Oui et non, dit Nicolas Lecaussin, en épluchant le rapport publié ce mois-ci par le Bureau du Recensement. Non si l’on regarde le niveau de vie de ces pauvres, qui passeraient pour riches en France. Oui, si l’on considère le recul social que connaissent les Etats-Unis après avoir dépensé 17.000 milliards pour la « guerre contre la pauvreté ». Vive l’Etat Providence !
Les dernières statistiques (septembre 2011) du Census Bureau, (l’organisme officiel aux Etats-Unis), ont été largement relayées par la presse française. Elles montrent une aggravation importante depuis 2008 du taux officiel de pauvreté (un ménage qui gagne moins de 22.314 dollars par an). Ce taux est de 15.1 % en 2010 alors qu’il était de 14.3 % en 2009 et de 12.5 % en 2007. C’est la plus importante hausse depuis les années 1980. Parallèlement, le nombre d’Américains sans assurance maladie a augmenté aussi, passant de 48. 9 Millions de personnes à 49.9 millions. Soit dit en passant, ces données montrent que les centaines de milliards de dollars dépensés en programmes de relance ne peuvent pas faire de miracle, car le chômage (surtout de longue durée) ne cesse de croître aux Etats-Unis – et dans la plupart des pays ayant suivi les mêmes préceptes keynésiens, comme la France.
Les chiffres du Census sont très inquiétants car il signifieraient que 43.5 millions de personnes seraient pauvres : un Américain sur 7 !
Mais qu’est ce qu’un pauvre aux Etats-Unis ? Applique-t-on les mêmes critères qu’en France ou en Europe ? Lorsqu’on parle de pauvres américains on s’imagine des SDF qu’on rencontrerait à tous les coins de rue. Il n’en est rien. Le même Institut de statistiques avait montré en 2005 que le pauvre « moyen » aux Etats-Unis vivait dans une maison ou un appartement avec air conditionné et TV couleur par satellite. La famille moyenne « pauvre » détenait une voiture et un tiers de ces familles détenaient même deux voitures. Le foyer est aussi équipé d’un réfrigérateur et d’un four micro-ondes.
D’après des statistiques réalisées par la Heritage Foundation à partir des chiffres officiels, un pauvre américain sur 7 détient un ordinateur portable, 43 % ont une connexion Internet et les 2/3 ont un lecteur DVD.
Concernant les SDF, en réalité, seulement 4 % des pauvres sont sans domicile fixe et cela de manière temporaire. Moins de 10 % des pauvres vivent dans des mobile-homes et 42 % logent dans des maisons. En moyenne, le pauvre américain bénéficie de plus d’espace que les Français ou les Anglais qui n’entrent pas dans la catégorie des pauvres.
Bien entendu, il ne s’agit pas de nier une aggravation de la pauvreté mais, comme on vient de le voir, la réalité n’est pas si sombre que le suggèrent les commentaires habituels sur « l’échec social de la patrie du capitalisme ».
A y voir de plus près, le capitalisme n’a pas grand-chose à voir dans les situations précaires que connaissent certains Américains. Il est important de rappeler les vraies causes de la pauvreté : les divorces (la plupart des pauvres sont des femmes seules avec enfants à charge) et le chômage. Ensuite, il faut se poser la question (valable aussi pour la France) sur l’efficacité de l’Etat Providence dans la « lutte contre la pauvreté ». A quoi ont servi les 17.000 milliards de dollars dépensés par le gouvernement américain depuis que le président Johnson avait lancé le programme « War on Poverty » en janvier 1964 ?
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tout est relatif
Possédez une TV couleur, un réfrigérateur et un four micro-ondes, voir un lecteur DVD ou un ordinateur portable n’est pas choquant en soi. Par contre, détenir deux voitures et des abonnements par satellite l’est davantage.
Votre article me fait penser à une émission sur des américains qui avaient perdu leur maison à cause de la crise des Subprimes ,et qui erraient de camping en camping au volant de leur énorme 4×4 tractant une caravane à soufflet !!!