La rencontre à Riyad, mardi après-midi, entre le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, la première de ce niveau depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il y a exactement trois ans, s’est conclue sur des déclarations quasi dithyrambiques de part et d’autre, de quoi nourrir les soupçons d’une trahison majeure de la part de la Maison Blanche à la fois de l’Ukraine et des Européens.
Certes, Marco Rubio a affirmé que ces derniers devaient pouvoir participer aux négociations ultérieures sur un cessez-le-feu, et réaffirmé la nécessité d’une paix « juste et durable », mais la délégation américaine a aussi affirmé que « les questions territoriales et garanties de sécurité » des deux parties devraient être sur la table, sous-entendu que Kiev devrait reconnaître la perte de tout ou partie des régions annexées par le Kremlin, voire que les préoccupations sécuritaires de ce dernier vis-à -vis de l’élargissement de l’OTAN devraient être écoutées. De source américaine, les perspectives pour les relations russo-américaines sont « extraordinaires », de quoi, là encore, avoir froid dans le dos en Europe, puisqu’il ne peut s’agir que d’ententes géopolitiques, dans la mesure où les Etats-Unis, exportateur net d’hydrocarbures, n’ont pas grand-chose à acheter à la Russie. Marco Rubio s’est dit aussi “convaincu” que la Russie voudra s’engager dans un “processus sérieux” pour mettre fin à la guerre, ce qui témoigne d’une candeur féroce.
De son côté, le Kremlin s’est dit prêt, pour la première fois, à négocier avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky… tout en doutant de la légitimité de ce dernier puisqu’aucune élection présidentielle n’a pu être organisée à l’expiration de son mandat en 2024 pour cause de loi martiale (rappel ; le Royaume-Uni, pourtant démocratie exemplaire, n’a pas organisé d’élections de 1937 à 1946). Volodymyr Zelensky a taclé la rencontre russo-américaine la qualifiant de pourparlers “sur l’Ukraine sans l’Ukraine”
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Je retient vos deux mots associés “candeur” c’est au mieux ce qui pourrait définir nos gouvernant, mais en y ajoutant “féroce” on se rapproche de la vérité qui est toujours paradoxale.