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Pourquoi la réforme des retraites n’augure rien de bon

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Ça ne pouvait être qu’un nouveau « big bang », comme la plupart des réformes d’Emmanuel Macron présentées dans les médias. Pour le moment, c’est plus un « pschitt bang » qui soulève beaucoup d’inquiétudes.


A lire aussi sur la réforme des retraites l’article de Thierry Benne :
« Pour chaque euro cotisé… » Mais au fait, cotisé par qui ?

Des énarques et des hauts fonctionnaires décident de nos retraites

La réforme a déjà été repoussée à 2019, sous prétexte d’une nécessaire « consultation citoyenne ». Depuis le Livre blanc sur les retraites de 1991, les « consultations » se multiplient au même rythme que les rapports, les études et livres sur les retraites. Par dizaines et sans déboucher sur aucune vraie réforme systémique. Tout ce qu’on a fait jusqu’à maintenant, ce sont des changements à la marge, des mini-réformes paramétriques. Cette « consultation citoyenne » démagogique va sûrement se transformer en une sorte de cacophonie nationale qui n’apportera que plus de confusion au sein de la réforme des retraites.

Les récentes déclarations des uns et des autres ne sont pas rassurantes non plus. On parle d’ « un euro cotisé et… les mêmes droits pour tous » (voir l’encadré plus bas). On promet de préserver le caractère « solidaire » du régime par répartition mais avec quelques abstractions. Pour Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, « un système universel ne veut pas dire unique… des différences peuvent exister si elles sont justifiées par l’équité ». Pour Emmanuel Macron aussi, « les spécificités de certains ne disparaîtront pas ». Autrement dit, les régimes spéciaux seront sauvegardés.

Toujours selon M. Delevoye, l’âge légal de départ à la retraite ne changera pas. D’accord, sauf qu’il est de 62 ans dans le privé et à partir de 52 ans dans la fonction publique d’Etat et les services publics. Ces différences scandaleuses risquent de rester dans le nouveau régime « universel ».

Jean-Paul Delevoye fait partie, lui aussi, des privilégiés car, en tant qu’ancien maire, conseiller général, sénateur, député, médiateur de la République et président du CESE, il peut cumuler au minimum 6 régimes de retraite qui n’ont strictement rien à voir avec les conditions de la retraite dans le privé. Fera-t-il amende honorable en donnant l’exemple et sera-t-il le premier à adhérer au régime universel ? De plus, M. Delevoye est entouré d’une équipe d’experts, tous (sauf un) énarques et hauts fonctionnaires. Aucun ne travaille dans le privé. Et aucun n’est retraité ! Non concernés par le régime du privé, sont-ils le plus à même de réformer les retraites en France ?

Une vraie réforme des retraites ? Equité, liberté et épargne

Le système français par répartition est à bout de souffle. Il est déficitaire et inégalitaire. La France est le seul pays qui n’a pas vraiment mis en place une réforme systémique des retraites. Il n’y a pas plusieurs piliers comme dans les autres pays. Les fonctionnaires sont les seuls à bénéficier de la capitalisation grâce au RAFP (retraite additionnelle de la fonction publique). C’est le seul fonds de pension par capitalisation, qui bénéficie à une seule catégorie de Français : les fonctionnaires. Ouvert aux trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) et aux militaires, il s’agit d’un régime obligatoire et par point assis sur les primes et indemnités qui n’entrent pas dans le calcul de la pension de base. Institué par l’article 76 de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites, il est entré en vigueur le 1er janvier 2005. Aujourd’hui, ceux de la fonction publique d’Etat représentent 44 % du total des bénéficiaires, ceux des collectivités locales 32% et ceux des hôpitaux 29%. Pourquoi ne pas l’ouvrir aussi à ceux du privé ?

Un système de retraite idéal serait bâti autour de 3 mots clés : l’équité, la liberté et l’épargne. Pour avoir l’équité, il faudrait en finir avec le paritarisme à la française associant, à la réforme des retraites, des partenaires sociaux qui ne sont nullement concernés par le régime privé. De même, il est absolument anormal que des syndicalistes fonctionnaires fassent partie des conseils d’administration des caisses du privé. Le comble : le président de la CNAV est un ancien de la Poste qui bénéficiera du régime spécial des postiers et non pas du régime privé !

Les Français devraient pouvoir préparer librement leur retraite en épargnant dans des fonds de pension grâce à la capitalisation. Chacun doit être responsable de sa propre retraite, c’est pourquoi l’IREF propose la création d’un compte personnel retraite (CPR) qui donnerait aux Français la possibilité de gérer au mieux leur pension et de partir à la retraite à l’âge de leur choix comme c’est le cas en Suède.

Le régime universel des retraites semble très mal parti pour le moment et risque d’aggraver la situation du privé. Si les régimes spéciaux sont maintenus, un système appelé unique obligera forcément le privé à payer encore plus pour le public. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’une réforme des retraites, mais d’une euthanasie.

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1 commenter

theano 20 juin 2018 - 4:54

Madoff
Notre système de retraite par répartition n'est rien d'autre qu'une pyramide de Ponzi, un système à la Madoff. On sait où cela a mené ce brave Bernard. Quand va-t-on enfin en finir avec ce système débile, et permettre aux salariés d'épargner pour leur future retraite comme vous le proposez? Au train où ça va, aux calendes Grecques. A moins que la pyramide ne finisse par s'effondrer.

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