Alors que plane la menace du vote, la semaine prochaine, d’une motion de censure par un RN s’associant exceptionnellement à un texte de la gauche, le ministre français de l’Economie, Antoine Armand, s’est déclaré prêt à revoir le projet de budget 2025, notamment en matière de taxation de l’électricité pour éviter « une tempête financière ». Et le Premier ministre, Michel Barnier, s’est engagé à ce que la suppression programmée des allègements de charge soit supprimée pour les salaires inférieurs à 2,25 fois le smic. Le projet de la loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) remanié en commission mixte paritaire revient dans l’hémicycle lundi et le Premier ministre, Michel Barnier, a d’ores et déjà annoncé son intention d’engager la responsabilité de son gouvernement, qui conduirait au dépôt d’une motion de censure de la part de la gauche.
Antoine Armand a de nouveau mis en garde contre un rejet du budget qui doit permettre de réduire le déficit public à 5% du PIB l’an prochain, contre 6,1% attendu cette année. Ces turbulences ont porté l’écart de rendement entre la dette à 10 ans française et sa contrepartie allemande au plus haut depuis 12 ans, à près de 90 points de base, reflet du malaise des investisseurs inquiets de la trajectoire budgétaire de l’Hexagone. Par ailleurs, le rendement des obligations assimilables au Trésor (OAT) à dix ans est monté brièvement à 3,053 % contre 3,044% pour le taux des emprunts souverains grecs de même échéance, pour la première fois dans l’Histoire. Cela signifie que le marché estime aujourd’hui qu’il y a autant de risque à prêter à la France qu’à la Grèce, qui fut en défaut de paiement il y a une douzaine d’années. Au risque politique s’ajoute la décision de S&P sur la notation de la dette française, qui doit être rendue vendredi. Moody’s et Fitch ont abaissé cette année leurs perspectives sur la note de la France à « négative », sans impact notable sur l’écart de taux.