Le 16 janvier 2021, Armin Laschet a été élu président de la CDU. Si, traditionnellement, cette élection désigne le favori à la succession d’Angela Merkel, elle-même membre de la CDU, la situation diffère cette année. Armin Laschet n’est pas encore vu comme un candidat crédible à la chancellerie, et d’autres ténors de la droite allemande pourraient lui voler la vedette.
La CDU a son président, c’est entendu. Mais ce président doit maintenant convaincre pour espérer remplacer Angela Merkel, qui a annoncé en 2018 qu’elle ne se présenterait pas pour un cinquième mandat. Le flambeau est lourd à reprendre, et Armin Laschet ne fait pas l’unanimité. Il devra composer avec Markus Söder, le président charismatique de la CSU, qui s’est illustré dans sa gestion de la pandémie, et Friedrich Merz, rival d’Angela Merkel, qui tweete presque autant que Donald Trump, quoique dans un style différent. Armin Laschet a huit mois, avant les élections à la chancellerie du 26 septembre 2021, pour renverser la vapeur.
Armin Laschet, homme de compromis ou girouette ?
Sur le papier, Armin Laschet semble tout indiqué pour devenir le nouveau chancelier allemand, avec une expérience notable : quatre ans comme ministre-président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ce Land est le plus peuplé d’Allemagne, avec 18 millions d’habitants sur 85 millions. Une expérience qui a peut-être habitué Armin Laschet aux compromissions. A la fin des années 90, il fréquentait un cercle d’élus de la CDU et des Verts allemands. Il en a tiré un réseau informel et une alliance confirmée en février 2020, lors de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité. Aux côtés de la coprésidente des Verts, Annalena Baerbock, il regrettait le manque de coopération d’Angela Merkel avec Emmanuel Macron sur la question européenne. Que la CDU s’associe à die Grünen est plutôt habituel. Friedrich Merz, malgré quelques piques au chef du parti, affirme travailler en bonne intelligence avec les écologistes allemands.
En revanche, l’alliance d’Armin Laschet avec Jens Spahn est plus surprenante, et moins dans l’ADN de la CDU. Lorsqu’Annegret Kramp Karrenbauer a quitté la tête de la CDU en février 2020, Armin Laschet a immédiatement annoncé son tandem avec Jens Spahn, membre de la CDU, ministre de la santé et connu pour son opposition à a politique migratoire d’Angela Merkel en 2015. Cette alliance a surpris de la part de l’homme qu’on surnommait « Armin le Turc », en référence à son approbation inconditionnelle de cette même politique que Jens Spahn désapprouvait. . Ce calcul aura porté des fruits, puisqu’il a permis à Armin Laschet de récupérer quelques voix plus conservatrices. De quoi remporter 52,8 % des voix.
Cet esprit de compromission pourrait bien lui être utile dans les prochaines négociations avec Markus Söder. Les présidents de la CDU et de la CSU doivent annoncer au mois de mars lequel d’entre eux sera candidat à la chancellerie. Une façon pour la droite allemande d’éviter de disperser ses voix. Les compromissions peuvent également être un moyen de maintenir une continuité bénéfique pour l’économie. D’un autre côté, l’Allemagne a peut-être besoin d’une politique ferme et courageuse, plutôt que d’une politique faite de circonvolutions, désireuse de plaire à tout le monde et donc de ne pas faire de vagues.
Armin Laschet face à deux concurrents sérieux de la CDU/CSU pour l’élection à la chancellerie
Elu président de la CDU d’une courte majorité, Armin Laschet doit travailler son image pour avoir une chance de succéder à Angela Merkel. Il n’est en effet pas aussi apprécié que Markus Söder, président de la CSU. « Enfin, Armin Laschet doit compter avec Friedrich Merz. Grand adversaire d’Angela Merkel, il a perdu le second tour de l’élection pour la présidence de la CDU mais n’a pas dit son dernier mot. ». Ainsi, les 4 et 5 janvier, un sondage réalisé pour ARD, chaîne publique allemande, révélait que seuls 32 % des Allemands considéraient Armin Laschet comme un bon candidat à la chancellerie, alors qu’ils étaient 80 % à avoir cette opinion sur Markus Söder. Même Friedrich Merz avait un meilleur score (40 %).
Friedrich Merz est, à 65 ans, vice-président du conseil économique de la CDU. A peine le résultat des élections publié, il a demandé à Angela Merkel de lui donner le poste de ministre de l’Economie. Un poste qui lui permettrait de concrétiser ses positions libérales. Friedrich Merz avait pris position contre un nouvel « Neidsteuer », néologisme que l’on pourrait traduire par « impôt jaloux », c’est-à -dire un nouvel impôt sur les plus hauts revenus. Opposé à la décroissance, il est convaincu que la protection du climat ne s’oppose pas à la prospérité de l’Allemagne. Il souhaite que l’Allemagne se positionne sur les nouvelles technologies et l’innovation, et redonne sa vitalité à l’industrie, tout particulièrement pharmaceutique. Bien décidé à tenir une place de premier ordre dans la politique économique allemande, Friedrich Merz est une force avec laquelle le futur candidat à la chancellerie devrait compter.
Sources :
https://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/neuer-cdu-chef-und-wirtschaftspolitik-zurueck-zur-marktwirtschaft-17150701.html?premium#void
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/18/allemagne-armin-laschet-le-choix-de-la-continuite-a-la-tete-de-la-cdu_6066655_3210.html
https://www.faz.net/aktuell/finanzen/was-die-finanzmaerkte-von-armin-laschet-halten-17151879.html
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/18/elu-a-la-tete-de-la-cdu-armin-laschet-se-pose-en-pretendant-serieux-a-la-succession-d-angela-merkel_6066650_3210.html
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/16/en-allemagne-armin-laschet-favorable-a-la-continuite-avec-merkel-elu-president-du-parti-chretien-democrate_6066499_3210.html
https://www.fr.de/politik/die-legende-vom-liberalen-laschet-90019592.html