C’était en décembre 1957, lorsque Guy Mollet avait prononcé cette fameuse phrase : « La droite française est la plus bête du monde ». Soixante-sept ans après, les actuels représentants de la droite française se débrouillent si bien qu’elle est toujours valable! Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le président des républicains, Eric Ciotti, soutient que, pour résoudre la crise avec les agriculteurs, il faut « mettre fin aux accords de libre-échange », « sanctionner fortement les distributeurs » et « instaurer pour les agriculteurs un revenu minimum de 1 500 euros par mois ».
« Je suis hostile aux accords de libre-échange » a affirmé  sur CNEWS F.X. Bellamy, député européen et tête de liste LR aux prochaines élections européennes. Difficile d’imaginer qu’aucune de de ces deux personnalités politiques de droite n’est au courant de l’importance des exportations pour le secteur agricole. Selon les derniers chiffres (voir aussi le tableau plus bas), elles se sont montées à  83.2 Mds d’euros en 2022 (+19.3 % par rapport à 2021). La France est le sixième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Le secteur est même excédentaire (9.4 Mds d’euros) et l’Union européenne (l’un des boucs émissaires) représente plus de 50 % des exportations. Ni M. Ciotti, ni M. Bellamy ne semblent réaliser que mettre fin au libre-échange signifierait mettre fin du même coup à nos exportations. Or, de nombreux secteurs en dépendent complètement. En ce qui concerne les céréales, la France exporte la grande partie de ses grains transformés en produits céréaliers comme le malt, la semoule de blé dur et de maïs, l’amidon et la farine. Elle est d’ailleurs le premier exportateur mondial de malt : 80% de sa production part hors de chez nous. Ainsi que 75% de sa production amidonnière. Tout comme plus de 95 % de la production de vins et spiritueux, par exemple le cognac.
Eric Ciotti ne semble pas savoir non plus que, selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges, les marges nettes de la grande distribution sont en moyenne de 1,6%. Les consommateurs sont libres d’acheter ce qu’ils veulent à partir du moment où ils ont la possibilité de choisir. S’ils préfèrent les grandes surfaces c’est qu’ils y trouvent leur bonheur. Enfin, imposer un revenu minimum aux agriculteurs c’est en faire au mieux des fonctionnaires, au pire, des assistés. Or, comme l’a très bien dit dans un tweet David Lisnard qui sauve l’honneur de la droite, « Il est sidérant que presque personne ne considère les agriculteurs comme ce qu’ils sont et doivent être : des entrepreneurs. Et qu’avant tout ils doivent être libérés des contraintes, charges et distorsions de concurrence qui les empêchent de produire, vendre, faire leur marge. »
18 commentaires
Je suis d’accord avec l’ensemble de votre analyse, à deux remarques près :
– lorsque l’on évoque nos exportations de produits agricoles et agro-alimentaires, on détourne la réalité du débat. Car, si l’on exclue les vins et spiritueux, qui sont des produits viti/viticoles, le solde devient négatif.
– FXB n’est pas contre le libre-échange. Il dit qu’il doit ne pas être anarchique. Notamment sur l’adéquation des normes phyto-sanitaires et la prise en compte de l’empreinte carbone. Dire que FXB s’oppose au libre-échange, c’est prendre 3 mots en les sortant du contexte de son intervention.
Bien cordialement.
Benoît Desaulle – Contribution Citoyenne
Bonjour, FXB aurait dû dire qu’il était contre l’excès de normes, pas contre le libre-échange… D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il dit ça…
Par la voix de certains, Guy Mollet ne serait-il pas toujours vivant ?
Christian B.
Oui je pense que lorsque FX Bellamy dit qu’il est hostile aux accords de libre échange, il fait comprendre que son désaccord porte sur les conditions désastreuses de ces accords qui ne respectent pas les normes des produits qui
nous sont fournis.
Ce point est fondamental car tous les politiques de gauche et du centre du reste disent qu’ils s’opposent au ‘libre échange » considéré comme la base du libéralisme voire de ‘l’ultralibéralisme », comme ils aiment à dire.
I
Monsieur Lecaussin devrait de préférence leur rappeler qu’ importer en France des produits qui ne respectent en rien les normes européeennes et encore moins françaises ce n’est pas du »libéralisme  » c’est du dévoiement du libéralisme.
Ce serait plus utile que d’extraire les mots de FX.B d’une phrase en lui faisant dire une chose qu’il n’a pas dit.
Merci monsieur Lecaussin de le reconnaître.
Essentielliste
Non. FX Bellamy aurait dû dire qu’il faut garder le libre-échange mais qu’on doit arrêter l’excès de normes et l’écologisme punitif. C’est ce que disent les agriculteurs.
Tour à fait d’accord sur le fonds. Cependant je n’ai pas eu la même compréhension que vous concernant M Belami. Il a nuancé sa position en précisant qu’il fallait que le pays exportateur respecte les normes européennes. Personnellement j’y rajouterai une taxe carbone.
Ce n’est pas aux autres pays de respecter des normes contraignantes et pénalisantes. C’est à nous de les changer.
Bonjour monsieur Lecaussin
Quand les nappes phréatiques sont polluées: notre dernier relevé de l’eau potable du robinet indique 1.33x le taux de pesticides autorisés en Alsace, ce n’était jamais arrivé auparavant, la nappe la moins polluée de France, Nestlé épinglé pour avoir « bricolé » son eau à cause de pesticides, on peut se dire, que les normes servent aussi à quelque chose. La protection de la santé de tous.
