La France serait incapable de faire face à une invasion comme celle que subit l’Ukraine. Elle n’a que 200 chars opérationnels et peu de réserves d’armes et de munitions. Son budget de la Défense peine à atteindre 2 % du PIB et ce sera insuffisant pour combler les retards accumulés par des décennies de disette. Mais elle n’est pas plus capable de maintenir la sécurité en France où les délits et autres incivilités progressent. Et malgré des efforts incontestables, la justice reste un parent pauvre : la France comptait 11,2 juges pour 100 000 habitants en 2020, contre 22 en moyenne en Europe, et 3,2 procureurs (contre 11,8).
Pourtant, la France est l’un des pays au monde qui a les prélèvements obligatoires les plus élevés : 45,2 % du PIB estimés en 2022. Les dépenses publiques sont beaucoup plus importantes (59 %), car nous continuons de vivre à crédit avec des déficits annuels qui en 2023 ne redescendent pas en dessous de 5 % du PIB tandis que, déjà , nous atteignons 3 000 milliards d’euros de dette publique. Nous dépensons plus que nos voisins, mais nous nous appauvrissons : notre PIB par habitant est inférieur de 15 % à celui des Allemands, et nous ne sommes que 26e au classement mondial. Parce que nos dépenses sociales absorbent la plus grande part des ressources publiques : elles représentent 33 % du PIB français tandis que l’ensemble des dépenses consacrées à la défense, à la sécurité intérieure et à la justice ne dépassent guère 3 % du PIB, dix fois moins.
« L’argent coule à flots, mais de façon inefficace »
Nos services sociaux ne sont pas meilleurs que dans les pays comparables, mais ils coûtent plus cher. En 2020 la part des dépenses de pensions de retraite était de 15,9 % en France contre 13,6 % en moyenne dans l’UE. Les taux de cotisations « retraite » payées par les actifs sur leur salaire brut sont pourtant les plus élevés après l’Italie et la République tchèque, soit 27 % en France contre une moyenne de 18,4 % dans l’OCDE. En 2018, les dépenses publiques d’éducation s’établissaient à 2,6 % du PIB en Allemagne, contre 2,93 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne et 3,4 % du PIB en France. Malgré ça, les professeurs français sont mal payés et grognent. En 2020, la dépense courante de santé représentait 12,2 % du produit intérieur brut (PIB) en France et 10,9 % dans l’ensemble de l’Union européenne à 27 pays (Eurostat). Mais les hôpitaux sont surmenés et les médecins généralistes sont sous-payés.