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L’Europe doit se redresser !

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Le président français Emmanuel Macron et le ministre des Finances allemand Olaf Scholz en appellent à une Europe forte. Par défiance envers Washington ?

Après deux guerres mondiales, qui furent aussi deux guerres civiles européennes, le continent n’était plus que cendres et divisions. L’Europe centrale vivait sous la férule soviétique derrière le rideau de fer tandis que l’Europe de l’ouest se remettait debout sous la protection des Etats-Unis. La France et le Royaume-Uni appartenaient officiellement au camp des vainqueurs, mais avaient perdu leur prééminence d’acteurs mondiaux et verraient se dissoudre leurs empires coloniaux dans les vingt années suivantes.

Alors survint un miracle européen, rendu possible par le rapprochement et l’amitié nouvelle forgés entre la France et l’Allemagne. Ce qui conduisit au processus d’intégration européenne et à la Communauté économique européenne (CEE). Le marché unique qui en résulta fut un énorme succès ; l’Europe émergea alors en tant que puissance économique mondiale avec laquelle il fallait compter. Après l’effondrement de l’empire soviétique, l’Union européenne se renforça encore par l’adjonction de nouveaux membres de la zone de la Baltique, de l’Europe centrale et de l’Europe de l’est.

Durant ces trente dernières années cependant, globalement, le centre de gravité économique a commencé à glisser de l’Atlantique nord vers le Pacifique. Les pays européens jouissent encore d’un leadership technologique dans nombre de secteurs, mais leurs économies sont quelque peu handicapées par un excès de réglementation et de mesures protectionnistes (introduites la plupart du temps sous prétexte de protéger les consommateurs et de lisser les compétitions internes au travers d’une « harmonisation »), et par l’obésité des Etats providence.

En Europe, la taille démesurée des bureaucraties et la vertigineuse dette souveraine menacent d’étrangler l’économie de marché, de mettre à mal la prospérité, de saper les droits de propriété et finalement de provoquer la faillite de systèmes de protection insoutenables.

Et non seulement les puissances européennes mettent en péril leur propre sécurité financière, mais elles négligent aussi la Défense – un peu par arrogance. Elles ont oublié que la force militaire peut s’avérer primordiale dans la compétition mondiale. Résultat, l’Europe est restée en matière de sécurité un protectorat américain, et, au mieux, un associé minoritaire des USA.

Il faut un partenariat étroit avec les Etats-Unis

Pour rester compétitive sur le plan international, l’Europe – bien que, géographiquement, appartenant à l’Eurasie – a besoin d’un partenariat étroit avec les USA. Une Europe solide, prospère, fiable et sûre d’elle-même serait un atout appréciable des deux côtés de l’Atlantique nord. En stabilisant son champ d’action géopolitique, elle serait aussi en bien meilleure position pour améliorer ses relations avec l’Est, particulièrement avec la Russie.

Il fallait quelqu’un comme le président Donald Trump et sa « diplomatie directe » pour battre le rappel des troupes endormies. Récemment, le président français Emmanuel Macron, le ministre des Finances allemand Olaf Scholz et le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas ont affirmé que l’Europe devait être plus forte. Malheureusement, on décelait dans ces vagues déclarations plus de défiance envers Washington que d’intention véritable. On aurait aimé des précisions.

Il est à peu près évident que les industries européennes de la défense doivent coopérer plus étroitement pour pouvoir faire des économies d’échelle. Le président Macron souhaite une indépendance accrue dans ce domaine et M. Scholz plaide en faveur des fusions pour augmenter l’efficacité de la production et de l’approvisionnement : tout cela a du sens. On espère seulement que la mise en œuvre suivra, en gardant à l’esprit que ce sont les gouvernements qui ont fait échouer la fusion prévue entre Airbus et BAE Systems il y a seulement quelques années.

Heiko Maas encourage le développement d’un système européen de compensation financière indépendant du SWIFT. La concurrence dans ce secteur serait certainement bénéfique. La faille, c’est que la motivation première de M. Maas n’est pas d’accroître l’efficacité économique, mais de se libérer des Etats-Unis.

Il est tout à fait compréhensible que les responsables politiques européens rechignent à l’idée que leur continent reste à la traîne des Etats-Unis et de la Chine en matière de technologie digitale et d’intelligence artificielle. Mais rajouter des plans aux plans n’est pas la solution. Il faut juste laisser faire les forces du marché. L’excès de régulation, voilà le vrai frein en Europe.

Nous serions vraiment heureux que Berlin et Paris parviennent à faire avancer les intérêts européens. Mais si ça n’est qu’un attelage défensif contre les USA, s’il fait du sur-place au lieu d’exploiter tout ce qui fait l’identité et la force de l’Europe, ses principes de diversité, de subsidiarité et de concurrence régionales-, alors ce sera un désastre.

Michael von Liechtenstein
Cet article a été initialement publié en anglais sur le site du GIS.

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2 commentaires

Astérix 22 septembre 2018 - 10:40 am

A quand l'explosion ?
Plus vite l'Europe actuelle éclatera, mieux nous nous porterons !

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Dominogris 23 septembre 2018 - 6:26 pm

Le redressement de l'Europe est-il possible?
Les Etats-Unis ne veulent pas d'une Europe puissante, et l'UE a été un moyen pour eux de la vassaliser politiquement et économiquement. Quant au plan militaire, c'est l'OTAN qui s'en charge. Avec comme priorité, de tout faire pour empêcher un rapprochement avec la Russie. L'hégémonie américaine, ce n'est pas nouveau…

«La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. […] Il ne faut pas se laisser faire, il ne faut pas se laisser impressionner.»
«En fait je suis le dernier des grands présidents. Enfin, je veux dire le dernier dans la lignée de De Gaulle. Après moi, il n'y en aura plus d'autres en France… À cause de l'Europe… À cause de la mondialisation… À cause de l'évolution nécessaire des institutions… Dans le futur, ce régime pourra toujours s'appeler la Vème République… Mais rien ne serra pareil. Le président deviendra une sorte de super-Premier ministre, il sera fragile.» (extrait du testament politique du Président François Mitterrand dans le livre de G-M. Benamou)

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