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Un geste pour les jeunes ? Une vraie libéralisation du permis de conduire

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La loi de 2016 du ministre Macron a permis un certain progrès en introduisant une concurrence dans un secteur autrefois monopolisé par les auto-écoles, mais elle reste insuffisante.

Le permis de conduire, un enjeu pour l’emploi et la mobilité sociale

De nombreux emplois et stages sont conditionnés à l’obtention du permis de conduire, notamment dans les territoires ruraux.

Cependant, c’est très onéreux : il faut compter en moyenne 1800 euros, et parfois bien plus dans certaines régions ou lorsque le candidat ne l’obtient pas du premier coup. Très difficile, voire impossible, pour une partie de la population française. Selon un rapport parlementaire de 2019, un quart des jeunes renoncerait à une offre d’emploi parce qu’ils n’ont pas le permis.

Les politiques, qui draguent le vote de la jeunesse, se sont emparés de ce sujet, qui prend donc une importance particulière avant la présidentielle de 2022 ou les régionales de cette année. Malheureusement, leurs propositions ne portent pas sur l’obstacle principal : le manque de concurrence. Des dépenses publiques supplémentaires ne feront que rendre encore pire la situation.

Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, devrait par exemple mettre en place une aide de 1300 euros pour aider les jeunes en insertion professionnelle de la région à passer leur permis. Au total, cela pourrait représenter près 78 millions d’euros de dépenses supplémentaires qui peuvent être évitées. En 2019, le gouvernement avait proposé des mesures bienvenues, mais toutefois insuffisantes, pour faire baisser de 30% le prix du permis de conduire.

Une libéralisation totale

Une première solution serait de diminuer le nombre d’heures de leçons. En France, un candidat doit en totaliser déjà 20 avant pouvoir se présenter à l’examen.  En réalité, la moyenne nationale tourne autour de 32 heures. À titre de comparaison, il n’en faut que 6 heures en Italie. D’autres, parmi nos voisins européens, en exigent aussi beaucoup moins que nous sans que les routes soient pour autant plus dangereuses. C’est donc possible.

Dans le système actuel, une mesure de taille permettrait de faire baisser les coûts sans mettre l’État à contribution : l’ouverture pleine à la concurrence. La loi Macron de 2016 a permis une ouverture partielle en introduisant sur le marché des acteurs non traditionnels. Ce sont le plus souvent des plateformes internet (les plus connues étant Ornikar, En voiture Simone ou Le permis libre) se basant sur un modèle décentralisé. Elles mettent en relation des moniteurs indépendant et des élèves, sans passer par l’intermédiaire d’une agence physique et en laissant au candidat le soin de faire toutes les démarches administratives. Le résultat ? Un permis plus de deux fois moins cher (autour de 800 euros) par rapport aux auto-écoles traditionnelles. De plus, le candidat, une fois ses 20 heures obligatoires effectuées, fixe lui-même la date l’examen, contrairement à ce qui se passe avec les auto-écoles, qui abusent parfois de cette disposition.

Cependant, les auto-écoles sont parvenues à conserver un gros atout par rapport à leurs concurrents sur Internet : la priorité pour l’attribution des places d’examen. La chose est d’importance, le nombre d’examinateurs étant bien trop faible pour les besoins actuels. Les auto-écoles bénéficient de places attribuées par l’État, le reste étant distribué aux candidats dits « libres » (c’est-à-dire ceux des plateformes internet), qui doivent parfois attendre jusqu’à 8 mois. Cela pousse même certains de ces candidats libres ayant terminé leur formation à s’inscrire dans une auto-école (et donc à payer des heures de conduites en plus) dans le seul but de décrocher une place d’examen.

Le privilège des auto-écoles fausse donc la concurrence avec les plateformes en ligne. Ces dernières ne sont certes pas sans défaut. L’absence de contact humain, et d’une agence de quartier proche à laquelle on peut directement s’adresser, ne convient pas à tout le monde, surtout parmi les plus âgés. Mais aujourd’hui, ce qui empêche encore les jeunes de se tourner en masse vers une solution bien plus économique, qui leur conviendrait, est indéniablement ce système d’attribution de places. Une simple réforme permettrait de démocratiser le permis et de le rendre presque deux fois moins cher sans débourser un centime d’euros d’argent public.

Sources

https://www.cnews.fr/france/2020-11-05/ile-de-france-vers-la-gratuite-du-permis-de-conduire-pour-les-jeunes-en-insertion
https://www.capital.fr/auto/permis-de-conduire-un-contrat-type-pour-faire-baisser-les-prix-des-auto-ecoles-1362592
https://www.leparisien.fr/economie/paris-les-auto-ecoles-en-ligne-embourbees-dans-des-delais-monstres-28-02-2019-8022066.php
https://www.lesechos.fr/monde/europe/le-permis-de-conduire-est-il-plus-cher-en-france-quailleurs-en-europe-1005654

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2 commentaires

Koris 26 mars 2021 - 7:58 am

Un geste pour les jeunes ? Une vraie libéralisation du permis de conduire
D’accord avec l’article sauf sur le nombre d’heures de conduite obligatoire. Vu comment conduisent les italiens, ça ne m’étonne pas qu’ils n’aient que 6h de conduite.

Un autre point qui n’est pas abordé: pourquoi n’y a t-il pas plus d’examinateur?

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HANLET 26 mars 2021 - 9:10 am

Le PC plus difficile que le baccalauréat !
C’est pourtant en sens inverse que se produit le mouvement, puisque l’état complexifie le permis au fil du temps, avec allongement de la durée de l’examen, du nombre des épreuves, des questions de mécanique, alors qu’il est devenu pratiquement impossible de changer une ampoule sans aller au garage, etc… Pourquoi pas bientôt une épreuve sur glace, sur deux roues, ou à une main les yeux bandés ? Et même tendance pour le contrôle technique…
Avec les mesures anti-bagnoles d’Hidalgo -de plus en plus imitées partout par les maires- j’y vois que tout est fait en France pour empêcher les individus de se déplacer individuellement, et ce ne sont pas les danses du ventre devant les écolos qui amélioreront la situation !

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