

Répondre
Bruno GERMAIN 17 février 2024 - 12:17

En sommes, cette « gauche » nauséabonde a toujours été stalinienne et aujourd’hui, poutinesque !!!
On ne les entend pas sur l’assassinat d’Alexeï NAVALNY !!!!
Aucune leçon de l’Histoire ! Quand on voit ou l’on écoute l’obscurantisme haineux d’Emanuel Bompard dans sa diarrhée de parole, c’est à désespérer de l’intelligence. Avec sa bande et ses comparses écolos-idiots nous allons nous retrouver en 1793 et ses copains coupeurs de tête. Sauve qui peut !
J’attends désespérément un nouveau De Gaulle avant que notre pays ne sombre !

Répondre
AlainD 17 février 2024 - 12:19

La ficelle est tellement grosse que c’est devenu une corde, que dis je, une aussière !Mais gare au retour de bâton, car j’ai vu Deloire qui était venu en service commandé, se faire moucher par son confrère et co-fondateur de RSF Robert Ménard. Décidément la gauche française est indécrottable.
Maintenant, j’attends de voir dans 6 mois quel sera le résultat pour l’audiovisuel public…

Répondre
Pérou 17 février 2024 - 1:02

J’espère que les chaînes France 2, France 3 et autres chaînes publiques feront l’objet des mêmes règles et mêmes surveillances que Cnews. Et je pense alors que la victoire changera de camp.

Répondre
Geoffroy Claude 17 février 2024 - 1:50

Juste un mot : merci pour cet article qui met bien les points sur les i !

Répondre
duriez 17 février 2024 - 2:17

Quand la justice se substitue aux politiques dans la définition de la loi dont ils sont simplement à en vérifier le respect, le dirigisme se rapproche dangereusement. Et pourquoi ce regard oblique qui épargne les autres chaines dont les chaînes publiques? Le Conseil d’État est-il légitime de prendre ce type de décision sur la saisine d’une association dont le rôle me semble est simplement la défense de la liberté de la presse et des journalistes? Recourir contre la liberté d’informer est inique de la part de RSF. Le Conseil d’État ma paraîtrait légitime à demander le retrait de leur appellation d’intérêt public, le fera-t-il? Notre confiance en la justice en dépend peut-être un peu..

Répondre
Gilles Vedun 17 février 2024 - 2:22

On finit par admettre que les médias sont un redoutable outil de propagande et d’ingénieurie (anti) sociale au service de celui qui les contrôle ou tenté d’en garder le contrôle ; mieux vaut tard que jamais.

Bien à vous

Répondre
Candide06 17 février 2024 - 4:13

Merci, Monsieur, de cette mise en perspective fort utile.
Même si on peut penser que, comme au tennis même si les coups droits et les revers ne dépendent pas, dans leur principe et leur définition, du coté où ils ont lieu, il n’empêche que vous ne verrez jamais un joueur gaucher faire un revers du coté gauche 😉
Disons que les journalistes et les juges sont des humains, non ?! Ils ont tellement pris l’habitude (sans être sanctionnés !) d’utiliser leur outil toujours de la même manière 😉

Concernant les réseaux sociaux, vous écrivez que « n’étant pas concernés… resteront alors une terre de liberté. Ne doit-on pas craindre le fameux « article ‘4 » de la loi surles dérives sectaires, tout aussi peu orienté dans son principe et sa définition, pour ou contre telle secte ou type de contestation, mais bon, ça se serait appelé loi Raoult ou Covide, ça n’aurait surpris personne, non ?!

Répondre
Mathieu Réau 17 février 2024 - 4:51

Je crois que vous faites preuve ici de beaucoup d’optimisme.
Cette décision du Conseil d’État, comme beaucoup d’autres, fait la preuve que les décisions prises par cette institution sont clairement orientées idéologiquement alors que le rôle du Conseil d’État se borne en principe strictement à veiller au respect par l’administration de la Loi.
Dans quel cadre pensez-vous que nous évoluons lorsqu’une institution supposément neutre prend ouvertement des décisions politiques sans que rien ne vienne la contrarier ? La réponse est simple : dans un cadre idéologique éminemment FAVORABLE à de telles décisions.
Ce que cela implique, c’est qu’en admettant que l’ARCOM trouve une solution pour appliquer la demande liberticide faite par le Conseil d’État, elle sera appliquée avec un flagrant deux poids, deux mesures.
N’oubliez pas, d’ailleurs, que la gauche a déjà commencé à sacraliser (et donc à « neutraliser ») certains sujets : parler d’écologie ou de féminisme radicaux, ce ne sera bientôt plus considéré comme une parole orientée politiquement. Ce sera considéré comme un fait neutre et indiscutable dont toutes les chaînes de gauche pourront se gargariser là où CNEWS, par exemple, refuse obstinément, et à raison, d’en parler (sauf pour en dénoncer les abus).
Comprenez bien ce qui va réellement se passer : la parole de gauche sera DE PLUS EN PLUS considérée comme neutre idéologiquement et ne sera donc pas soumise à décompte. Tout ce qui s’emploie ne serait-ce qu’à la nuancer sera (est déjà) qualifié d’extrême-droite et donc dûment comptabilisé ; le but étant d’effacer progressivement cette parole au profit de l’autre.
La gauche n’est pas que joueur à cette table. Elle est aussi arbitre et faiseuse de règles : elle va tricher, c’est évident. Et donc, gagner. Et je vous signale que privatiser le service public n’y changerait rien : je n’ai pas besoin de vous rappeler que la plupart des médias privés sont AUSSI de gauche. Et que c’est d’ailleurs la libéralisation de l’audiovisuel public voulu par Mitterrand qui y a conduit, pour justement casser le monopole de la droite sur le service public de l’époque.

Répondre
Almaviva 17 février 2024 - 6:03

Nous nous enfonçons de plus en plus dans une société qui refuse la contradiction et le débat pour tenter d’imposer, de toutes les manières possibles, des idées et des lois anti démocratiques, en invoquant sans arrêt les fameuses valeurs de la république et la sacro sainte démocratie !

Répondre
Franc 18 février 2024 - 12:27

Ou une défaite de la droite et de l’extrême droite ?

Répondre
Thibault 19 février 2024 - 11:59

Je trouve inadmissible que l’on s’en prenne à la seule presse, on était tous Cnews et Touche pas à mon poste, qui nous informe correctement sur tous les sujets.
Après l’attentat de Charly Hebdo, les français, le gouvernement et tous les partis politiques et tous étaient d’accord pour crier « On est tous Charly  » et revendiqué la liberté de la presse. Aujourd’hui, je remarque que ce n’est pas le cas.

Répondre
Duhamel 10 mars 2024 - 1:16

J’espère sue le RN sera élu et qu’il arrêtera de subventionner la presse , les syndicats et les dizaine de milliers d’associations ainsi sue toutes les commissions bidon créent par nos politiques rt qui n’apportent rien au pays .

Répondre
Duhamel 10 mars 2024 - 1:19

Moi citoyen , je refuse que l’on finance avec mes impôts , les syndicats , les commissions bidons , les associations et la presse ecrite .

Répondre