L’IREF ne cesse de le répéter depuis des mois : annoncée comme un extraordinaire « big bang », la réforme des retraites d’Emmanuel Macron risque d’avoir des conséquences financières immenses et de transformer la retraite en France en une forme d’assistanat universel accordé par l’Etat.
Le « grand débat » se rajoute à la cacophonie actuelle autour de cette « réforme » dont le but premier était « d’homogénéiser les 42 régimes de retraite existants dans un système « universel », un système par points où « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous », afin de garantir « plus d’équité et de transparence ». En réalité, les préposés à la réforme semblent ne plus vraiment savoir (est-ce qu’ils l’ont jamais su ?) quelle décision prendre ! On tourne en rond autour de l’âge de la retraite, on recule sur les régimes spéciaux, et Jean-Paul Delevoye n’arrête pas de faire des déclarations « rassurantes » à l’égard des syndicats ; Il ne faut pas toucher à l’âge de départ car il a « instauré une relation de confiance avec les syndicats pour créer un nouveau régime de retraite ».
Cette « relation de confiance « n’augure rien de bon. M. Delevoye (qui d’ailleurs n’est pas concerné par le régime du privé car il est haut fonctionnaire et peut cumuler plusieurs retraites), a sûrement promis aux syndicats la pérennité des « spécificités » des régimes spéciaux avec des taux de cotisation et des départs à la retraite particuliers. Ce qui est extrêmement grave dans ce qui se trame c’est que le privé prendra encore plus en charge les retraites du public. Sans bénéficier d’une caisse, les retraites des fonctionnaires sont payées à pratiquement 90 % par l’employeur, c’est-à-dire l’Etat donc… les contribuables. Quand les fonctionnaires de l’Etat payent un euro de cotisation pour leur retraite, l’Etat employeur en paye près de neuf. Dans le secteur privé, ce rapport est de 1 à 1,6, soit six fois moins.
On se dirige apparemment vers un projet qui regrouperait tous les systèmes de retraite en un « régime commun » sous l’égide de la Caisse des dépôts et consignations qui en gérerait le financement. Toute liberté de s’assurer sera confisquée et les cotisations du privé serviront aussi à financer les retraites du public (75 milliards d’euros en 2019). En ce qui concerne l’âge de la retraite auquel on ne touchera probablement pas, les inégalités entre le privé et le public persisteront. L’âge de départ n’étant qu’un aspect qui ne réglera pas le problème des retraites. Nous sommes donc très loin d’une « réforme » qui devrait en premier lieu accorder à chacun la liberté de choisir le moment du départ à la retraite (faut-il rappeler que la Cour suprême américaine a jugé que l’âge fixe était une forme de discrimination illégale ?), en seconde lieu permettre aux Français d’épargner et de s’assurer librement pour leurs vieux jours. Ce qui se passe maintenant, c’est une farce dont le privé est le dindon !