« Ce livre est concis, serré et ramassé », nous avertit l’auteur. Oui, c’est vrai. Mais quelle effusion d’idées et quelle richesse dans les références bibliographiques ! Le professeur émérite Serge Schweitzer sait de quoi il parle. Même s’il a la chance d’enseigner à Aix-Marseille Université, qui est une sorte de village d’Astérix pour les enseignants libéraux, il a eu maintes fois l’occasion d’être pris pour cible par les ennemis du libéralisme. Son essai décortique les raisons de ce rejet des idées libérales, qui apparaît de prime abord comme incompréhensible. Comment s’opposer à la liberté et à l’épanouissement de l’individu, à la démocratie et à tout ce qui crée des richesses ? Dans le meilleur des cas, le libéralisme est toléré, mais la plupart du temps il est vilipendé. Par la majorité des politiques, des journalistes ainsi que dans le milieu scolaire et universitaire. « Le libéralisme est victime de procès si ineptes, infondés, injustifiés, partiaux, lacunaires que la plume légitimement s’en ressent », écrit l’auteur. Pourquoi ? D’abord parce que, depuis la controverse Napoléon-Jean-Baptiste Say, les économistes libéraux, à l’exception de quelques cas significatifs, furent statutairement et institutionnellement écartés de l’Université française. Ceux qui peuvent montrer, sans avoir recours à aucune spéculation vaseuse sur un avenir radieux, que l’économie libérale est la seule qui enrichisse l’humanité, ont été marginalisés. On leur a préféré – et les grands médias n’ont pas été en reste – ceux qui « font semblant de prédire demain » et qui ont des réponses à tout. A l’école et à l’université, on a formé des générations d’élèves et d’étudiants qui ont appris à se méfier du marché et de la concurrence.
Le libéralisme c’est l’incertitude car, contrairement au socialisme, il ne promet pas le paradis sur terre. Ce qu’il dit, c’est que seuls les individus et le marché sont capables de faire fonctionner une économie, à condition qu’on ne leur mette pas des bâtons dans les roues (taxes, impôts, réglementations excessives…). A ce propos, Serge Schweitzer a une formule remarquable : « Le libéralisme n’est pas un bon placement pour un opportuniste ». La plupart des intellectuels adorent occuper le devant de la scène et être religieusement écoutés. Ce n’est pas en exposant des idées libérales anxiogènes qu’ils susciteront les applaudissements. L’Etat-providence, au moins, ça protège et ça rassure : ils ont tout intérêt à le défendre.
Délicieuses sont les pages consacrées aux différences entre un libéral et un socialiste. « La générosité étant l’ornement central du reliquaire du socialiste, on comprend que sous ce vocable, ou un autre, il aura toujours des adeptes ». Or, le libéral, lui, « pratique, autant que faire se peut, l’exercice de la raison ». Lorsqu’il se trompe, il le reconnaît. Ce qui pour un socialiste est chose impossible : son discours est fait de promesses. On n’évalue pas l’avenir, seulement le présent. Le libéral est l’ennemi du slogan, alors que le socialiste ne peut survivre sans un catéchisme idéologique.
Erudit, drôle, facile à lire, cet essai montre aux anti-libéraux pourquoi ils se trompent – ou du moins s’y efforce, car les idéologues sont sourds par nature – et donne aux libéraux des arguments pour défendre leurs idées. Car le libéralisme est « une doctrine qui demande un effort intellectuel, un esprit ouvert et surtout sans tabous, sans préjugés, sans idées toutes faites […] Le libéralisme est autant un style qu’une philosophie politique et économique ».
2 commentaires
Rupture de stock…
Très bon article. Le libéral prend tous les risques pour créer des richesses qui profitent à tout le monde, le socialiste ne génère que des dépenses et des coûts; il ignore la rentabilité et dépense l’argent des autres !
Mais le français est content de cette situation ! il ne se rend pas compte qu’il vivrait bien mieux sous un vrai régime libéral !
A titre d’exemple, si l’on considère les Agences de l’Etat, Multiformes, tumorales, les agences de l’État forment un maquis si touffu que même leur dénombrement et leur coût prêtent à controverse.
Officiellement, l’Etat en compte 1.200 (opérateurs et organismes divers) pour une dépense de plus de 80 milliards d’euros par an, 458.000 agents et une masse salariale a tendance exponentielle (25 milliards en 2012 qui monte à 30 milliards en 2017…).
L’on voit bien que les carottes sont cuites pour l’avenir de la France !