PhB
les normes à minima, oui, mais pas l’excès de normes !
Si les puissants industriels respectaient déjà les normes de base (à minima comme vous dites), il n’y aurait pas besoin d’en rajouter des couches: spécialité française d’un pays « latin » dont les habitants, qui par principe n’accepte pas un minimum d’autorité qui elle est indispensable au bon fonctionnement harmonieux de toute société.
Voir du côté des pays scandinaves et de la Suisse.
PhB
Les puissants industriels croulent sous les normes, les réglementations et les taxes et impôts…
Les puissants industriels croulent sous les normes, les réglementations et les taxes et impôts…
Effectivement mais ça ne les empêchent pas d’être les premiers bénéficiaires de la crise.
Pour INFO mon PEA en mandat de gestion a pris 19,8% en 2023, et ceci grâce à ces derniers*. Alors il faut chercher l’erreur.
Tous ces « nababs » du fric se portent très bien et savent tout faire pour contourner les lois.
Je vous conseille de regarder le dernier Envoyé Spécial: du 01 février
https://www.france.tv/france-2/envoye-special/5678130-emission-du-jeudi-1-fevrier-2024.html.
*Je fais partie des 5% de ceux du haut par mon patrimoine et 10% par mes revenus quand j’étais en activité, bref un nanti mais « petit joueur ». Je n’ai pas besoin de « compter » (mais j’ai connu cinq ans de galère quand j’étais étudiant). Je me contente de ce que j’ai.
Il y a quand même un PROBLEME. Ceux du haut s’enrichissent toujours plus et le fossé du bas s’agrandit, touchant la classe moyenne**
Tout ceci fait le lit des Extrêmes.
** Quand elle en aura marre de payer pour ceux tout en haut et ceux d’en bas, ça va très mal finir.
On ne l’aura pas volé!
Petit actionnaire, je n’ai jamais demandé à mon gestionnaire de faire tant de profit, mais il touche 2% de commission sur le résultat.
Le fric n’est pas une fin en soi mais juste un Outils.
PhB
FX Bellamy n’est pas contre le libre échange mais il estime à JUSTE TITRE que, pour autant que les normes spécifiques à la France sont justifiées, ‘il n’est pas normal de laisser entrer chez nous des produits ne correspondant pas aux critères imposés à nos agriculteurs par ce que j’appellerais le gouvernement « le plus bête du monde » pour utiliser le même vocabulaire ! Ce n’est pas la même chose.
Si le solde de notre balance commerciale en produits agricoles est encore positif (pour combien de temps ?), c’est grâce à des produits dont certains peuvent être qualifiés de luxe « champagne, cognac ». A force de crouler sous les normes et interdits propres à la France d’autres secteurs disparaissent progressivement en faveur de producteurs étrangers. La production de sucre, de volailles, de viande ovine et porcine en sont quelques exemples.
Après avoir assisté à la destruction de notre industrie, au fil des « ruptures de stock » dans les pharmacies, nous apprenons que bon nombre de médicaments sont fabriqués à l’étranger. Curieusement, le « principe de précaution » qui permet tous les excès d’une administration toute puissante ne semble plus d’actualité lorsqu’il s’agit de ce que les Français mettent dans leur assiette.
Même si elle n’est pas parfaite, l’Europe a bon dos. Il suffit de comparer les textes des règlements appliqués au sein de l’Europe avec ceux toujours plus contraignants imposés à notre pays pour comprendre la grogne des Français qui ne supportent plus cet excès de normes et de règlements.
Ce ne sont pas les échanges qui sont fondamentalement en cause mais l’imprévoyance de certains gouvernements et l’excès de « normes à la Française ».
Les tarifs de l’électricité et le financement de la voiture électrique sont à ce titre un bel exemple d’imprévoyance dont les conséquences apparaîtront tôt ou tard.
Alors il faut s’en prendre aux normes pas au libre-échange !
Certes mais si on regarde les choses d’un point de vue pratique et non dogmatique, les normes étant ce qu’elles sont (et sans doute avec des raisons de santé fondées) il faut bien réguler intelligemment le libre-échange.
mais il faut réguler les normes, pas le libre-échange ! Le libre-échange doit respecter les contrats
Le problème, jamais évoqué par les politiques et les commentateurs, de notre agriculture, c’est comme pour tous les secteurs marchands en France le poids excessif des charges et des taxes servant à financer des improductifs: fonctionnaires surnuméraires, assistés oisifs, migrants à loger, nourrir et soigner. Tous ces prélèvements renchérissent le coût de production des denrées agricoles ce qui empêche nos agriculteurs d’être compétitifs et de vivre de leur travail. Ils sont hors jeu vis à vis des pays hors UE mais aussi vis à vis des nos partenaires européens Espagne, Portugal, Italie, Allemagne et Pays-Bas). Sans révolution visant à mettre fin aux dépenses improductives on ne s’en sortira jamais. Manque à l’appel des hommes politiques responsables, avisés et courageux.
Bien d’accord mais on sait tous que les Politiques ne font que des bavardages. Ne peut on pas ajouter que le « libre-échange » devrait se faire à conditions égales, cad que les pays qui ne respectent pas les normes imposées aux agriculteurs français ne devraient pas pouvoir entrer en France, comme pour tous les autres produits. Egalement pourquoi l’Europe signe MERCOSUR qui se fait avec un pays qui ne nous achète rien et va nous vendre des produits ne respectant pas les normes. Du coup OUI la France exporte mais pas dans les mêmes pays ni les mêmes produits.