Propagande et désinformation écologistes : quand France Inter et Dominique Méda chantent les louanges du Rapport sur les limites à la croissance

Le service public n’est pas ressorti grandi de l’émission sur le « Capitalisme, une histoire de la Terre : la fabrique des consommateurs ».

Quand France Inter parle du capitalisme, on peut être inquiet. Effectivement, nous n’avons pas été déçus à l’écoute de l’émission « La Terre au carré » de l’animateur-militant Mathieu Vidard qui, le 21 avril, après les très modérés Hervé Kempf et Monique Pinçon-Charlot entre autres, recevait la sociologue très à gauche Dominique Méda, preuve de l’éclectisme et de l’ouverture d’esprit du service public. Plus encore, nous en sommes venus à nous demander si nous ne rêvions pas au regard de la propagande éhontée sur le rapport Meadows de 1972.

Rappelons tout d’abord (ce que n’a pas fait sérieusement l’émission, si bien qu’un auditeur non informé ne pouvait comprendre précisément ce dont il s’agissait, mais peut-être était-ce voulu) que le Club de Rome, une association internationale, avait demandé au groupe d’étude de dynamique des systèmes du MIT en août 1970 d’entreprendre l’étude des tendances de facteurs qui « déréglaient » la planète et de leurs interactions (nous renvoyons à notre ouvrage La Famine menace-t-elle l’humanité ?, Jean-Claude Lattès, 2010, pages 38 et suivantes). Ce groupe rendit un rapport, largement commenté, sur les limites à la croissance qui entendait prouver, de manière malthusienne, que l’humanité ne pouvait pas continuer à proliférer et à aspirer au développement matériel.

Voici une synthèse de l’émission de France Inter.

• Dominique Méda : Il y a prise de conscience. C’est un programme de bifurcation écologique dont on pourrait s’emparer aujourd’hui. Ce qui est passionnant, c’est l’idée de limites. Il y a des impacts sur la Terre, sur les ressources renouvelables. Tout est là en quelque sorte. Ils montrent le plus objectivement possible (sic) ce qu’il risque de se passer si on continue à utiliser de manière folle les ressources renouvelables. Ils disent en gros qu’il risque d’y avoir des famines, des pollutions extrêmes.

• Mathieu Vidard : Quand on regarde les choses a posteriori, on a quasiment perdu 50 ans.
• Dominique Méda : Ils rentrent vraiment dans les détails : il va falloir, disent-ils, une planification européenne et nationale ; il faut une croissance zéro et même négative ; il faut baisser notre consommation matérielle, mais il faut augmenter notre consommation immatérielle. C’est des loisirs, des équipements collectifs, de la prévoyance sociale, des services publics, c’est génial.
• Mathieu Vidard : C’est le vivre-ensemble au fond aussi.
• Dominique Méda : Oui. Au lieu que chacun ait sa petite piscine, on va ouvrir des piscines municipales, et voilà comment on va faire décroître notre consommation matérialiste, individuelle.
• Mathieu Vidard : Tout est écrit. Pour ceux qui manqueraient d’idées aujourd’hui, il suffit de lire le rapport Meadows, il y a tout.
• Dominique Méda : Le marché autorégulateur, et plus tard le marché non limité en quelque sorte, ça amène à des catastrophes, tant environnementales que sociales bien sûr.
• Mathieu Vidard : Pourtant, on est toujours dans le même modèle productiviste.
• Dominique Méda : C’est difficile d’expliquer aux personnes pourquoi on ne va pas continuer à améliorer leur niveau de vie. Il faut montrer aux gens pourquoi ce sera mieux après.
• Dominique Méda (sur questions des auditeurs) : Il y a un rôle central de l’État dans l’orientation de la production, écologique et sociale, vers la satisfaction des besoins essentiels. Il y a une planification nécessaire. L’individualisme est devenu de l’égoïsme, le capitalisme met en avant les pires valeurs ? Oui, je serais assez d’accord pour dire ça.

Les auditeurs de France Inter n’ont pas été informés non plus du fait que le rapport de 1972 était tellement truffé d’erreurs que ses rédacteurs durent revenir sur leurs conclusions quatre années plus tard, mais dans l’indifférence médiatique cette fois. Les prévisions initiales étaient effectivement catastrophistes et risibles : le chiffre de la population devait être multiplié par 4 en 60 ans ; le manque de terres cultivables se ferait désespérément sentir avant l’An 2000 ; une pénurie brutale pourrait frapper la population dans les 30 ans à venir ; l’expansion économique s’arrêterait au plus tard au cours du XXIe siècle !