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Taxer les superprofits : une nouvelle menace collectiviste pour l’innovation et la compétitivité économique en France

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La proposition de taxe sur les « superprofits » des grandes entreprises, récemment approuvée par la commission des finances, s’inscrit comme une nouvelle offensive du programme socialiste du gouvernement. Défendue par Esther Duflo, prix Nobel d’économie, elle intensifierait l’intervention de l’État dans l’économie, sous couvert de « justice sociale », en frappant de plein fouet les entreprises les plus performantes. Ses partisans, comme les députés de La France insoumise (LFI), la justifient en évoquant la nécessité de faire « contribuer à la solidarité nationale les profiteurs de crise ». Cette taxe viserait ainsi les entreprises dont les bénéfices excèdent 1,25 fois la moyenne des profits réalisés avant la crise du Covid, avec un montant progressif compris entre 20 % et 33 %.

Distorsion des incitations économiques et impact sur l’innovation

L’une des principales critiques que l’on peu formuler contre cette taxe est qu’elle risque de handicaper les entreprises les plus performantes, celles qui ont su s’adapter efficacement aux nouvelles conditions économiques induites par les crises récentes. Comme le souligne l’économiste américain Murray N. Rothbard, « les profits sur le marché sont une mesure de l’efficacité et de la rapidité par lesquelles les entreprises répondent aux besoins changeants des consommateurs ». En taxant les « superprofits », on envoie un signal inverse : la réussite est pénalisée, des entreprises dynamiques seraient taxées davantage que d’autres n’ayant pas réussi à évoluer. Cette approche pourrait d’une part empêcher que l’ajustement des ressources et de la production aux changements des marchés soit aussi précis que souhaitable, d’autre part décourager l’innovation et réduire l’incitation à investir dans des secteurs à forte croissance, ce qui entraînerait à terme une baisse de la productivité.

Une telle politique de taxation des « profits excédentaires » pourrait donc, dans un temps plus  long et sur une plus vaste échelle, affaiblir la compétitivité des entreprises françaises dans un environnement mondial de plus en plus concurrentiel.

Risque de fuite des capitaux et des délocalisations

Un autre effet secondaire potentiellement dévastateur est le risque accru de fuite des capitaux et de délocalisations. Les entreprises visées, réalisant plus de 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, représentent une part importante de l’économie française. Si la France décide d’imposer une telle taxe, elles pourraient être tentées de déplacer leurs activités dans des pays à fiscalité plus attractive, tels que la Suisse ou l’Irlande, bien plus compétitifs avec un taux d’imposition sur les sociétés de, respectivement, 8,5% (environ 15% en moyenne, avec l’imposition cantonale) et 12,5%. L’OCDE classe la France au 7ème rang sur 38 des pays les plus taxés, et le 2ème en Europe  après le Portugal, avec son taux de 25,80%. Le risque de délocalisation est déjà bien réel et le serait encore plus avec une imposition encore alourdie (voir diagramme à barres). Une voix critique, celle de Véronique Louwagie (LR) l’a bien souligné à l’Assemblée : « Si vous voulez que toutes nos entreprises quittent le territoire, vous avez raison, c’est exactement ainsi qu’il faut procéder ! » Il est évident que si nos grandes entreprises quittaient la France, ce serait moins de recettes fiscales dans des caisses qu’il devient pourtant urgentissime de remplir, moins d’emplois qualifiés, et par conséquent une économie affaiblie dans son ensemble.

Violation du principe de neutralité fiscale

La taxation des « superprofits » est particulièrement problématique car elle s’applique de manière différenciée selon le succès des entreprises, ce qui pénalise celles qui sont plus performantes et innovantes. Un impôt devrait être objectif, idéalement appliqué de manière proportionnellement égale à tous, indépendamment de l’importance du résultat des acteurs économiques (et non de manière discrétionnaire).

Résumons : nous ne voyons que des inconvénients à une taxation progressive des profits. Elle favoriserait certaines entreprises, et pas forcément les plus performantes, au détriment d’autres, celles qui figurent dans le peloton des meilleures. Elle briderait le moteur même de leur action, le désir de progresser et de réaliser des profits. Elle découragerait de ce fait l’audace et l’innovation. Elle plomberait des parts entières de revenus qui auraient pu être investis. Elle pervertirait les signaux naturels du marché. Bref, ce serait un véritable poison pour une économie actuellement en très mauvaise santé.

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4 commentaires

Laurent 24 octobre 2024 - 7:50 am

Pendant ce temps là Macron mène grande vie, organise en grande pompe des réunions internationales là ou les principaux concernés sont absents, Quel en sera encore le coût ?
et cela va se poursuivre ainsi durant les années à venir. Quelle médiocrité cette République qui détruit complètement la France à l’image des actes de Staline qui a pillé et affamé à maintes reprises son peuple.

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Nicolas Lecaussin 24 octobre 2024 - 10:30 am

faut pas exagérer non plus…

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Trasymsarl 24 octobre 2024 - 8:06 am

« La taxation des « superprofits » est particulièrement problématique car elle s’applique de manière différenciée selon le succès des entreprises ».
Cela prouve à l’évidence que nos « taxateurs compulsifs » n’ont absolument rien compris au fonctionnement de l’économie et des marchés: Les entreprises innovantes ont du succès car elles proposent aux consommateurs des produits ou services dont ils ont besoin, à des prix compétitifs, ce qui explique leurs « superprofits ». Et ces super profits leur permettent de financer la recherche et le développement de produits innovants qui à leur tour permettent à ces entreprises de consolider leurs profits et d’avancer par rapport à une concurrence ( en France et en Europe) sclérosée par les taxes, charges et normes diverses inutiles (pour la plupart).
Einstein a dit (parait-il) que la folie, c’était de faire les choses toujours de la même façon et d’en attendre un résultat différent. Nous sommes donc gouvernés par des fous!
CQFD/CPEF.( comme dirait H16)

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Jean-Aymar de Sékonla 24 octobre 2024 - 9:11 am

Cessons de parlers de taxes, ce vocable doit être banni dans la situation actuelle.
Les seules choses dont on doit parler c’est de réorganisations et d’ECONOMIES!
… mais on voit bien que le discours sur les taxes sert à masquer celui sur les économies!

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