Dominique de Villepin « aux avant-postes » pour la prochaine élection présidentielle

« Imbu de la France », l’antilibéral Dominique de Villepin croit à son destin présidentiel.

Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre de Jacques Chirac, a donné un long entretien en vidéo au média d’extrême-gauche Mediapart (« Faire face à une Amérique qui se moque du monde »). Interrogé par Edwy Plenel durant plus d’une heure, il a été fidèle à lui-même : grandiloquent, pompeux et verbeux, il a tenté de se donner une stature d’homme d’État en contrepoint d’un Emmanuel Macron qu’il n’a cessé de critiquer du haut de sa brillante expérience à Matignon…

Dominique de Villepin a d’abord opposé trois modèles, les deux premiers étant mis (de manière inadmissible) sur le même plan en tant que repoussoirs : le modèle américain, fondé sur la puissance, le modèle chinois, fondé sur le contrôle, et le modèle européen. Mais, en anti-américain assumé, c’est avant tout d’un combat entre les Etats-Unis et l’Europe qu’il a parlé. Si, en Chine, le collectif prime l’individu, en Amérique, c’est l’inverse : « l’individualisme » est roi, a-t-il regretté. L’Europe, elle, défend une autre idée de l’homme : nous sommes « les héritiers, les gardiens du droit, d’une idée de l’homme, l’homme libre et égaux (sic) en droits ». Et c’est cette juste idée de l’homme qui rend possibles la fraternité et la solidarité.

Fondée donc sur une fausse idée de l’homme, l’Amérique est, selon l’ancien Premier ministre, un danger : « Il faut faire face à une Amérique qui ne comprend pas le monde, qui se moque du monde ». « Un système de prédation et de vassalisation est en marche », a-t-il même osé. Il nous semblait pourtant que nous avions quelques points communs avec les Américains, un peu plus en tout cas qu’avec les Chinois et les Russes…

Sur de telles bases, il n’est guère surprenant que Dominique de Villepin ait ensuite multiplié des déclarations que, au-delà de leur caractère brumeux, nous qualifierons au mieux d’inquiétantes : la « mondialisation » a cessé de nous bénéficier « tout d’un coup » ; « Il faudra pour les Européens se doter d’un réseau social, d’un système de protection des données, d’un cloud pour donner une éthique à cette idéologie », la bonne puissance publique communautaire se substituant ainsi au méchant secteur privé américain ; « Il faudra réinventer un service national, social ».

Lorsque Edwy Plenel lui demande s’il sera candidat à la prochaine élection présidentielle, l’ancien Premier ministre répond : « Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes ». Une réponse plus précise que celle qu’il avait faite sur France 5 le 14 décembre dernier.

Souvent catalogué comme gaulliste social, Dominique de Villepin n’a cessé de tenir des propos controversés ces derniers mois au grand contentement de l’extrême gauche : en juillet 2024, il avait appelé avant le second tour des élections législatives à voter à gauche contre la Rassemblement national ; à la fête de L’Humanité le 15 septembre, à laquelle il avait accepté de se rendre, il avait dit qu’il aurait fallu « donner sa chance » au Nouveau Front Populaire à l’issue de ces élections ; le 7 octobre sur Franceinfo, il s’est lamenté que l’on soit tenté de faire de l’Algérie « un bouc-émissaire » ; le 23 novembre sur France 2, il a une nouvelle fois vivement critiqué Israël en se prenant de bec avec Elisabeth Borne. C’est à se demander si Dominique de Villepin ne rêve pas plutôt de retourner à Matignon au cas où Jean-Luc Mélenchon accède à l’Elysée…