Chers amis de l’IREF, Au beau milieu d’une rentrée bien chargée sur tous les plans – économique, politique, social – la lecture de votre Journal des libertés devrait vous apporter…
Journal des Libertés
La responsabilité sociale de l’entreprise : une nouvelle doxa toxique ?
En janvier 2018 le gouvernement écrit à Jean-Dominique Sénard, alors président de Michelin, et Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT, pour leur demander un rapport sur leur « réflexion sur la relation entre entreprise et intérêt général ». La lettre de mission est de nature « fermée ». En effet, on peut y lire les propos suivants :
« Il est aujourd’hui demandé à l’entreprise d’assumer une responsabilité à l’égard de la société… répondre aux défis environnementaux… favoriser l’amélioration du bien-être des salariés sont des buts légitimes que l’entreprise se voit désormais assigner… permettre aux entreprises de poursuivre des buts plus larges que la réalisation du profit… promouvoir une vision du capitalisme plus respectueuse de l’intérêt général et de celui des générations futures. »
Ces dernières années, l’expression « libéral-libertaire » est venue de plus en plus souvent sous la plume ou dans la bouche des commentateurs politiques, surtout quand ils appartiennent à la droite classique, particulièrement la droite catholique. La thèse sous-entendue par l’expression est qu’on ne peut être libéral sans être libertaire et réciproquement. Pour ces commentateurs, il est donc légitime de ranger dans la même catégorie les partisans du libéralisme classique et ceux de l’avortement, du mariage pour tous, de la PMA et de la GPA, des familles monoparentales et recomposées, de la théorie du genre ou de l’abolition complète des frontières. Ils oublient curieusement que ni Mme Taubira ni Mme Najat Vallaud-Belkacem, grandes libertaires puisque violemment hostiles aux valeurs traditionnelles qu’elles qualifient de « stéréotypes », n’étaient partisanes, que l’on sache, de la baisse des impôts, de la liberté du travail et de l’entreprise, et encore moins de la liberté de l’enseignement, et sont donc rien moins que libérales. Elles se sont d’ailleurs montrées favorables à toutes sortes de lois restreignant les libertés, par exemple celles qui punissent d’amendes et de prison l’expression du moindre doute au sujet de l’excellence psychologique ou sociale de l’homosexualité, ou de l’immigration de masse. Alors que cette contradiction devrait sauter aux yeux des commentateurs, ils persistent dans leur aveuglement. Étant donné que de nombreux Français votant à droite détestent, tout à la fois, le libéralisme (Dieu sait pourquoi !) et les thèses libertaires destructrices des mœurs, ils trouvent tout naturel de réunir leurs deux types d’adversaires dans un même Satan.
La question des pouvoirs exceptionnels, états d’exception, et législations d’exception est l’une des plus ardues qui soient pour un constitutionnaliste. Elle pose une question essentielle qui taquine les publicistes depuis toujours : qui détient la souveraineté ? Dans l’optique du juriste allemand Carl Schmitt, ultérieurement théoricien du nazisme, « est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle ». L’expression en elle-même est ambiguë car la traduction de l’allemand pourrait tout aussi bien être « celui qui décide dans la situation exceptionnelle » ou encore « celui qui décide de/dans l’état d’exception »…. Serait souverain celui qui détiendrait le monopole de la décision. Si nous appliquons cette définition à la Constitution de la Ve République, alors le Président de la République serait le souverain puisqu’il est le titulaire des pouvoirs exceptionnels selon l’article 16, alors même que le « peuple » est titulaire de la souveraineté nationale en vertu de l’article 3…
La justice recherche le bien commun quand la morale veille au bien des personnes. Le juste attribue à chacun ce qui lui revient légitimement, il partage et départage. Le Bien donne sans compter, sans retour, librement. Le Bien est ce vers quoi chacun tend pour réaliser sa propre nature et en ce sens il est presque comme le but ultime de la justice qui a vocation de permettre aux hommes d’être libres de réaliser leurs fins. Mais quand le droit tend à confier à la collectivité le soin de dicter aux individus le Bien qu’ils doivent faire, la justice s’égare au risque de réduire la liberté des hommes qu’elle a mission de laisser prospérer.
Il est souvent dit que la France ne peut être un pays libéral à cause de ses racines catholiques. De façon générale le libéralisme serait mieux reçu dans les pays anglo-saxons que dans les pays latins. Parallèlement Max Weber et Alain Peyrefitte ont soutenu que le capitalisme était le fruit du protestantisme – une thèse combattue par Michael Novak.
Un homme politique peut-il décider froidement que tous les jeunes Français iront désormais à l’école primaire jusqu’à l’âge de 17 ans ? Qu’il n’y aura donc plus en France de véritable enseignement secondaire ? Avec comme conséquence que les études supérieures et la recherche scientifique seront grevées d’un handicap irréparable ? Peut-il prendre seul, sans débat public, une décision aussi absurde, aussi manifestement contraire à l’intérêt général ? Tout citoyen sensé répondra par la négative. Et pourtant, c’est ce que vient de faire M. Jean-Michel Blanquer en mettant en œuvre une catastrophique réforme du concours donnant accès à l’enseignement des collèges et lycées, le CAPES (« Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré »).
Le coronavirus a mis la mondialisation en accusation. Un virus venu de Chine, diffusé par des touristes et des gens de tous pays, y compris des immigrants. Des masques, des tests, des médicaments venus d’ailleurs, rançon de notre dépendance du reste du monde : pourquoi ne pas vivre heureux à l’intérieur de notre Hexagone, voire d’une Europe réduite à sa plus simple expression ?
La presse et les médias se sont faits les échos de l’idée développée par certains experts (Blanchart 2019) suivant laquelle la hausse de la dette n’était pas un problème. De fait, si le poids de la dette publique a augmenté dans tous les pays développés, le coût du service de la dette a dans le même temps baissé. Plus les États s’endettent et plus les taux d’intérêt de long terme auxquels se financent les États baissent (Figure 1). La conséquence pour un pays comme la France est un recul du poids des intérêts dans la dépense publique. En 2018, la part des intérêts représentait 3,1% des dépenses publiques totales contre 6,6% en 1996. Dans ces conditions, conclut l’économiste du FMI, il n’est pas nécessaire de réduire les déficits et de prendre le risque de freiner la croissance en réduisant la demande. Le gouvernement doit au contraire dépenser plus en éducation, en formation professionnelle et en santé.
Individualisme méthodologique et individualisme politique Une des questions méthodologiques les plus importantes dans le domaine des sciences sociales est le rapport entre les théories individualistes et les théories holistiques. Il…