Le 22 février dernier, le journal L’Opinion publiait une interview du président du Rassemblement National Jordan Bardella, dans laquelle ce dernier expliquait « qu’il n’y aura pas d’issue à ce conflit sans le retrait des troupes russes et sans le retour à une souveraineté pleine et entière de l’Ukraine dans les territoires aujourd’hui occupés par la Russie. ». S’il estime qu’il faut tout mettre en œuvre pour arriver à la paix, la « discussion ne sera pas possible […] sans que la Russie ne comprenne qu’elle n’a plus rien à gagner en Ukraine. »
Bien qu’il estime que l’envoi « d’avions, de chars d’assaut et plus largement de missiles longue portée » à l’Ukraine serait une erreur, il se dit « favorable à l’envoi de tout ce qui peut permettre à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et de protéger ses frontières », c’est-à-dire du « matériel défensif » que « sont des munitions, des systèmes de défense anti-aériens, du matériel anti-char, des véhicules blindés d’infanterie. » Si pour lui l’Europe ne doit pas se précipiter dans la guerre – ce en quoi il reprend les arguments de nombreux poutinistes -, il n’en juge pas moins « qu’être patriote et souverainiste, c’est être, en réalité, attaché à la défense de l’intégralité territoriale de l’Ukraine. On ne peut pas être patriote et souverainiste et être insensible à la violation de la souveraineté d’un Etat européen. »
Voilà un discours, bien qu’en demi-teinte, qui tranche avec celui que tenait le Rassemblement National depuis le début de la guerre. Jordan Bardella est ainsi le premier responsable du RN à s’en prendre ouvertement à Vladimir Poutine. Ce qui n’est pas du goût de Marine Le Pen, qui dans une lettre aux Français, dénonce vivement « l’irresponsabilité » des dirigeants occidentaux, critique les sanctions économiques contre la Russie et estime que les Ukrainiens doivent accepter des concessions territoriales, dont l’annexion de la Crimée et celle du Donbass. Pas vraiment la position adoptée récemment par M. Bardella.
Si le mea-culpa du n°1 du RN est réellement sincère, ce dont il est permis de douter, on n’en trouve guère d’écho au sein des instances du parti lepéniste. N’oublions pas que celui-ci avait notamment contracté des emprunts auprès de banques russes et qu’il se trouve parmi ses cadres de nombreux soutiens affichés du régime russe. N’oublions pas non plus que 17 des 18 députés européens du RN ont voté contre une résolution qui reconnaissait officiellement la Russie comme un « État promoteur du terrorisme », dont M. Bardella…
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et qu’attend Jean-Noël Le Graët pour se prononcer sur le sujet ?