Voici un livre qui devrait inspirer les candidats. Réformes et création d’emplois n’ont rien d’incompatible. C’est ce que démontre brillamment, chiffres et statistiques à l’appui, Nathalie Droal, chargée d’études à l’IRDEME (Institut de recherche pour la démographie des entreprises) créé par l’infatigable Bernard Zimmern. Que pourraient trouver nos politiques dans ce livre ? Tout d’abord le constat que l’ancien Premier ministre David Cameron a supprimé 800 000 postes de fonctionnaires tout en facilitant l’émergence de 2.5 millions d’emplois privés. En France, sous la présidence de François Hollande le solde est un peu différent : 600 000 chômeurs supplémentaires (et beaucoup plus si l’on tient compte de ceux que le découragement pousse à se désinscrire du chômage, du travail à temps partiel, etc…). Aujourd’hui donc, à population égale, le Royaume-Uni a 6 millions d’emplois privé de plus que la France !
Comment se fait-il que les Britanniques aient réussi là où la France a échoué ? C’est là que M. Macron, qui pense que notre pays est « irréformable » et qu’on ne peut pas s’inspirer des autres modèles étrangers, devrait faire attention. Tout d’abord, contrairement à ce que l’on entend souvent, on manque de vraies start-up en France. Les entreprises à fort potentiel d’emplois manquent dans notre pays. On en crée environ 25 000 par an générant 70 000 emplois, contre 300 000 pour plus de 700 000 emplois au Royaume-Uni. Ces différences s’expliquent, bien entendu, par la complexité du droit du travail en France, les réglementations, la fiscalité, les syndicats, etc… C’est vrai, écrit avec justesse l’auteur, mais d’autres facteurs interviennent. Moins connus mais tout aussi graves. Il s’agit de l’investissement, ou plutôt du non-investissement, dans les jeunes pousses. Les « gazelles » britanniques (entreprises à fort potentiel de croissance et d’emplois) reçoivent 7 Mds d’euros de capitaux privés contre 2 Mds d’euros pour les gazelles françaises. Une entreprise a besoin de capitaux pour se développer et pour créer des emplois. Cela explique donc pourquoi les gazelles françaises créent quatre fois moins d’emplois que les gazelles britanniques. Au Royaume-Uni, les sommes investies par les business angels dans les entreprises s’élèvent à 1.4 Mds d’euros par an contre seulement 40 millions en France. Les business angels britanniques bénéficient d’une incitation fiscale déterminante : ils peuvent déduire jusqu’à 50 % du total des montants investis avec un plafond atteignant 1 million de livres sterling (1.2 millions d’euros) par an.
Redresser l’économie française contribuera à la création d’emplois qui elle-même dopera le redressement. Pour cela, on peut s’inspirer du modèle britannique en favorisant la multiplication des business angels. Il faudra aussi encourager la création des think tanks qui alimentent les pouvoirs publics en études comparatives utiles et proposent des solutions. Le livre de Nathalie Droal est le guide parfait pour combattre le chômage en France. Candidats, lisez-le !