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La fin de l’empire russe ? Quelles conséquences ?

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Ce sont les questions, très pertinentes, que se pose Walter Russell Mead, renommé professeur de politique internationale et chroniqueur du Wall Street Journal. Alors que l’issue de l’invasion russe en Ukraine est encore incertaine, le pire scénario pour Poutine serait que la guerre se termine par une défaite militaire complète, avec l’effondrement des enclaves pro-russes dans le Donbass et l’intégration de l’Ukraine à l’Occident. Cela dépasserait même une (très) probable chute de Poutine, selon Mead, et entraînerait un choc psychologique et stratégique pour la Russie. Le cours de l’histoire russe changerait.

Car, sous les Romanov, sous les communistes et sous Poutine, la pensée politique russe a été façonnée par trois croyances : que la Russie est différente, que la différence est d’une importance transcendante et qu’elle donne à la Russie un rôle unique dans l’histoire du monde. Une défaite en Ukraine saperait radicalement la confiance dans ces idées, plongeant la Russie dans une crise d’identité aux conséquences politiques imprévisibles. Les tsars, les commissaires du peuple et les poutinistes considèrent tous la Russie comme unique et engagée dans une lutte contre l’Occident.

Pour les tsars, Moscou était la « troisième Rome » qui porterait le flambeau du christianisme et de la civilisation après la chute de la première Rome face aux envahisseurs barbares et la chute de la deuxième Rome (Constantinople) face aux Turcs. Pour les communistes, Moscou était la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale, destinée à anéantir la culture bourgeoise décadente de l’Occident. M. Poutine et ses acolytes voient le monde en des termes similaires, avec la Russie engagée dans une guerre de survie contre la décadence occidentale, l’absence d’âme et la cupidité débridée.

Avec l’Ukraine sous sa coupe, Moscou se considère comme la plus grande puissance d’Europe. Sans l’Ukraine, le rêve que la Russie puisse reconquérir le statut de superpuissance de l’Union soviétique mourra amèrement. Pire, peut-être, du point de vue des théoriciens « eurasiens » et des nationalistes russes radicaux, une victoire de l’Ukraine orthodoxe, slave et démocratique sur la Russie despotique ne remettrait pas seulement en cause la légitimité personnelle de M. Poutine. Cela remettrait en question l’idée de l’exception russe et saperait fatalement l’idée que le despotisme est la forme de gouvernance la mieux adaptée à l’âme russe.

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7 commentaires

JG Malliarakis 20 avril 2022 - 4:33

Très bel article d’espoir dont on pourrait souligner chaque mot. Pour l’instant, seulement, il est écrit au conditionnel. Il repose sur l’héroïsme des combattants ukrainiens.

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maxens 20 avril 2022 - 6:23

encore faut il, même si cela est souhaitable pour le respect du droit et des frontières internationales, la défaite de l’envahisseur russe

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Obeguyx 20 avril 2022 - 10:02

Si ma tante en avait. Ah, c’est vrai, c’est politiquement incorrect, n’empêche qu’ … on ne peut qu’être d’accord avec ce souhait.

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en fait 20 avril 2022 - 12:28

juste un point de vue,
Le W.S.J. développe le plus souvent la logique  » flux » des Anglo-Saxons ( compte de résultats ). Pourtant, la méthode Sophocle intégrant les logiques « stocks » ( Bilan) et flux; arrive par d’autres chemins à la même conclusion. ( déjà évoquée sur ce site au début de la guerre avec l’Ukraine, en prenant l’exemple Koweit vs Iraq ).
En effet, pour cette optique la première Rome est morte en avril 313, la deuxième le 12 04 1204, la troisième le 06 04 1917. En ce moment, déjà évoqué aussi, ici, les oligarques et le 1 % Top Russe possèdent en Offshore et sur  » place  » de l’ordre de Trois fois leur P.I.B. annuel. Sans oublier que le taux de fécondité est de 1.58 vs 2.1 pour – juste – maintenir la population du pays le plus grand du monde.
L’ analyse des évolutions, transformations et espaces entre les diverses valeurs ajoutées, incite à prendre le grand risque d’être plutôt d’accord avec le W.S.J.
Bien entendu selon l’expression ancestrale seul Dieu le sait. .. ….,

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Nicolas Lecaussin 20 avril 2022 - 1:01

Risquer et espérer…

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Picot 20 avril 2022 - 12:56

N’allez pas trop vite Mr Lecaussin. Tout ce que vous évoquez ne sont que des hypothèses. Une fois qu’une guerre est commencée nul ne sait ce qui va se passer. Quant à attendre une défaite de la Russie en Ukraine c’est, pour l’instant, mal parti.

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Nicolas Lecaussin 20 avril 2022 - 1:00

Ce sont des hypothèses, en effet.. La première bataille a été gagnée (à Kyev), maintenant, il faut gagner la guerre !

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