Les industriels de l’agro-alimentaire sont sous le feu des critiques. Ils sont accusés d’alimenter l’inflation en ne consentant pas à baisser leurs prix. Leur taux de marge est jugé exorbitant, aussi bien par Mathilde Panot (LFI) que par Bruno Le Maire, ou par les enseignes de la grande distribution.
Emmanuel Macron, dans son entretien avec Hugo Travers le 4 septembre dernier, a affirmé que « quelques groupes de l’agroalimentaire ont passé des hausses de prix massives » et font des « surprofits ». Mais est-ce vraiment au Président de la République et à son gouvernement de décider du prix des produits et du niveau de marge qui serait acceptable ?
Les industries de l’agro-alimentaire auraient eu un taux de marge de 48 % au premier trimestre de cette année, nous dit l’Insee. Rappelons que ce même taux était de 28 % en 2021. Peut-être n’assiste-t-on qu’à un rattrapage provisoire permettant aux industriels de se refaire une santé ? Peut-être sont-ils simplement en train de préparer l’avenir ? En effet, n’oublions pas que le Gouvernement leur impose de rationaliser leur consommation d’eau et de réduire leur consommation d’énergie, voire de produire des énergies renouvelables (biogaz, biomasse, utilisation des résidus organiques, etc.). Les industries agro-alimentaires sont aussi mobilisées pour réduire, trier et recycler leurs déchets solides et atteindre l’objectif du « zéro déchet ». Tout cela va demander d’énormes investissements qui ne seront possibles que si le secteur est suffisamment profitable.
Plus globalement, le taux de marge des entreprises françaises s’établissait à 33,2 % au deuxième trimestre 2023, soit au même niveau qu’en 2017 (33,3 %). Si l’on exclut les secteurs du transport et de l’énergie, le taux de marge « reste déprimé, toujours à son plus bas niveau depuis les années 1980 (28,6 %) » explique Maxime Darmet, économiste France chez Allianz Trade.
Le taux de marge des entreprises françaises est aussi très faible par rapport à celui de leurs concurrentes étrangères. Il est, en effet, de 39,3 % en Allemagne ; de 42,2 % en Espagne ; de 43,1 % en Italie. Dans la zone euro, il s’établit à 40,8 % en moyenne.
Bref, Emmanuel Macron a, encore une fois, perdu l’occasion de se taire !